***François Delpla écrit (Montoire, p. 116) :
On n'a pas pour l'instant de compte rendu de ce premier voyage. Laval n'écrit pas - ce que beaucoup, à Vichy, lui reprocheront. Abetz a dû rendre compte oralement au Führer, qu'il rencontre en Allemagne fin juillet. Mais il a certainement aussi, en bon diplomate et en Allemand méthodique, rendu compte le jour même à la Wilhelmstrasse, par un télégramme qu'aucun historien n'a encore, à ma connaissance, retrouvé.***
Barbara Lambauer, dans son livre de cinq ans postérieur au mien, cite enfin le c-r d'Abetz sur son entrevue du 19/7 avec Laval. Elle n'en donne malheureusement qu'un extrait.
Il en ressort en particulier que c'est l'Allemand qui suggère ce qui va être la grande affaire de la décade suivante à Vichy, la mise en jugement des "responsables de la guerre" par une cour instituée à Riom.
Je rappelle que cet effort va être salué, le 31, par un grognement d'insatisfaction dans la presse allemande, au prétexte qu'on met en accusation des individus et non des catégories... d'où l'annonce, deux jours plus tard, de la mise en chantier d'une loi anti-maçonnique.
Voilà où nous en sommes.
Encore une fois (même si n'en ai un peu assez de devoir le redire, et de ce que cela implique de soupçons ridicules à mon endroit), les noirs desseins de politique intérieure d'un nombre important de vichyssois ne sont pas en discussion. Il ne s'agit, dans cette recherche sur la genèse (laborieuse) du statut des Juifs, que de la propension de ces personnages à monnayer des réformes, plus ou moins copiées sur les institutions du Reich, contre des avantages (en matière de prisonniers, de ligne de démarcation etc. et surtout de futur traité de paix), et à traîner les pieds quand ceux-ci ne se dessinent pas. |