Bonjour,
Le livre propose essentiellement une analyse de la déclaration d'intention du 20 juin 1940. Le point 2e n'a pas échappé à la recherche minutieuse des deux auteurs :
*** Sommes communistes avons appliqué ligne PC sous Da[ladier], Ray [Reynaud], juif Mandel
Juif M[andel] après Dal[adier] nous a emprisonné[s]. Fusillé des ouvriers qui sabotaient défense nat[ionale].
Sommes PC français pas eu peur. ***
Rappelons brièvement qu'au lendemain de la conclusion du pacte germano-soviétique (23 août 1939), le Parti communiste français est frappé d'une série de mesures d'interdiction.
- La presse communiste est suspendue le 24 août 1939.
- Le décret portant dissolution du PC est promulgué le 26 septembre 1939.
- Un décret du 10 avril 1940 assimile l'activité communiste à une activité de trahison passible de la peine de mort.
Passé dans la clandestinité, des consignes de sabotage de l'effort de guerre ont-ils été donnés par le PC ?
Les statistiques font état de nombreuses arrestations dont plusieurs condamnations à mort sans que l'on en connaisse exactement les véritables raisons. Il n'en reste pas moins que "la déclaration d'intention du 20 juin 1940" fait mention d'ouvriers fusillés qui sabotaient la défense nationale. Le cas le plus connu est celui des usines d'aviation Farman. Début mai 1940, un jeune ouvrier est arrêté en flagrant délit de sabotage de 17 moteurs d'avions sur 20. Le procédé est relativement simple : le sabotage "consiste dans le sectionnement du fil de laiton servant de frein à l'écrou maintenant le tuyau d'arrivée d'essence. Au bout d'un certain nombre d'heures de vol, l'écrou démuni de son frein se desserre par suite des vibrations du moteur et laisse s'échapper l'essence goutte à goutte, puis plus rapidement l'essence qui tombe sur la tubulure échappement rougie à blanc, provoquant ainsi des vapeurs qui amène l'explosion en plein vol et la mort du personnel navigant".
L'enquête conduira à l'arrestation de douze ouvriers.
Pendant la même période des sabotages sont enregistrés au poudrerie de Sorgues, chez Renault, aux établissement Weitz à Lyon, SOMUA à Vénissieux, CAPRA à Courbevoie, aux usines pyrotechniques de Bourges....
D'autres cas de sabotage de matériel de guerre sont signalés fin 1939. Des chars patrouillant entre les lignes, le long de la frontière franco-allemande, tombent fréquemment en panne. Les chars sont détruits par l'ennemi et l'équipage est fait prisonnier. Une enquête démontre que les pannes étaient provoquées par le "sectionnement de cinq fils sur six reliant les charbons de la dynamo aux accumulateurs, ce qui empêchait la recharge normale".
Reste à s'interroger sur la façon dont les militants communistes de base ont reçu et interprété les mots d'ordre de sabotage et quelle en fut l'ampleur.
Bien cordialement,
Francis. |