Pétain, la France et les autres dans les années 30 - La vérité sur l'affaire Pétain - forum "Livres de guerre"
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La vérité sur l'affaire Pétain / Henri Guillemin

 

Pétain, la France et les autres dans les années 30 de Serge Desbois le vendredi 08 octobre 2004 à 17h14

Nous rappelions dans notre article précédent " Daladier et les chars "les paroles de Daladier dans sa déposition au procès Pétain : "…Or les Allemands n'avaient que 3200 chars et leur cadence de fabrication n’était pas plus forte alors que la nôtre" comme s’il paraissait tout à fait évident à cette homme politique que la dotation en chars de l’Armée française ait pu atteindre un niveau tout à fait satisfaisant dans les années qui ont précédé 1940 au point qu’ elle pouvait être comparée à celle du corps blindé allemand. Sans doute ayant été de nombreuses fois ministre de la guerre et président du conseil à cette époque, n’avait-il pas la conscience complètement tranquille.

Il est dommage ce jour là qu’un témoin averti ne lui ait pas rabaissé son caquet et ne lui ait pas rappelé ses déclarations ainsi que celles de ses congénères à la chambre des députés dans les année 1930 au moment où Hitler arrivé au pouvoir, retirait l’Allemagne de la Conférence du désarmement de Genève.

À cette époque où il aurait fallu réarmer la France tant au point de vue militaire que moral, tout est désordre, instabilité et paradoxe. Instabilité : par exemple de janvier 1930 en février 1934, se succédèrent une demi-douzaine de Présidents du Conseil (# Premiers Ministres) et autant de ministres de la guerre, les ministères se délitant et se reformant au gré des combines politiques et des "Affaires" donnant de ce régime démocratique une image catastrophique.

Paradoxe : Daladier, ministre de la guerre, écrit en janvier 1933 ceci à Paul Boncour, Président du Conseil (Rappelons que Hitler devient Chancelier du Reich le 30 janvier 1933 ) :" le commandement allemand s’est assuré la possibilité de mobiliser et de concentrer dès à présent, une armée capable de faire face à toutes les missions de guerre". Et en mai 33:" L’Allemagne est en mesure de passer en un délai relativement court de l’effectif du temps de paix à un effectif voisin de celui de la guerre de 14 soit 800 000 hommes. On assiste à une ardente campagne de réarmement moral entreprise avec la passion d’une véritable croisade de la part d’une jeunesse ardente, convaincue, prête au sacrifice de sa vie. Il s’agit d’une menace grave et permanente".
En effet il s’agissait de répliquer à Paul Boncour qui entreprenait la déflation des effectifs de l’Armée française en diminuant les crédits militaires et par exemple en rabaissant la durée du service militaire à moins d’un an, ce que d’ailleurs avait demandé Daladier lui-même en 1928. Apparemment il venait de changer d’avis sur la pression de Weygand et Pétain*.

Or pour beaucoup de députés la crainte majeure n’est pas Hitler mais celle d’une Armée française forte qui pourrait mettre en péril le régime où ces politiciens nagent avec bonheur comme des poissons dans l’eau, régime qu’ils veulent continuer à perpétuer. Même ceux qui auraient voulu faire une réforme modérée de la constitution afin de stabiliser le pouvoir comme le projetait Doumergue président du conseil en 1934, se sont vus empêcher d’agir.

Nous aurions donc pu penser qu’avec de belles déclarations comme celles de Daladier ci-dessus, la cause était entendue. Et bien pas du tout : À la séance de la chambre du 19 décembre 1933, c’est à dire à un moment où Hitler depuis un an au pouvoir annonce la couleur, Daladier déclare s’en tenir à la solution exclusivement défensive d’un barrage à la frontière qui serait infranchissable
(la ligne Maginot) tandis qu’il prône la diminution des crédits par l’économie de 4 mois de service militaire (ou l’équivalent). Il est bien loin d’entreprendre la création d’un puissant corps blindé.

Bien entendu il reçoit l’appui des pacifistes outragés par ceux qui prônent un corps de bataille puissant. Léon Blum surenchérit :" Nous serons toujours contre la prolongation du service militaire…C’est une erreur de placer la sécurité d’une nation dans sa force militaire". Nous rêvons.

