Ma dévotion envers Paxton a ses limites, mais je ne le trouve pas aussi simpliste que tu ne sembles le faire.
Enfin laissons là les commentateurs pour observer les faits.
Beaucoup de témoins disent que Pétain a hésité sur la voie à suivre en novembre 40, et envisagé sérieusement de partir pour l'AFN.
Mon travail sur Mandel a attiré mon attention sur la première chose que l'occupant s'est empressé de saisir en zone sud : Mandel précisément, et Reynaud.
Plus généralement, je vois maintenant l'armistice, et même le nazisme en général, comme une vaste prise d'otages. Tout un tas de gens qui ont été, par beaucoup, catalogués comme nazis, nazifiants, complices des plus noirs projets de Hitler, etc., se sont en fait laissés engluer dans des situations où le simple fait de résister à une volonté clairement exprimée de Hitler risquait d'entraîner la mort, et non pas d'abord la leur, mais, plus insidieusement, celle de gens dont ils estimaient qu'ils manqueraient à leurs devoirs en ne les protégeant pas.
S'agissant des Juifs résidant en France, par exemple, la logique consistant à protéger les "nationaux" en laissant tomber les "étrangers" était redoutable, et difficilement résistible... sauf à dénoncer l'armistice et à tout plaquer, mais alors justement on ouvrait, ou croyait ouvrir, la voie à une "polonisation" de la France, à des massacres prochains et étendus.
C'est diabolique. Mais que faire ? Refuser l'armistice : cette analyse donne raison plus que jamais à de Gaulle. Une fois le texte signé, Hitler menait le jeu. Irrésistiblement.
Pour en revenir au texte apporté par Francis, sa date exacte, à l'heure près, serait importante à connaître. Il est écrit, visiblement, à un moment où le maréchal sait qu'il ne partira pas et il essaye, une fois de plus, de sauver les meubles. Ce n'est pas pour rien qu'il évoque Montoire : la logique est la même. Le 24 octobre 1940, il essaye de monnayer les services de la France auprès d'un Reich apparemment dans l'impasse devant la résistance britannique aux bombardements. En novembre 42, puisque les Alliés ne débarquent qu'en Afrique du Nord et abandonnent la métropole à son sort, il tente de trouver un compromis qui la soulage. Il n'est probablement pas sincère, mais flatteur, lorsqu'à ce stade il prédit la victoire allemande. En même temps, et là Arcole a raison, l'anticommunisme joue un rôle. Face au risque d'une soviétisation de l'Europe, il pense que le nazisme a des chances de tirer son épingle du jeu, et l'affaire de se terminer par un match nul... qui justifierait au bout du compte sa politique de marchand de tapis. |