"Trois opérations sont lancées par les Autorités allemandes avec le concours de la police française. Au terme de ces trois grandes rafles menées en mai, en août et en décembre 1941 [...], plus de 8.700 Juifs au total, tous de sexe masculin, dont environ 4/5 de Juifs étrangers et 1/5 de Juifs français, âgés de 18 à 60 ans, se trouvent internés en zone occupée : deux camps du Loiret, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, contiennent les Juifs raflés en mai ; le camp de Drancy, dans la banlieue parisienne, ceux raflés en août et le camp de Compiègne, dans l'Oise, ceux raflés en décembre. Seul ce dernier camp est sous direction allemande ; les trois autres sont dirigés par la police française sous contrôle de l'Administration préfectorale, les internés étant à la disposition des Autorités allemandes qui ont demandé leur internement.
"La première opération intervient le 14 mai 1941. Une semaine après sa nomination, Xavier Vallat, premier Commissaire général aux Questions juives, est informé le 4 avril 1941 de la volonté allemande d'internement de 3.000 à 5.000 Juifs de diverses nationalités, ainsi que de Juifs français considérés comme dangereux ou indésirables du point de vue politique, criminel ou social.
"L'interlocuteur de Vallat est le Dr. Werner Best, chef de l'Administration militaire auprès du Commandant militaire allemand en France, lui-même presse par les Services de Sécurité et la Police de Sûreté, la Sicherheitspolizei et le Sicherheitsdienst (en abréviation la Sipo-S.D.), où l'impulsion était donnée par le chef du Service des Affaires juives de la Gestapo en France, le lieutenant, S.S.-Obersturmführer, Theo Dannecker."
"Les structures des Autorités d'occupation en France correspondent à la notion complexe de collaboration. Pour Pétain, la France doit se résigner à son sort de puissance vaincue, tout en espérant obtenir une place de choix dans la Nouvelle Europe réorganisée après la victoire hitlérienne. La France est à la fois un pays occupé, soumis à la volonté de son vainqueur, et un Etat souverain traitant avec le Reich de gouvernement à gouvernement. et soucieux de mériter sa bienveillance.
"La collaboration sur le plan militaire et sur celui de la politique extérieure s'appuie surtout sur la défense par Vichy de l'Empire français, sur l'octroi de bases aux forces armées allemandes, sur la mise à l'écart du conflit de la Flotte française. Sur le plan économique, cette collaboration est beaucoup plus importante encore : elle se manifeste par l'exploitation des richesses françaises et par la mise à la disposition de l'effort de guerre hitlérien des capacités de production industrielles françaises. Il est opportun, dans ces conditions, pour les Allemands, de maintenir la fiction de la souveraineté d'un Etat français dont le gouvernement assure le fonctionnement normal du pays.
La France est partagée en deux zones, la zone non occupée (Z.N.O.) et la zone occupée (Z.O.). En zone occupée, le pouvoir suprême est confié au Commandant militaire en France (M.B.F.) qui agit par son Administration militaire, dont la politique permanente est d'intervenir par le canal des Autorités françaises. Les ordonnances allemandes du Commandant militaire doivent être appliquées en zone occupée par l'Administration française. Quant aux lois et aux décrets du Gouvernement de Vichy, ils sont valables non seulement pour la zone libre, mais aussi pour la zone occupée, à condition toutefois qu'ils ne contredisent pas les ordonnances allemandes. L'existence du Gouvernement de Vichy, institué pour toute la France à titre de pouvoir souverain, confère aux services officiels français en zone occupée la qualité d'émanations du Gouvernement de l'Etat français, sous l'égide duquel ils travaillent. Les ministères de Vichy ont, en effet, leurs représentants en zone occupée auprès du Commandant militaire allemand. Ainsi, chaque acte des services français en zone occupée est un acte de l'Etat français."
