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A livre ouvert ... / les contributeurs de "Livres de Guerre"

En réponse à -3 -2
-1Le lien de Francis Deleu

Une critique du livre de Roseman de françois delpla le dimanche 25 juin 2006 à 13h27



Il s’agit, sur près de 200 pages, d’un commentaire de texte. Ce compte rendu signé Eichmann, donnant principalement la parole à Heydrich, est à peu près -si on excepte quelques témoignages- la seule source actuellement disponible sur la réunion, à coup sûr importante, tenue le 20 janvier 1942 dans la banlieue de Berlin entre quelques dirigeants SS et quelques hauts fonctionnaires civils.

Le travail de Roseman procède d’une histoire positiviste, au ras des faits et assez impuissante, malgré son ambition proclamée, à les mettre en perspective. Par exemple, l’accent reste mis, comme dans le livre pionnier de Philippe Burrin (1989), sur les décisions de déportation des Juifs allemands vers Lodz prises en septembre et exécutées en octobre 1941. Comme ces gens sont alors gardés en vie, ce serait la preuve qu’il y a encore, au plus haut niveau, une hésitation.

Ce qui manque, c’est une observation centrée sur le Führer. Roseman dit à de très nombreuses reprises qu’il est "impliqué" ou "consulté". Ce qu’il ne dit pas, parce qu’il ne le voit pas, c’est qu’il est l’inspirateur... même quand il est consulté ! Son rôle est expédié en quelques lignes :


Au centre du processus se tenait Hitler qui donnait le ton, traçait les limites, autorisait toutes les mesures les plus radicales et déployait un édifice rhétorique dans lequel pouvaient s’abriter les actions les plus brutales. Plus que tout, plus qu’aucun autre, c’est lui qui définit le rythme et la direction du voyage que firent ses hommes. Ce sont des signes de lui qui amenèrent l’antisémitisme au coeur des préoccupations du SD, ou qui incitèrent le ministère de l’Intérieur à constamment grignoter les droits civils des Juifs pendant presque toute une décennie. (p. 130-131)

Ces lignes publiées en 2002 sont emblématiques de l’interminable agonie du fonctionnalisme, initié dans les années 60 par Martin Broszat et Hans Mommsen. Ces deux universitaires ouest-allemands prétendaient, en rompant avec le moralisme des procès d’après guerre, présenter le nazisme non plus comme un mal mais comme un processus articulé sur des besoins variés de la société allemande. Ils gommaient par trop le rôle du Führer et celui de l’idéologie : c’est en les rétablissant que des auteurs comme Burrin, Browning et Kershaw, qui se présentaient comme des "fonctionnalistes modérés", ont prétendu continuer ces maîtres. Roseman, à son tour, se réclame d’eux (les "fonctionnalistes modérés", salués p. 18-19). Comme eux, et comme tous les fonctionnalistes, il peine à situer le rôle du Führer dans son régime.

Il suffirait pourtant d’en revenir aux fondements du nazisme. C’est un programme indissolublement territorial, racial, ... et personnel. Il faut un guide, et un seul, pour diriger la manoeuvre. Quelles que soient leur position hiérarchique et leur marge d’initiative, les autres chefs ne sont que des rouages.

Un prophète, dont les années de formation s’achèvent, pour l’essentiel, en 1924, avec la rédaction du premier tome de sa Bible Mein Kampf, entreprend de mener le peuple allemand (tel qu’il le définit) vers une Terre promise -un Etat très étendu vers l’est et débarrassé d’une minorité parasite. La violence armée est présentée comme un moyen indispensable. Il ne faut surtout pas que les choses soient trop faciles ou trop douces. Car alors on resterait prisonnier de ces "deux mille ans de christianisme" qu’il s’agit précisément d’abolir. La violence est également nécessaire pour créer rapidement d’énormes et peu réversibles faits accomplis, du vivant de l’indispensable Führer.

Donc le meurtre des Juifs est programmé ! Simplement il ne l’est pas en soi, concrètement, tel qu’il s’est finalement passé. Car le nazisme est à la fois, c’est bien ce qui le rend redoutable, rigide sur les principes et éminemment adaptable aux circonstances, et il n’est pas une collection de projets mais bien un seul et même projet, aux nombreuses facettes.

Hitler a bien dès le départ (1919) une pulsion meurtrière envers les Juifs et si, jusqu’en octobre 1941, il fait semblant de se contenter de leur départ d’Allemagne, c’est bien pour ménager un certain nombre de gens qui se cabreraient devant un programme explicite de massacre (et devant sa mise en oeuvre à plus forte raison), et d’autres dont une telle politique refroidirait soit (s’ils sont étrangers) l’amitié, soit (s’ils sont allemands) le zèle. En revanche, la guerre crée des conditions quasiment idéales et ce n’est nullement un hasard si son approche, en janvier 1939, amène la fameuse "prophétie" sur la "disparition" de la race juive en Europe au cas où elle déclencherait un nouveau conflit (car ce serait elle, bien sûr, qui le déclencherait... ou du moins en serait rendue responsable par le metteur en scène, mondiale, de tous ces événements).

Septembre 1939-janvier 1942 : en un peu plus de deux ans, Hitler a formé des tueurs, expérimenté la méthode du gazage, habitué les fonctionnaires et l’opinion à l’idée de déplacer et de ghettoïser les Juifs sur tout territoire régi par le Reich... Mais c’est exactement le même rythme que celui qui, depuis 1933, a permis la mise au pas du pays, sa mobilisation économique en vue d’une guerre, le détricotage du traité de Versailles en prétendant chaque fois qu’on ne déferait plus d’autre maille, l’entrée en guerre au meilleur moment pour le Reich et au pire pour ses adversaires...

Rien de cela n’est le fait du hasard ou d’un jeu de forces aveugles. Rien non plus ne s’expliquerait si des "décideurs", quels qu’ils soient, prenaient au fur et à mesure le temps de peser les situations. On est dans un temps de part en part hitlérien, où la méditation certes existe (beaucoup plus que la discussion), mais, le plus souvent, très en amont des actes.

*** / ***

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