Bonjour,
Le vol de Rudolf Hess ne cesse d'animer le landernau des historiens et amateurs d'histoire. Pour apporter du grain à moudre au moulin des hypothèses, reportons-nous au livre d'Eugène Bird, le commandant américain de la forteresse de Spandau.
En 1970, Hess est le seul prisonnier encore détenu à Spandau. Entre Hess et le commandant américain s'établit un climat de confiance propice aux confidences. Vingt-neuf après son envol vers l'Angleterre, Hess consent enfin à recevoir les visites de sa femme et de son fils. Son comportement fantasque s'adoucit et c'est avec un réel plaisir qu'il s'entretient avec Eugène Bird.
Le 10 mai 1970, les deux hommes feuillètent ensemble un livre anglais récemment publié : Hess… The Man and his Mission de J.Bernard Hutton.
A la page 21, Hess sursaute en lisant la première phrase : " L'envol, désormais historique, de Hess pour l'Angleterre fut effectué en plein accord avec Hitler, et avec sa totale approbation". Mais non, fit Hess, le Führer ignorait tout de mes projets.
Et comme dans la phrase suivante on pouvait lire : Cette mission donna lieu à d'interminables discussions avant qu'Hitler ne donne son accord, Hess s'exclama : Mais il n'y a pas un mot de vrai ! Le Führer ignorait tout de mes plans.
Quelques temps plus tard, par une belle journée du mois d'août 1970, Hess et Bird se promène dans le jardin de la forteresse. Au cours de la conversation à bâtons rompus, Bird : Au cours de ces années, vous avez évoqué à plusieurs reprises votre départ en avion pour l'Angleterre. Je suis persuadé que cette équipée est restée très vivante dans votre esprit. Que cachait-elle en réalité ?
Hess répond en haussant les épaules : Vous avez entre les mains tout ce que j'ai écrit à ce sujet. Je n'ai pas grand-chose à ajouter.
Cependant, il est parfaitement exact que je me suis rendu en Angleterre pour y accomplir une mission humanitaire. Voyez-vous, j'avais l'impression très nette que le Führer ne tenait pas à battre les Anglais. Il souhaitait mettre fin au combat.
Mais encore une fois, je vous affirme qu'il ignorait tout de ma décision de m'envoler pour l'Angleterre dans le but de réaliser son vœu.
J'ai pris seul la responsabilité de mon acte, dit encore Hess de sa voix sourde et rauque et en pesant soigneusement ses mots. Cette responsabilité, je la revendique entièrement. Je suis parti de mon propre chef, et non, comme certains l'ont insinué, pour en retirer un avantage personnel. N'oubliez pas qu'en agissant comme je l'ai fait, je risquais la mort.
Le Führer aspirait à mettre fin à la guerre contre l'Angleterre en signant avec elle un accord.
J'ai décollé d'Augsbourg, à bord d'un Messerschmitt, à deux ou trois reprises, et à chaque fois de mauvaises conditions météorologiques m'ont obligé à revenir me poser. Combien de fois exactement, je ne pourrais vous le dire, mais c'est là un détail qui n'a plus aucune importance.
Pas une fois il ne m'est venu à l'idée de faire part de mes plans à Hitler. Je savais qu'il m'aurait fait immédiatement arrêter. J'emportais une lettre à l'adresse de Lord Hamilton dont j'avais fait la connaissance au cours des jeux Olympiques, à Berlin. Que lui écrivais-je, je suis incapable de m'en souvenir. Mais cette lettre doit figurer dans mes dossiers. Vous pourrez la consulter. J'avais également confié à mon aide de camp, Pintsch, une lettre où j'expliquais à Hitler la raison de mon geste ... Reste à savoir si Hess dit la vérité !
Bien cordialement,
Francis. |