> En revanche, le capitaine Hans Hausamann a aussi excité
> la curiosité et l'intérêt de Jean-Pierre Richardot.
> Officiellement - et on sait que ce terme est important
> en Suisse - lui et son "bureau Ha" dépendaient de Roger
> Masson. Sur le terrain, le hardi Hausamann a bénéficié
> d'une marge de manœuvre proprement inouïe dans l'armé
> suisse. Il fut un électron libre très bien renseigné qui
> monta un réseau d'antinazis influents et parvint même à
> convaincre les chefs du parti socialiste de l'absolue
> nécessité de soutenir les jeunes officiers de l'armée,
> ce qui est en soi une prouesse quand on sait la
> profondeur du sentiment antimilitariste dans la gauche
> helvétique à la fin des années 30 !
> C'est aussi lui qui, grâce aux informations qu'il
> recevait de correspondants dans la Wehrmacht, put
> affirmer aux jeunes capitaines réunis à Lucerne pour
> préparer un plan d'action pour le cas où le Conseil
> fédéral déciderait de s'aligner économiquement et
> politiquement sur le Reich, que l'Allemagne d'Hitler ne
> pourrait pas gagner la guerre.

Ce plan d'action avait été précédé par un véritable projet de coup d'Etat. Je cite Richardot dans un article d'Historia dont je livre la référence plus bas : fin juin 1940, "le gouvernement suisse est sur le point d'être arrêté et jeté en prison par la garnison de la capitale. Le putsch projeté par des proches d'Hans Hausamann - tout particulièrement son ami le capitaine Alfred Ernst - est décommandé au dernier moment pour raison tactique et se transforme en un complot militaire."


> Que son désir de voir le Reich vaincu ait amplifié les
> renseignements reçus est possible; il n'en demeure pas
> moins qu'il sut convaincre ces capitaines déjà révoltés
> par le discours aux accents pétainistes de Pilet-Golaz.

Il n'est pas le seul moteur de leur motivation - je suppose que vous parlez de la réunion secrète du 21 juillet. Car dès le 15, le supérieur de ces officiers, le général Guisan, avait appelé "le peuple et l'armée à la résistance dans une allocution prononcée dans la prairie de Grütli, près de Lucerne", appel qui vaudra des protestations diplomatiques des pays de l'Axe. Ces officiers faisaient partie de son entourage. Ils le connaissaient bien. Et le voilà qui balance carrément un appel aux armes !


> J.-P. Richardot :
> "Hausamann et son équipe sont, par l'intermédiaire du
> bureau Ha et du service D, en contact permanent,
> plusieurs fois par jour, avec les antinazis d'Allemagne,
> et les différents agents qui les informent. Ils
> connaissent les limites de la puissances hitlérienne.
> Pour Hausamann, Lindt et leurs amis (note : du complot
> de Lucerne), toute politesse, toute concession, tout
> discours à la Pilet-Golaz, loin de préserver le pays,
> constitue une menace pour sa sécurité et son
> indépendance, une étape sur un chemin à
> l'"autrichienne", à la "tchèque". Alors que nombre de
> responsables et de simples citoyens, en Suisse et dans
> toute l'Europe, considèrent qu'Hitler a définitivement
> gagné la partie, pour Hausamann et les siens l'Allemagne
> ne fait pas le poids. (...) Hitler sera vaincu."
> (p. 104 - 105)

Il est probable que Guisan l'ait laissé agir à sa guise - d'où la notion, pertinente, d'"électron libre". Ne serait-ce que pour mettre des bâtons dans les roues de son rival Pilet-Golaz.

L'article d'Historia :