Je précise qu'elle n'est pas récente et procède surtout de la lecture de ses mémoires, il y a 4 ou 5 ans.
Il est à Darlan ce que Guéant est à Sarkozy.
Tous deux sont engagés dans une politique de rapprochement avec l'Allemagne censée déboucher sur un traité de paix (ici s'arrête la comparaison avec 2012 !). Ils y croient jusqu'en janvier 42, au bas mot. Donc les attentats communistes du second semestre 41 tombent on ne peut plus mal (et c'est là une bonne part de ce qui les rend sympathiques aux patriotes de 2012, qu'ils aient ou non de la sympathie pour le reste de l'action et des idées communistes : ces attentats ont torpillé ce traité de paix, qui n'avait aucune chance d'aboutir vu que pour Hitler, ce n'était qu'un jeu, mais cela, on ne le savait pas et les résistants avaient toutes raisons de vouloir rendre impossible un tel traité).
Comme Pucheu n'est pas nazi pour deux sous, se veut patriote et s'imagine que son traité serait le moindre mal pour la France, il est on ne peut plus logique qu'il vire sa cuti quand l'affaire a définitivement échoué et qu'il commence à réfléchir sur la situation nouvelle créée par Pearl Harbor. Là-dessus, Giraud s'évade à point nommé... et offre à tout un tas de gens une échappatoire pour s'évader... du vichysme pur et dur, en envisageant la reprise du combat.
C'est tout aussi naturellement qu'après Torch il rejoint Giraud en AFN après s'être assuré de sa parole qu'on ne l'asticoterait pas sur le passé. Il veut justement occuper un créneau anticommuniste et présenter Vichy comme un régime qui a sauvé l'essentiel en se battant sur deux fronts. La guerre risque d'être encore longue, Yalta n'est pas du tout prévu et une bonne petite castagne est-ouest pour le contrôle de l'Europe centrale, avec l'aide non seulement des vichystes mais des conservateurs allemands rejoints par les nazis opportunistes, semble l'issue probable.
Pucheu pense qu'il saura nager. Le fond de l'affaire, c'est sans doute qu'il sous-estime à quel point Hitler est coriace, ce qui causera, jusqu'au bout, pour le vaincre, un grand besoin d'Armée rouge, et produira en France l'alliance entre de Gaulle et les communistes, certes dominée par le premier mais coupant court aux magouilles giraldiennes. |