J'avais pourtant précisé : les événements de 1941, ce qui exclut en principe ceux de 2006.
Je suis un inconditionnel de l'archivage des débats et pour moi c'est une qualité de LdG. Mais moins pour favoriser le ressassement que pour interdire les déformations : il est moins tentant de "démontrer" le comportement d'un stratège en 1941 par le biais d'un "question tranchée, voyez comme en mars 2006 j'avais mouché Arthur à ce sujet", quand ce n'est pas vrai, si le débat est accessible que s'il ne l'est pas.
En l'occurrence je ne m'étais guère senti en difficulté mais cela n'a pas une grande importance et je n'ai ni le temps ni le goût de m'y reporter; par ailleurs je te donne le conseil d'ami de ne pas trop y renvoyer.
Ainsi tu aurais cité ce passage du journal de Goebbels malgré son contenu peu favorable à ta thèse ? C'est courageux et je t'en donne acte. Mieux, je me donne grand tort de n'avoir pas soupçonné que tu puisses être aussi complet à tes dépens. Il y a hélas là une certaine logique, dont nous pouvons tous tirer la leçon : j'ai remarqué la chose dans un travail constructif et poli, alors que quand on me parle mal je fais face mais je suis moins serein et attentif. En attendant c'est Clio qui est au piquet.
Ce passage suffit à montrer... que nous ne savons pas grand-chose. Un Hitler qui parle de paix en ces termes à Goebbels, c'est un Hitler qui agit pour la paix, et depuis un certain temps, par d'autres truchements, sous l'égide de Göring, Himmler, Schellenberg ou quelque autre (ainsi Hess avant le 10/5/41). Très régulièrement il sonne le ministre de la Propagande au dernier moment, quand le plat est prêt à sortir du four, témoin la veille de Barbarossa : c'est deux semaines avant qu'il lui annonce l'attaque et, donc, fait mettre, pour le jour J, la pédale douce à la propagande anti-anglaise au" profit" de l'anti-bolchevisme.
En revanche, je ne vois pas de cas où ce journal reflète les trop fameuses hésitations ou indécisions du Führer et où il utiliserait Goebbels comme une sorte de défouloir en lui prêchant le faux pour clarifier ses propres idées, comme il arrivait à de Gaulle de le faire sur l'Algérie par exemple.
Cela dit, je suis d'accord pour estimer qu'un Etat russe à l'est de l'Oural n'aurait guère été viable mais j'en tire une conclusion différente : cette frontière ouralienne ne veut rien dire sinon "comme ça coince un peu en Russie il faut envisager de s'en dégager une fois le programme de Mein Kampf assuré, et préparer les esprits à une victoire plus modeste que celle annoncée". Et il faut donc précisément rappeler, par petites touches insinuantes, que le but est la conquête de l'espace vital, la destruction du communisme étant essentiellement un miroir aux alouettes destiné à mettre en porte à faux les bourgeoisies occidentales. |