Parmi les documents mentionnés par Francis figure un projet de constitution pétainiste daté, je crois, de 1944. Il me surprend par son allure "révolution nationale" alors que celui de novembre 43, rédigé par Lucien Romier et poubellisé sur l'ordre personnel de Hitler, était quasiment démocratique, rétablissant notamment la souveraineté nationale exprimée par le suffrage universel. Or en novembre 43, si certes Pétain a renoncé définitivement à changer de camp, du moins est-il décidé à virer Laval et, si cela déplaît au Boche, à démissionner. N'en ayant rien fait, régresse-t-il dans les mois suivants vers le projet d'une remise en honneur de la Révolution nationale ? Ou n'est-ce encore qu'une de ses minables ruses ?
Cependant, dans ce cas comme dans tous les précédents comparables, on voit Hitler suivre les choses de très près. Ce dont je déduis que Pétain a sans doute des velléités sincères, mais est prisonnier de son péché originel et n'a plus qu'à boire le vin qu'il a tiré.
En tout cas, à Alger, dans les mois qui suivent le débarquement Torch, de Gaulle joue une partie fort ardue contre Darlan et Giraud, et ses confidences d'après guerre à Rémy montrent qu'il ne se voyait pas lui-même emporter aussi facilement le morceau si Pétain avait été à leur place.
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