Bonsoir,
Paul Chack fut effectivement le premier écrivain condamné à mort et exécuté
un mois avant Robert Brasillach. Sa malchance, si l'on peut parler de malchance,
a été de comparaître dans la première fournée des jours qui suivirent la
Libération. S'il avait été jugé quelques mois plus tard, les passions apaisées,
probablement aurait-il échappé au châtiment suprême.
Le premier à subir la peine capitale fut Georges Suarez, journaliste et
directeur d'Aujourdh'ui.
Suarez, Chack, Brasillach? A y regarder de près, ce sont les journalistes
que l'on condamne et non les écrivains. Le Brasillach de Je suis partout; Chack qui tient la
chronique maritime à Aujourd'hui et ne rate aucune
occasion pour fustiger les Britanniques ou glorifier la Wehrmacht.
Les juges ne s'y sont pas trompés! Les signataires de la pétition de
demande en grâce n'ont-ils vu que l'écrivain? Parmi eux Albert Camus que je n'ai
pas cité dans un message précédent.
Les écrivains furent relativement épargnés. Quoique! La liste des auteurs
mis à l'index par le Comité National des Ecrivains est très longue. Pour
certains, mais je n'en suis pas sûr, leur seul crime avait été de continuer à
écrire sous l'occupation. Et c'est une autre question: l'occupation
exigeait-elle le silence?
Pour l'anecdote: Paul Chack arrêté au lendemain de la Libération se
retrouve au commissariat de son quartier en compagnie de Sacha Guitry. On peut
imaginer que la conversation des deux hommes constitua une partie de plaisir
pour leurs compagnons d'infortune.
Bien cordialement,
Francis.