Bonjour,
Durant ses quarante jours au pouvoir à Alger, l'amiral s'est appliqué à draguer outrageusement ses nouveaux Alliés sans aucune retenue, comme il l'avait fait avec Hitler quelques mois auparavant !
Les Alliés, bien qu'un peu gênés dans leurs discussions internes par cette cohabitation nauséeuse, sont officiellement prêts à faire un bout de chemin avec Darlan.(Churchill avait déclaré en comité restreint qu'il était prêt "à embrasser le cul de Darlan" pour qu'il leur ouvre l'Afrique !)
L'amiral, après ce qui sera son ultime retournement, a mis au service des Alliés ses polices, une armée d'Afrique qui l'a accepté "du bout de lèvres", comme l'écrit H. Michel et surtout la logistique française en Afrique du Nord ainsi que la sécurité sur les principaux axes routiers afin qu'ils entament la contre-offensive vers la Tunisie. Cela leur permit de débarquer hommes et matériel dans de bonnes conditions et d'emprunter routes et pistes sans risques d'embuscades tendues par des officiers vichystes.
S'il leur facilite tout sur le plan logistique, l'amiral ne remet pas en cause les lois vichystes. Il fait du pétainisme (ou pétinisme) sans Pétain. Comme il l'a toujours fait, il se couvre et se couvrira jusqu'à la fin du nom du maréchal pour coopérer avec Murphy, Clark et Einsenhover.
Les Américans sont satisfaits de sa collaboration après son 180°; alors ils lui accordent l'illusion qu'il est bien le haut-commissaire en Afrique du Nord. (Darlan adorait les titres ronflants !). Mais la grogne et l'écœurement montent dans le camp allié, dans les rangs de la Résistance, chez les giraudistes, chez les royalistes d'Alger et bien sûr chez les Français libre, au point que dans un rapport de décembre 42, Jean Moulin se demande si "la guerre pour la libération n'aurait pas pour effets successifs de consolider les régimes mêmes contre lesquels la lutte était engagée." (p. 368)
Bien cordialement,
RC |