Bonsoir - bonjour,
Pour avoir poussé de jeunes Français à s'engager dans l'armée allemande, Paul Chack, qui fut avant-guerre un écrivain maritime connu, fut également condamné à mort et exécuté. Son engagement pour la victoire du nazisme fut trop grave selon De Gaulle qui refusa la grâce. Avec Brasillach, ce furent les deux seuls écrivains fusillés en 45. François Mauriac, qui avait reçu de la presse le joli surnom de Saint François des Assises, fit le siège du bureau du général afin de sauver le plus de monde possible parmi les écrivains de la collaboration . Jean Paulhan mena lui aussi une campagne contre ce qu'il estimait être les excès de l'épuration.
Si De Gaulle a gracié des cas graves, le dossier Brasillach était trop lourd. Ses éditoriaux monstrueux dans "Je suis partout" ont pesé très lourd alors que la France découvrait les rescapés des camps nazis et les ruines d'Oradour. Drieu eut l'élégance de s'épurer tout seul, alors que certains de ses amis qui avaient soutenu la Résistance lui avaient conseillé de se mettre au vert en Suisse (comme Paul Morand, vichyste bon teint) ou en Espagne et d'attendre quelques années... Mais son cas était moins grave que celui de Brasillach , le plus pro-nazi des écrivains ultras. Des membres du Comité National des Ecrivains, une émanation de la Résistance où les communistes et leurs compagnons de route étaient majoritaires, réclamaient plus de sévérité et des condamnations exemplaires. On dit que De Gaulle passa une nuit blanche en relisant le dossier de l'auteur de "Notre avant-guerre"... mais que son avocat repartit au matin avec un refus de grâce. On peut constater aujourd'hui que les écrivains français furent relativement épargnés par la justice après la Libération; Brasillach a payé pour ses confrères et les nostalgiques de Vichy et des soupers fins offerts par Abetz en ont fait un martyr.
Amicalement,
René |