"Les divergences entre l'anti-judaïsme hitlérien et celui de Vichy suscitent parfois des tensions mais, Vichy tenant une place de choix dans l'Europe nouvelle, on aboutit le plus souvent à des accommodements dans lesquels prévaut le point de vue hitlérien. Sur le plan intérieur, l'Etat français s'est en effet très vite associé idéologiquement au Reich dans le champ d'action le plus spécifique de l'hitlérisme, en exprimant une authentique vocation antijuive. Les premières pierres de l'édifice antijuif de Vichy ont été posées dès le 22 juillet 1940 par la création d'une commission pour la révision des naturalisations, puis le 27 août 1940 par l'abrogation du décret-loi du 21 avril 1939 qui empêchait la propagande antisémite dans la presse. La loi portant statut des Juifs a suivi le 3 octobre 1940 : elle exclut les Juifs de la Fonction publique ainsi que des professions libérales et proclame ouvertement la notion de race juive, alors que, jusque là, les ordonnances allemandes, de crainte de heurter l'opinion publique française, ne font référence qu'à la religion juive. Quant à la loi, à la fois antisémite et xénophobe, du 4 octobre 1940, elle livre les Juifs étrangers à l'arbitraire policier en conférant aux Préfets le pouvoir de les interner dans des camps spéciaux.
"Vichy ayant ainsi, sans pression allemande, manifesté son racisme anti-juif, les responsables de la Sipo S.D. et du Commandement militaire allemand ont, dans une conférence consacrée le 30 janvier 1941 à la Question juive, formulé par la bouche de l'adjoint du Délégué de la Sipo S.D. en France, le S.S.-Sturmbannführer Lischka, leur ligne d'action : "Il convient de laisser aux Français le soin de régler la suite, afin d'éviter dans ce domaine la réaction du peuple français contre tout ce qui vient des Allemands. Aussi bien les services allemands s'en tiendront-ils à faire des suggestions."
"Le 28 janvier 1941, le responsable de la Sipo-S.D. en France, Knochen, demandait dans une lettre rédigée par son expert des Questions juives, Dannecker, à l'autorité militaire compétente, c'est à dire à Best, chef de l'Administration militaire, la création en zone occupée de camps d'internements pour Juifs étrangers.
"Pour faire avancer son projet, Dannecker l'a présenté le 28 février 1941 aux responsables de l'Ambassade allemande : Otto Abetz, l'Ambassadeur, Ernst Aschenbach, le chef de la section politique, et Carltheo Zeitschel, l'expert des Questions juives de l'Ambassade au sein de la section politique. Dannecker a affirmé que plus de 40.000 Juifs étrangers étaient internés en zone libre, en application de la loi du 4 octobre 1940, et qu'il fallait convaincre le Commandement militaire allemand de donner à la Sipo S.D. pleins pouvoirs pour agir de même en zone occupée afin d'assurer la sécurité des troupes d'occupation et en se fondant sur cette loi du 4 octobre 1940.
"Dans une lettre du même jour adressée à Zeitschel, Dannecker a souligné qu'il devait être aisé d'obtenir du Gouvernement français la création de tels camps en zone occupée. Celui de Gurs, en zone libre, renfermait à lui seul 20.000 Juifs. En fait, ces chiffres étaient très nettement exagérés.
"Les diplomates allemands qui assument le rôle de conseillers politiques auprès du Commandement militaire ont dû joindre leurs efforts à ceux des policiers de la Sipo S.D. pour convaincre les militaires, puisque, moins d'un mois plus tard, le 27 mars 1941, Best a fait savoir aux Commandants des Régions militaires en zone occupée, ainsi qu'à celui du Grand Paris, que le Gouvernement français allait interner les Juifs étrangers en zone occupée sur la base de la loi du 4 octobre 1940 et qu'il allait instruire les Préfets de la zone occupée de rechercher les possibilités d'internement. Best demande aux destinataires de sa note de soutenir les Préfets pour l'installation de camps. Entre le 28 février et le 27 mars, l'Administration militaire a donc accepté l'action d'internement en zone occupée et a obtenu que cette action soit entreprise par les autorités policières françaises à l'initiative des autorités d'occupation."
