de Boisbouvier :
De quel document précis parles-tu ?
Et pourquoi faire de Hitler un surhomme dans le domaine politique ?
Un surhomme pervers mais un surhomme quand même.
Il a gagné comme souvent gagnent les joueurs heureux à cause d'une sorte de martingale politique.
Donnerais-tu dans le mysticisme ?
Ceci en réponse au texte oral de Hitler sur Darlan qu'il avait négligé et qu'à présent il n'est pas capable de retrouver; alors que le ciel local me pardonne mais c'est contagieux : puisqu'on se repose il faut bien que je repose !
"propos de table" du 5 avril 1942. Hitler vient de parler (pour dire qu'il était très inférieur aux possibilités) du camouflage de mesures militaires contraires au traité de Versailles sous la république de Weimar. Il enchaîne :
De nos jours, c'est le devoir de notre haut commandement de s'assurer que les Français ne sont pas en train de nous faire le même coup. J'ai été frappé par une formule utilisée par l'amiral Darlan dans un discours aux Français. Au milieu de choses insignifiantes, il a parlé de "précautions pour l'avenir", comme de l'un des objectifs de sa politique. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de lui demander de s'expliquer sur cette mystérieuse déclaration. En tout cas, j'aurais pu attirer son attention sur le fait qu'il semblait nourrir certaines idées qui m'étaient familières à l'époque de mon combat. Et j'aurais ajouté que les ficelles d'un petit conspirateur ne pouvaient espérer tromper un maître du genre."
(retraduit de l'anglais, je n'ai pas l'édition Genoud sous la main)
Nous avons ici la preuve (car ces "propos de table" incontestés sont une source des plus fiables) que Hitler scrutait et ordonnait de scruter les actes et les paroles de Vichy, dans un esprit de grande méfiance.
Je demandais quelle place il restait dans ces conditions pour "l'esquive", mot favori de Michel pour résumer la politique allemande de Vichy, notamment en matière de persécution des Juifs. Je lui demandais aussi lequel il pensait le plus fin renard, du dictateur des bords de l'Allier ou de la Spree.
Je ne sais si après tant de détours il sied de parler d'une réponse enfin directe, mais enfin nous en tenons une : non, Hitler n'était pas fin, il jouait avec une martingale propre à dérouter un temps l'adversaire, et en plus il avait du pot.
Je répondrai deux choses :
-sur la ruse nazie, je renvoie paresseusement à tout ce que j'en ai dégagé en deux décennies bien remplies (mais certes ce n'est pas en niant cette réalité-là que Michel s'isole; il se tire juste une balle dans le pied car si depuis 15 ans et une certaine émission sur Montoire il me colle au train, c'est bien parce que mon travail l'intéresse).
-sur le match Vichy-Berlin en matière de ruse, je demande à mon contradicteur d'examiner le comportement de ses chouchous et d'y trouver un seul exemple symétrique.
Cela m'éclairerait fort car, des cas où Pétain, Laval ou Darlan déclarent entre eux ou à leurs proches : "ils disent cela mais attention, qu'est-ce que ça cache et où ça mène ?", je n'en ai jamais trouvé un seul. Le comportement est inverse, et invariable : "Ils demandent cent x ? Ouh la la, essayons de voir s'ils marcheraient à cinquante puis marchandons pied à pied."
Alors je demande :
-est-il besoin d'un génie surnaturel pour comprendre assez vite, à de tels indices, qu'en multipliant par deux, dans les demandes initiales, ce qu'on souhaite, on est quasi-sûr de l'obtenir en totalité et sans retard ?
-la comparaison des ruses entre deux adversaires pareils va-t-elle déboucher sur un score serré au cinquième set, ou sur un plat 6-0 6-0 6-0 ?
PS. En ce qui concerne les plaintes récurrentes de Michel, récemment relayées par Jean, contre une censure qui régnerait ici, je ne puis que confirmer d'expérience la réponse de Jacques suivant laquelle des gens très bien ont été sous surveillance, même que dans mon cas c'était chartistiquement injuste car c'est un contradicteur qui se conduisait mal. |