Bonjour,
Ralph a eu la gentillesse de nous adresser le document du général Noguès dans une résolution informatique plus lisible. C'est bien volontiers que nous le reproduisons sans altération autant que possible. Le seul mot illisible est en caractères italiques.
Bien cordialement,
Francis
... qui a rédigé le texte du télégramme mais un de ses officiers auquel il a du dire que d'accord avec moi il maintenait l'ordre d'exécution.
Le général Giraud, et aussi le général Bergeret qui est celui qui a été le mieux au courant d'une affaire dont il s'est occupé lui-même, estimaient qu'il était indispensable de faire un exemple étant donné l'effervescence qui régnait dans Alger. De fait le lendemain, la situation était plus calme et aucun incident prévus pour les funérailles de l'Amiral ne s'est produit.
Toute la ville d'Alger a été au courant de ce qui s'est passé en réalité. Mais plus tard, on a fait du jeune Bonnier un héros et les gens, même le 8ère, ont voulu oublier quels étaient les vrais responsables de cette exécution.
Dans un rapport au conseil impérial qui a suivi celui de la nomination de Giraud le général Bergeret a indiqué les faits suivants qui m'ont été confirmés par le commissaire du gouvernement chargé de l'instruction qui avait été sous mes ordres au Maroc.
C'est dans le premier interrogatoire que le jeune Bonnier a indiqué les gens qui avaient armés son bras. Mais les responsables prévenus, ont fait dire dans un deuxième interrogatoire (probablement Duscatelli) à l'inculpé, que s'il voulait être sauvé, il fallait qu'il déclare qu'il avait agi seul - que dans le courant de la nuit l'abbé Cordier l'enverrait chercher et qu'il serait envoyé en Angleterre en avion.
C'est cette attitude qu'il a conservé pendant le jugement.
Il aurait suffi de la moindre déclaration de sa part pour faire retarder le jugement et l'exécution.
Ces faits étaient prouvés d'une façon telle, (car on avait retrouvé le premier interrogatoire qui était censé avoir été détruit), que l'abbé Cordier et Henri d'Astier de la Vigerie avaient été inculpés et leur condamnation à mort était certaine.
Mais, à ce même conseil, le général Giraud nous fit part d'une démarche de Mr Murphy pour le gouvernement américain et de Mac Millan pour le gouvernement anglais, demandant instamment que le procès soit retardé sine die, car il rendrait toute possibilité d'accord avec le général de Gaulle impossible. Dans ces conditions un supplément d'instruction fut ordonné.
Dès le lendemain de l'arrivée du général de Gaulle à Alger, les inculpés furent remis en liberté et les dossiers détruits. |