Bien mieux en l’absence de loi-programme, la majeure partie des crédits de la 3ème section du budget militaire de 1933 ( fabrication de matériel neuf, c’est à dire des chars ), n’a pas été consommée tandis que Daladier est ministre de la guerre. Désordre.

En 1934, Pétain devenu ministre de la guerre dans le cabinet Doumergue propose un budget additionnel appelé " comptes spéciaux ". Les socialistes s’expriment par la voix de Jules Moch : "c’est en cette période de déflation budgétaire, c’est au moment où vous réduisez le minimum vital de la large masse des citoyens que vous proposez en sus des crédits normaux, 3 milliards 120 millions du projet actuel, plus, chuchote-t-on dans les couloirs, une nouvelle demande que doit présenter le ministre de la guerre plus les menaces qui pèsent sur le service (militaire) à court terme et que souligne votre évidente volonté de revenir à l’Armée de Métier. Politiquement votre geste est encore plus grave. Le gouvernement n’a pas le droit, par des manœuvres de ce genre, de handicaper lourdement la Conférence (sur le désarmement de Genève)".
Handicaper la Conférence. Elle n’a plus d’intérêt car les représentants de Hitler ont quitté la Conférence l’année précédente (1933).
Tempête dans la presse de gauche, l’Humanité, le Populaire (socialiste).
Dans celui-ci du 3 mars 1934 : "Les vieillards ( Doumergue et Pétain) que l’émeute fasciste (du 6 février 1934) a ramené au pouvoir en sont revenus à la course aux armements".
Dans celui du 30 octobre 1934 : " Le Maréchal Pétain a déclaré avec cynisme que très prochainement il demandera des crédits spéciaux pour augmenter approvisionnement et matériel".
Et le 15 juin 1934 : "Le réarmement de l’Allemand ne correspond peut-être pas à des buts de guerre". Le rêve continue.

Finalement le Maréchal-Ministre a tout de même réussi à faire voter les crédits additionnels.

Réarmement moral. L’Humanité a entrepris le grand lavage de cerveau socialo-marxiste et anti-militariste aux ordres de Moscou avec l’aide en particulier d’écrivains connus et celle d’une partie importante du corps enseignant. Un officier est une " gueule de vache". Un chef militaire est un ennemi. Instigations à la désobéissance. Développement de la doctrine des objecteurs de conscience.

Le 15 janvier 1933, Maurice Thorez parlant à Berlin devant les travailleurs allemands précisait :" Nous, communistes français, nous luttons pour la libre disposition du peuple d’Alsace-Lorraine jusqu’à y compris la séparation d’avec la France" et à la chambre le 4 avril 1933 : " l’autonomie en Alsace ! Mais elle laisserait encore subsister la domination impérialiste".

Et encore l’humanité du 11 novembre 1933 : " L’épouvantail Hitler est un prétexte". Nous passons du rêve au cauchemar.
Le 23 janvier 1934, Thorez rappelle les mots d’ordre de Lénine : "transformer la guerre impérialiste en guerre civile".

Motion du congrès du syndicat national des instituteurs du 7 août 1933 :" Le congrès rend hommage aux convictions pacifistes des objecteurs de conscience et de tous les résistants (sic) fermement décidés à refuser leur concours à la tuerie collective. Il se félicite de voir un nombre toujours plus élevé d’élèves maîtres refuser de participer à la préparation militaire. La classe ouvrière devrait être mise en mesure de s’opposer efficacement à la guerre par la grève générale soigneusement préparée". Motion adoptée à l’unanimité.

Le bulletin syndical de la Seine recommande aux femmes de s’engager à ne faire aucun service en temps de guerre (contrairement à 14/18).

Congrès des enseignants de 1934 à Nice. L’hymne national est conspué. Ils bannissent les 3 couleurs et défilent derrière le drapeau rouge. Ce qui à l’époque était tout nouveau.

Voir d’autre part la tirade de Blum sur inopportunité d’un corps blindé :


Ainsi par le désarmement moral et militaire, orchestré par un microcosme de politiciens globalement incapables, aveugles, partisans et quelques fois immoraux, la France était destinée à rouler vers la catastrophe.

