Bonjour,
Si Laurent a un peu de temps pour cela, je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de faire la (re)lecture du titre "La guerre a été gagnée en Suisse" en parallèle...Si la sujet de la guerre secrète en pays neutre et de ses conséquences politiques et guerrières sur le déroulement du conflit l'intéressent.
Bien sûr, il date un peu (1966) mais ce n'est pas forcément un handicap car, ayant été rédigé avant la grande vague de contestation qui a touché tous les pays d'Europe - même la Suisse, si si ! - ses auteurs n'étaient pas encore influencés, directement ou non, par l'extrême politisation des sciences humaines à partir de 1968-1970.
La génération d'historiens issus de l'esprit de 1968 a quelques fois forcé le trait lorsqu'ils abordèrent, dans les années 70 et 80, le rôle et l'attitude de la Suisse durant les années noires. Le sentiment de culpabilisation bien réel vécu par la génération à laquelle j'appartiens,en gros les rejetons du baby boom a, je l'avoue, participé à une lecture très radicale des positions et du non-engagement politique et militaire de nos parents et grand-parents. A l'opposé, le processus visant à faire du général Guisan un héros pur à la Guillaume Tell, un mythe intouchable pour les besoins d'un consensus national retrouvé a faussé l'étude des la Confédération Helvétique dans l'Europe en guerre.
Ayant commencé le livre de Pierre Accoce et Pierre Quet, il me paraît être documenté et présenter des éléments très intéressants sur l'action clandestine parfois très dangereuse menée par le brigadier-colonel Masson qui fut doté d'un pouvoir assez exceptionnel dans une démocratie, même en temps de guerre. Sa carrière fut malmenée à la fin du conflit, en partie à cause de ses relations suivies et ses "deals" avec le chef du SD, le redoutable Brigadeführer Schellenberg.
Ce que les deux enquêteurs nous font découvrir c'est le rôle très risqué de protecteur que Masson joua durant la guerre : il refusa de collaborer avec Schellenberg qui cherchait à neutraliser un réseau de résistance et de renseignement dirigé par Rudolf Roessler, un Allemand exilé, depuis la Suisse.
C'est passionnant !
A suivre...
Bien cordialement,
René Claude |