admettre certaines réalités ne comble en rien l'écart moral entre le nazisme et ses vainqueurs et ne change en rien le caractère criminel du nazisme.

Or vous écriviez l'autre jour :

Si on a en France une vision très noire des waffen-ss, alimentée par une méconnaissance du sujet qui conduit à assimiler à tort les waffen-ss aux gardiens des camps, aux escouades de la mort du front de l'Est et aux gens du SD, la perception qu'en ont les Allemands est très différente. Beaucoup d'Allemands ont dans leur famille des pères, des oncles... qui ont servi dans la waffen-ss. Ils savent que la règle du volontariat a été abandonnée en 1942, je crois, et que se sont retrouvés mobilisés dans des divisions ss des gens qui avaient eu la mauvaise idée de naître allemands dans les années 1920. Si au début du conflit, les w-ss étaient des "soldats politiques", les choses ont rapidement changé et la formation idéologique dispensée au début de la guerre a peu à peu disparu en raison des impératifs du moment. Tout cela a été un peu dit en France lorsqu'on a parlé de l'affaire Günther Grass.

Mais ces explications restent difficilement audibles dans un pays où des événements tels que ceux d'Oradour continuent de hanter la mémoire collective. Un très gros livre consacré à la waffen-ss est paru il y a peu. Je crois qu'il s'agit d'un travail assez rigoureux. Ne l'ayant pas lu et n'étant pas, loin s'en faut, un spécialiste de la question, je me garderais bien d'avoir des certitudes en la matière mais je crois qu'il y a beaucoup d'exagérations sur les crimes de guerre imputés aux waffen-ss.

Voilà qui m'inspire trois questions :

-n'avez-vous pas une conception un peu trop restrictive de la criminalité nazie ?

-ne pensez-vous pas que la révision nécessaire, et en cours ces dernières années, consiste non pas à déplacer le curseur de la "bonne Wehrmacht" pour englober une partie des SS, ceux qui n'ont pas été gardiens de camp etc., mais, tout au contraire, à montrer que la criminalité SS a très largement déteint sur la Wehrmacht?

-pourquoi parlez-vous de "crimes de guerre" alors qu'il s'agit aussi et surtout de crimes contre l'humanité ?

Une remarque pour finir : Oradour hante aussi la mémoire allemande, et heureusement.