Bonjour,
Voici un petit exemple pour illustrer ma présentation du livre de Weygand.
Membre du gouvernement de Pétain, il est appelé d'urgence à l'Hotel du Parc le 3 juillet entre 15 et 16 heures. Là, en présence de Pétain, Darlan leur explique que l'escadre de Mers el Kebir a refusé un ultimatum de l'escadre de Sommerville et qu'un combat naval est en cours.
Weygand analyse cette affaire comme un fatal malentendu et fait endossé la responsabilité à de Gaulle : "n'était-il pas explicable que les Anglais, ainsi orientés, aient voulu mettre hors d'état de nuire une flotte qu'on leur représentait comme prête à être utilisée par l'ennemi pour l'attaque de leur territoire qu'ils sentaient prochaine ?" (page 333)
Mais, page 335, il nous livre ce qui nous semble une clé : "Bien plus tard après mon retour d'Allemagne, j'ai su qu'au moment ou l'amiral Darlan nous convoqua, le combat n'était pas encore engagé, et que l'ultimatum anglais contenait une troisième proposition, celle du repli de notre flotte dans les eaux de la Martinique jusqu'à la fin des hostilités. Cette proposition aurait peut être permis un accord qui eut évité ce sanglant évènement. Mais l'amiral Darlan, qui se montrait d'ailleurs très secret sur toutes les questions concernant la flotte, incomplètement renseigné, je crois, par l'Amiral Gensoul, nous mit comme je l'ai dit en présence du fait accompli."
Et Weygand passe à l'affaire de Dakar sans tirer plus de conclusion de ce qu'il vient de nous dire !!!
Pourtant, si Darlan annonce l'engagement des combats avant que ceux ci aient commencé, c'est qu'ils sait ce qui va se passer ensuite. Et comment pourrait-il savoir, avant les premières salves, ce que feront les Britanniques ??? Non, il sait que ce combat va avoir lieu parce qu'il en a donné l'ordre, il n'y a à mon avis pas d'autre explication. Et cet amiral "très secret", qui cache à son gouvernement la réalité de l'ultimatum et son rôle abject dans cette affaire, il faudrait tout de même considérer qu'en aucun cas il n'aurait livré la flotte française aux Allemands ?
Ha c'est difficile d'admettre que l'on a été roulé dans la farine dans des circonstances aussi capitales !
Amicalement
Jacques |