Bonsoir,
Hans Hausamann, ainsi que l'a écrit Jean-Pierre Richardot, reste une personnalité qui divise les historiens suisses.
Dans "La Suisse dans les tempêtes du XXe siècle" (Ed. Georg 2001), l'historien militaire et ex-agitateur libertaire devenu brillant polémiste très patriote Jean-Jacques Langendorf écrit :
"Erwin Bucher (note : un professeur d'histoire suisse des XIXe et XXe siécle à l'Université de Zürich) a montré qu'au centre des machinations dirigées contre le conseiller fédéral (note : Pilet-Golaz) se trouvait le major Hausamann qui, dès 1938, avait mis sur pied une officine privée de renseignements (le bureau "Ha") qui recueillait des informations à droite et à gauche, auprès de diplomates, de commerçants, de Suisses de l'étranger, de différents services de renseignements (surtout anglais) auxquels il fournissait du matériel en contrepartie, mais aussi tout simplement en dépouillant les journaux étrangers. D'imagination vive, dénué de scrupules, Hausamann inventait si nécessaire de toutes pièces des informations et les faisait parvenir, moyennant rétribution (environ 150'000 francs (suisses) par an entre 1941 et 1944) aux services de renseignements de l'armé helvétique."
(p. 171-172)
Et J.-J. Langendorff de nous donner un exemple d'un rapport monté de toutes pièces par Hausamann concernant une réunion de dignitaires nazis à Berlin autour de Hitler qui n'aurait jamais eu lieu, les personnages n'étant pas dans la capitale du Reich à la date mentionnée dans le rapport d'Hans Hausamann...
Par souci d'honnêteté, il faut préciser que Jean-Jacques Langendorf est un historien militaire respecté qui enseigne à l'Institut de Stratégie comparée et à l'Ecole pratique des Hautes Etudes à Paris, mais qu'il est aussi un redoutable et brillant polémiste - le très médiatique Jean Ziegler est un de ses punching balls favoris, - très écouté dans certains cercles d'officiers aujourd'hui en Suisse. Je crois qu'il ne se vexe pas si on dit de lui qu'il est (devenu) un homme de droite lucide au passé idéologique tumultueux.
Donc, comme je le proposais dans mon précédent message à propos des années sombres et la Suisse : patience et nuance(s).
Bien cordialement,
René Claude |