Bonjour Jacques, bonjour à tou(te)s,
A force de descendre dans mes caves humides, je risque de contracter une méchante bronchite cardio-pulmonaire ! §:-))
Les ouvrages sur Mers el-Kébir sont trop nombreux pour les citer tous ! Sur le point précis que soulève Jacques, nous ne garderons donc que le récit des témoins directs : Baudouin, Bouthillier et Weygand.
Une remarque préalable ! Je suis tombé dans le travers de l'interprétation des textes (ne les ayant pas consulté). En réalité, Darlan n'est pas effondré mais bien les ministres qui assistent à la réunion. Ce ne sera que dans la soirée et le lendemain, lorsque sera connu l'ampleur du désastre, que Darlan explosera de chagrin et de colère.
Laissons la parole aux témoins et reproduisons ce qu'ils ont écrit sur cette réunion où Darlan annonce le désastre de Mers el-Kébir.
- Yves Bouthillier :
*** C'est l'homme des exposés calmes et précis, l'homme de la claire raison. Il n'a pas pris conscience encore et du malheur et de l'offense. Ce qui vient de se passer est si incroyable qu'il n'arrive pas à le réaliser. Aussi est-ce avec une grande sobriété, sans élever la voix, qu'il relate les faits de la matinée. Il explique que l'Amirauté n'a reçu qu'à 12 h. 30, le télégramme envoyé à 8 h.45 par l'amiral Gensoul. Il expose également les mesures prises par l'amiral Le Luc, et dit qu'il les a approuvées. A l'heure qu'il est, conclut-il, la destruction d'une partie de l'escadre française doit être accomplie. ***
- Benoist-Méchin :
*** L'exposé de l'amiral Darlan soulève une émotion considérable. Les ministres sont comme anéantis. ***
- Paul Baudouin :
*** L'amiral Darlan nous explique qu'il a reçu à 12 heures 30 le télégramme envoyé à 8 heures 45 par l'amiral Gensoul, commandant l'escadre mouillée à Mers el-Kébir. Ce télégramme annonce qu'une puissante escadre anglaise a somme l'amiral Gensoul, par un ultimatum expirant à 15 heures, de rallier la flotte anglaise ou de saborder ses navires L'amiral Gensoul a répondu qu'il opposerait la force à la force. L'amiral Darlan l'a approuvé. La destruction d'une partie de l'escadre française soit être maintenant un fait accompli.
Nous restons silencieux, complètement atterrés. Je suis accablé par un immense sentiment d'impuissance. Nous sommes dans le plus tragique des malentendus. Il faudrait pour l'éclairer un contact et du temps. Et nous n'avons ni l'un ni l'autre ***
- Weygand ? Je laisse ce soin à Jacques qui possède les "Mémoires".
Bien cordialement,
Francis.
Sources:
- Benoist-Méchin, "Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident" Tome 3
- Hervé Couteau-Bégarie et Claude Huan, "Darlan" ....
... qui ont puisés les citations chez
- Paul Baudouin, "Neuf mois au gouvernement", La Table ronde,1948
- Yves Bouthillier, "Le drame de Vichy tome 1, Face à l'ennemi, face à l'allié, Plon, 1950. |