Certains de nos co-internautes sur ce Forum ont rappelé des opinions émises par des historiens ou prétendus tels qui affirmaient que Pétain avait fait baisser les crédits militaires quand il était devenu ministre en 34 et que pire, il avait reversé dans la caisse commune des crédits militaires qu’il n’aurait pas voulu utiliser. En somme c’est Pétain qui a lui tout seul a perdu la guerre. Dans mes recherches, rien ne vient étayer ces affirmations. Pétain au contraire à réussi en 1934 à faire voter des crédits additionnels pour le budget militaire de 1935.
D’autre part, c’est bien méconnaître le fonctionnement de l’état et en particulier les rapports qu’entretenait Pétain en 1934 avec un certain Germain-Martin professeur d’économie politique et présentement ministre des finances.
Le 23 mars 1934 conférence des ministres concernés par l’addition de « comptes spéciaux » au Budget de l’Armée. Ce Germain-Martin ne daigne pas se déranger et envoie Huguenin, directeur du budget. Tardieu, ministre d’état arbitre. Sur insistance de Pétain et Gamelin, le ministre des finances accroché au téléphone cède et dit qu’il trouvera cet argent par l’emprunt et des procédés de trésorerie particuliers (?). Dans la période qui suit du 4 avril au 30 juin, paraissent divers décrets qui dévoilent la nature de ces fameux procédés : réduction de 10 % de crédits de chaque ministère y compris la guerre c’est à dire aussi les " les comptes spéciaux " et prélèvement de 5 à 10 % sur les fonctionnaires. Il faut préciser que cette amputation des "crédits spéciaux" ne portera pas sur le matériel neuf en construction (Les Chars ) mais sur le budget de l’Artillerie, le Génie, l’Intendance, le Service de Santé Militaire, les Poudres et les Munitions d’instruction. Nous tournons en rond mais tout de même nous allons fabriquer quelques chars.

Je ne défends pas Pétain pour Pétain mais pour la vérité historique ( Je ne suis pas fils d’un Pétainiste mais d’un Gaulliste). Et je fais mienne la déclaration de Loustanau-lacau au procès Pétain. Voir ;

Lorsqu’il creuse un peu la situation et l’ambiance politique de cette période, l’amateur d’histoire comprend mieux pourquoi 99 % des Français ont définitivement refusé le combat et se sont rangés derrière Pétain lorsque la Wermacht est entrée le 14 juin 40 dans Paris. En effet les Anglais nous ont abandonné et vont transformer l’essai dans 15 jours en détruisant notre flotte à Mers el Kébir ( 3 juillet ). Roosevelt fait de grand discours au capitole mais ne sait faire qu’une chose, nous prendre nos lingots d’or en échange de quelques Curtiss P36. Et encore réjouissons-nous que les Japonais aient commis la gaffe d’attaquer les USA un an et demi plus tard, le 7 décembre 41 à Pearl Harbour. Sinon seraient-ils rentrés dans la guerre ?
Enfin nous avons été trahis. La preuve, les communistes ont reçu l’ordre de Staline de ne pas combattre les Allemands. Thorez a déserté et est parti à Moscou.
Quant à De Gaulle ? " Jamais entendu parler ". Même pour ceux qui ont vu De Gaulle en Angleterre, les hommes du corps expéditionnaire de retour de Narwick, le choix de rester avec ce général inconnu ou presque ou bien de rentrer en France où l’on se bat encore, n’est pas limpide**. Une grande partie d’entre eux rentrent en France via Brest.

Et puis les mois ont passé. Grâce à De Gaulle, nous nous sommes ressaisis mais cela est une autre histoire.

* "Auprès du maréchal Pétain" de Alfred Conquet, du secrétariat de Pétain de 1934 à 1940. Éditions France-Empire 1970
** "Mon illustre inconnu" page 85, de Guillemtte de Sérigné, fille du colonel De Sérigné héros de la France Libre, tué en Indochine dans la grande embuscade du 1er mars 48 sur la route de Dalat.

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