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1 | ![]() | Il persiste et signe... de Boisbouvier 24 janv. 2010 11h54 |
2 | ![]() | Oui, la volonté allemande prime sur la volonté de Vichy ! de Jacques Ghémard 24 janv. 2010 14h59 |
2 | ![]() | Un zèle intempestif ! de Francis Deleu 24 janv. 2010 17h13 |
3 | ![]() | Renardise de Boisbouvier 24 janv. 2010 17h59 |
4 | ![]() | Renardise de Boisbouvier et "protection de Léon BEL 24 janv. 2010 21h16 |
5 | ![]() | Un mal pour un bien. de Boisbouvier 25 janv. 2010 07h19 |
6 | ![]() | Mais vous refusez de voir les autres alternatives de Jacques Ghémard 25 janv. 2010 07h54 |
7 | ![]() | et encore celle-ci : de françois delpla 25 janv. 2010 09h34 |
8 | ![]() | interdiction absolue de françois delpla 25 janv. 2010 19h22 |
9 | ![]() | Je suis l'objet de modérations de Boisbouvier 25 janv. 2010 20h59 |
10 | ![]() | Vous vous fichez de la charte ! de Francis Deleu 25 janv. 2010 21h12 |
11 | ![]() | Pourquoi... de Jean 26 janv. 2010 18h34 |
12 | ![]() | Que dire ? de Jacques Ghémard 26 janv. 2010 19h20 |
10 | ![]() | Envoyez lui par mail ! de Jacques Ghémard 25 janv. 2010 21h41 |
10 | ![]() | aveu de faiblesse de françois delpla 26 janv. 2010 09h32 |
11 | ![]() | Censuré de Jacques Ghémard 26 janv. 2010 14h21 |
12 | ![]() | Sérieusement de françois delpla 26 janv. 2010 14h39 |
13 | ![]() | Accordé de Jacques Ghémard 26 janv. 2010 15h03 |
13 | ![]() | Idem : j'attends toujours des réponses à mes questions de Nicolas Bernard 26 janv. 2010 15h31 |
14 | ![]() | Le billet vert de Boisbouvier 26 janv. 2010 22h13 |
15 | ![]() | mesure d'internement d'étrangers sur quel critère ? de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 08h40 |
16 | ![]() | Internés par la 3e République, livrés pas Vichy ! de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 10h47 |
17 | ![]() | Pas "43" de Laurent Laloup 27 janv. 2010 11h12 |
18 | ![]() | Oui, 40, zut ! Rectifie ! de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 11h49 |
17 | ![]() | La suite de l'article de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 11h46 |
16 | ![]() | Internés et affamés ! de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 11h07 |
17 | ![]() | Et les colis sont interdits, les familles sont séparées ... de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 11h31 |
18 | ![]() | Et désespérés ! de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 12h15 |
15 | ![]() | Vous ne répondez pas à mes questions (comme d'habitude) de Nicolas Bernard 27 janv. 2010 09h29 |
16 | ![]() | Qui a gagné ? de Boisbouvier 27 janv. 2010 12h17 |
17 | ![]() | Vous ne répondez pas à mes questions (comme d'habitude) de Nicolas Bernard 27 janv. 2010 13h09 |
17 | ![]() | C'est les Alliés ! de Jacques Ghémard 27 janv. 2010 13h13 |
13 | ![]() | Je n'ai as compris ta question. de Boisbouvier 26 janv. 2010 18h44 |
14 | ![]() | crise de lenteur ou lenteur de crise ? de françois delpla 26 janv. 2010 19h06 |
6 | ![]() | Recyclage d'une manipulation de texte de Nicolas Bernard 25 janv. 2010 09h53 |
7 | ![]() | Hilberg a dit aussi en 1998 de Léon BEL 25 janv. 2010 11h11 |
4 | ![]() | Bobards à répétition de Nicolas Bernard 25 janv. 2010 09h45 |
5 | ![]() | soi-disant fait d'Armes de Michel Auffret 26 janv. 2010 15h43 |
6 | ![]() | Confirmation ! de Francis Deleu 26 janv. 2010 18h38 |
2 | ![]() | Allégations déjà réfutées, ainsi que deux nouvelles apories de l'ex-anonyme de Nicolas Bernard 25 janv. 2010 09h29 |
1 | ![]() | C'est long ! de Jean 24 janv. 2010 15h03 |
2 | ![]() | D'où c'est que ça sort ? de Jacques Ghémard 24 janv. 2010 17h11 |
3 | ![]() | j et b, même combat de Michel Auffret 24 janv. 2010 17h46 |
2 | ![]() | Révélateur ! de Francis Deleu 24 janv. 2010 17h36 |
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contribution.php bidouillé par Jacques Ghémard le 8 9 2010 Hébergé par PHP-Net Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes