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Ce que savaient les Alliés - Christian Destremau
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


Journal Officiel - JO - Divers
-

Journal qui recueille les textes de lois, décrets... et tout ce qui fait le bonheur des juristes.
En Belgique on dit: le Moniteur Belge.


R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")


rafle - Vichy
-

Spécialité de la police française aux ordres de l'occupant nazi ou de Vichy. La plus connue est la grande rafle du Vel' d'Hiv' (voir ce terme).
On le sait moins, la rafle du Vel' d'Hiv' a été précédée de quelques autres:
- 14 mai 1941: arrestation de 3.700 Juifs allemands, tchèques et polonais qui croyaient avoir trouvé refuge en France. "Parqués" dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande.
- 20 août 1941: arrestation à Paris de 4.000 Juifs. Direction Drancy.
- 6 décembre 1941: arrestation de 1.000 notables et intellectuels, presque tous Français, envoyés au camp de Compiègne.
- 16 et 17 juillet: Vel' d'Hiv'.
Les rafles ne se limitent pas à la zone Nord (occupée). Le 26 août: les Juifs de la Creuse qui avaient cru trouver refuge dans ce département sont pourchassés; les 26/28 août c'est le tour de Lyon et de Marseille. La liste est longue. Le calvaire des Juifs ne fait que commencer....


Sicherheitspolizei - SIPO - Allemagne nazie
-

Police de sécurité en civil regroupant la KRIPO (police criminelle) et la Gestapo.


Zone - Résistance (France)
-

En zone Nord occupée, les régions étaient désignées par les lettres:
P : région de Paris.
A : région d'Amiens.
B : région de Bordeaux.
C : région de Châlons-sur-Marne.
D : région de Dijon.
M : Région de Le Mans.

En zone Sud, les régions étaient désignées par la lettre R suivie de 1 à 6.
(voir "R")


Zone Libre - ZL - France
-

Libre jusqu'en 1942 et l'invasion et l'occupation par les troupes allemandes de tout le territoire français. Elle devient alors Zone Sud (ZS).


CDJC - Centre de Documentation juive contemporaine - France
-

Le CDJC fut fondé en avril 1943 avec pour mission de rassembler les documents ayant trait à la persécution des Juifs, notamment économique.


MBF - Militärbefehlshaber in Frankreich - Allemagne nazie
-

Littéralement: "Commandant militaire en France". En clair: l'administration militaire allemande en France. Elle est divisée en deux grandes sections: l’état-major de commandement et l’état-major administratif. L'une et l'autre sont responsables du maintien de l'ordre et de la sécurité.
L’état-major de commandement traite de la collaboration générale entre les autorités d’occupation et le gouvernement de Pétain, de la persécution des juifs, de la politique générale de représailles.
L'état-major administratif s'occupe plus spécialement d'organiser l'exploitation économique de la France au service de l'économie de guerre allemande.


OKH - Oberkommando des Heeres - Allemagne nazie
-

Haut commandement de l'armée de terre allemande.


PJ - Police judiciaire - France

RSHA - Reichssicherheitshauptamt - Allemagne nazie
-

Office Central de la Sécurité du Reich créé en 1939 avec à sa tête Reinhard Heydrich. Après l'assassinat de Heydrich par la Résistance tchèque à Prague, le 8 juin 1942, le poste est confié à Ernst Kaltenbrunner.
Le RSHA comprend 7 divisions (Amt - Ämter au pluriel):
- Amt I : Service du personnel pour l'ensemble du RSHA.
- Amt II : Questions administratives, économiques et droit.
- Amt III : Inland SD (Sicherheitsdienst) - Service de renseignement et de sécurité intérieure.
- Amt IV : Gestapo - Recherche des adversaires du régime et répression.
- Amt V : Kripo - Police criminelle
- Amt VI : Ausland SD (Sicherheitsdienst)- Service de renseignement et de sécurité à l'étranger.
- Amt VII : Documentation, études et recherches idéologiques.


SD - Sicherheitsdienst - Allemagne nazie
-

Service de sécurité responsable de la surveillance intérieure, du renseignement, de l'espionnage et du contre-espionnage du parti.
Dans l'organigramme du RSHA (Office Central de la Sécurité du Reich) le SD est désigné:
- Amt III Inland SD (service de renseignement intérieur)
- Amt VI Ausland SD (service de renseignement à l'étranger)


SS - Schutzstaffel - Allemagne nazie
-

"Echelon de protection" ou "Section de protection".
Créée en 1923, la SS est d'abord la garde prétorienne de Hitler. Sous l'impulsion de Heinrich Himmler qui en prend la tête le 6 juin 1929, elle devient la police du Reich. A partir de 1937, la SS est chargée de la gestion du système concentrationnaire.
Himmler portera le titre de "Reichsfürher-SS".

A partir de 1935, la SS se subdivise en différentes branches notamment:
- SS Verfügungstruppe (troupes mises à disposition), organisées militairement et qui deviennent, au début de la guerre, les Waffen SS.
- SS Totenkopf (tête de mort) chargées de la garde des camps de concentration.

Dans ce texte :

Première manipulation : travestir les termes du débat de Nicolas Bernard le mardi 19 janvier 2010 à 16h15

Selon l'ex-anonyme, "la police d'un pays occupé,- combien de fois faut-il donc vous le dire ?- obéit au-to-ma-ti-que-ment à la puissance occupante", de sorte que Vichy ne serait pas responsable des premières arrestations/détentions/déportations de Juifs jusqu'en 1942 dans la mesure où ces opérations auraient été effectuées à l'initiative des Allemands, lesquels se seraient bornés à réquisitionnés la police française...

Ce qui reste parfaitement inexact, l'ex-anonyme l'ayant d'ailleurs involontairement admis (une aporie qui part rejoindre cette liste déjà très longue).

Une telle inexactitude occulte totalement les initiatives françaises dans la persécution des Juifs, outre de faire croire que l'administration française aurait totalement agi sous la contrainte de l'occupant, alors qu'il n'en est rien (1).

Mais il est vrai que l'ex-anonyme a souvent, sur ce point, changé de version (2).


1) Vichy pouvait défendre les Juifs, mais Vichy a accablé les Juifs, souvent sans la moindre contrainte de l'occupant

Tout d'abord, la police française n'était pas tenue d'obéir "au-to-ma-ti-que-ment" à l'occupant, ce dernier, en vertu des stipulations combinées de la Convention de La Haye de 1907 et de la convention d'armistice, ne pouvant utiliser directement l'administration d'un pays occupé que dans l'unique hypothèse du maintien de l'ordre et de la sécurité de ses propres troupes, et dans la mesure du possible sans violer la législation du pays occupé.

Ainsi que l'indique Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz. La Solution finale de la Question juive en France, Fayard, 2001, p. 16), l'administration militaire allemande cherchait à s'attirer les bonnes grâces de Vichy au lieu de commander : "... la politique permanente [de l'administration militaire allemande] est d'intervenir par le canal des Autorités françaises. Les ordonnances allemandes du Commandant militaire doivent être appliquées en zone occupée par l'Administration française. Quant aux lois et aux décrets du Gouvernement de Vichy, ils sont valables non seulement pour la zone libre, mais aussi pour la zone occupée, à condition toutefois qu'ils ne contredisent pas les ordonnances allemandes. L'existence du Gouvernement de Vichy, institué pour toute la France à titre de pouvoir souverain, confère aux services officiels français en zone occupée la qualité d'émanations du Gouvernement de l'Etat français, sous l'égide duquel ils travaillent. Les ministères de Vichy ont, en effet, leurs représentants en zone occupée auprès du Commandant militaire allemand. Ainsi, chaque acte des services français en zone occupée est un acte de l'Etat français."

C'est ainsi qu'une directive de l'O.K.H. n° 800/40 du 22 août 1940 précisait que "toute l'activité de l'administration militaire sera guidée par ce principe que seules les mesures destinées à l'occupation militaire du pays devront être prises. Par contre, il n'est pas du ressort de l'administration militaire de s'immiscer dans les affaires de politique intérieure française, pour l'améliorer. Pour prendre toutes les mesures administratives qu'elle sera appelée à prendre, l'administration militaire devra emprunter, par principe, le canal des autorités françaises."

Ce qui n'a pas empêché cette même administration militaire de prendre une série d'ordonnances censées exclure les Juifs de la société française en zone occupée. Le 27 septembre 1940, en effet, une Ordonnance militaire allemande interdit le retour en zone occupée des Juifs qui avaient fui. Devaient s'inscrire sur un registre spécial ouvert à la sous-préfecture de leur domicile ceux qui s'y trouvaient encore. L'Ordonnance se fondait sur la législation antisémite allemande édictée à Nuremberg en 1935 pour "définir le juif". Peut-être s'agit-il là du produit d'une pression de Hitler sur ses généraux en France, le Führer étant désireux d'accélérer, chez Vichy, la mise en place d'une législation antisémite, sur laquelle travaillaient déjà les juristes français et qui entrera en vigueur dans la première semaine d'octobre.

En toute hypothèse, une telle intervention violait totalement le Droit international et la convention d'armistice : Vichy aurait donc pu en profiter pour s'y opposer, inviter ses préfets et ses policiers à mettre des bâtons dans les roues de l'occupant. Or, non seulement l'Etat français n'en a rien fait, mais encore a collaboré avec zèle avec cette politique, mettant au point sa propre législation antisémite, mettant à la disposition de l'occupant un fichier recensant les Juifs, recensant les entreprises juives avec enthousiasme. Le 18 octobre sera notamment publié au Journal Officiel le Statut des Juifs, excluant tous les Juifs de la Fonction publique et sur la base d'une définition de la cible plus large que celle des autorités militaires nazies. De son côté, la loi du 4 octobre 1940 prévoyait l'internement des Juifs étrangers dans des camps d'internement ou leur assignation à résidence par les préfets. Ainsi, Vichy avait fait pire que les Allemands : il avait confirmé la césure entre la nation française et ce qu'il qualifiait de "race juive".

Jacques Delarue a parfaitement résumé les moyens d'action du régime de Vichy, que ce dernier n'a finalement pas utilisé pour protéger les Juifs ("La police et l'administration", contribution à C.D.J.C., La France et la Question juive, Sylvie Messinger, 1981, p. 58) : "Le gouvernement de Vichy légiférait en principe pour la France entière, toutes zones confondues, mais il lui fallait soumettre préalablement ses textes s'appliquant en zone occupée à l'approbation du M.B.H.). Il aurait pu aisément jouer sur les différences sensibles qui existaient dans la pratique sur ces quatre zones, s'appuyer sur le fait que la convention d'armistice et la convention de La Haye n'autorisaient pas la puissance occupante à légiférer, enfin utiliser la résolution des militaires de ne pas se mêler des affaires intérieures de la France ainsi que les différends graves qui existaient entre l'administration militaire, détentrice de tous les pouvoirs, la S.S et la SIPO-SD, qui n'en avaient théoriquement aucun, et l'Ambassade, qui n'en avait pas davantage, ou presque."

Au contraire, souligne Jacques Delarue, Vichy a coopéré avec zèle aux manoeuvres de l'occupant, au point, en diverses occasions, d'anticiper ses demandes. S'agissant du tristement célèbre "fichier juif", Delarue écrit (ibidem, p. 59) qu'"on assista au premier exemple d'un zèle intempestif : alors que le texte du M.B.H. prescrivait seulement l'inscription sur un registre spécial, la Préfecture de Police donna une extension extraordinaire à l'exécution de cette demande. Elle créa un ficher multiple par noms, professions, nationalités, adresses et quartiers, fichier si parfait qu'il servira de modèles aux services allemands. Dannecker expliqua dans un rapport à ses chefs que c'est sous sa pression que ce fichier avait été créé. Rappelons que les services allemands pouvaient suggérer, conseiller, voire exercer des pressions, ils ne pouvaient rien imposer dans une affaire intérieure purement française, et Dannecker, dont les pouvoirs étaient à ce moment extrêmement limités, n'avait pas la possibilité d'aller très au delà des prescriptions du M.B.H. Il faut en conclure qu'il y eut là, sur l'ordre de Vichy, un excès de zèle, peut-être une sorte d'orgueil stupide pour montrer ce que l'on était capable de faire."

Autre exemple d'excès de zèle : l'Ordonnance allemande du 18 octobre 1940 prescrivait un recensement des entreprises juives (première étape vers l'aryanisation économique). Le Délégué Général du Gouvernement dans les territoires occupés intervint une fois de plus, et le 7 novembre, le directeur de la P.J. à la Préfecture de Police, Charles Meyer, pouvait diffuser la circulaire n° 227 ordonnant à ladite Préfecture de "vérifier la sincérité des déclarations souscrites et de rechercher tous ceux, individus et sociétés, qui avaient omis de se faire recenser" (ibidem, p. 60).

Cette attitude complaisante du régime de Vichy a considérablement satisfait les Allemands, dans la mesure où ils s'étaient mis à craindre que leurs propres mesures antisémites ne leur attire les foudres de l'opinion publique française, à laquelle ils attachaient une grande importance. De fait, le 30 janvier 1941, au cours d'une conférence entre responsables du R.S.H.A. en France et de l'armée à propos de la Judenfrage, l'adjoint du Représentant du Sipo-S.D. en France, le S.S.-Sturmbannführer Lischka, définit le domaine d'action des autorités allemandes en matière d'antisémitisme (cité in Klarsfeld, op. cit., p. 18) : "Il convient de laisser aux Français le soin de régler la suite, afin d'éviter dans ce domaine la réaction du peuple français contre tout ce qui vient des Allemands. Aussi bien les services allemands s'en tiendront-ils à faire des suggestions."

Cette orientation de la stratégie nazie a pour conséquence, au printemps 1941, une première rafle antisémite. En mai 1941, par l'intermédiaire de l'ambassade allemande en France, les S.S. demandent et obtiennent de Vichy que les Juifs étrangers de zone occupée soient parqués dans des camps, comme tel est le cas en zone "libre", ce en vertu de la loi vichyste du 4 octobre 1940 sur "les ressortissants étrangers de race juive" (cf. supra), que le régime a déjà mise en pratique en zone "libre", arrêtant et internant les Juifs étrangers de ladite zone ! Vichy accepte et coopère sans difficulté, arrêtant et internant dans ses propres camps plus de 3.000 Juifs.

Toutefois, le S.S. Dannecker, chargé des affaires juives en France au nom du R.S.H.A., tente de procéder à d'autres rafles à partir d'une lecture élargie de la convention d'armistice, qui autorise comme on le sait l'administration à réquisitionner les forces de l'ordre dans l'hypothèse très stricte de mesures tendant à la sécurité de ses propres troupes. Dannecker élabore donc un prétexte qui consiste à réprimer le terrorisme communiste, prétendue résultante d'une conspiration juive, ce prétexte étant destiné à amadouer l'armée, qui approuve, et Vichy, qui, informé après ces deux opérations, approuve aussi.

Dans ces conditions, 4.232 Juifs sont arrêtés à Paris entre le 20 et le 23 août 1941, ce qui glace l'opinion publique française. Le 12 décembre 1941, nouvelle rafle, au motif de représailles contre des attentats de la Résistance, puisque conformément à la manipulation de Dannecker il s'agit de faire porter le chapeau aux "fauteurs de guerre internationaux" qu'étaient les Juifs : 743 Juifs masculins sont arrêtés par 460 agents allemands aidés de la police française, 300 autres Juifs sont saisis à Drancy, et un total de 1.043 Juifs sont envoyés au camp de Compiègne.

Mais un tel prétexte ne peut continuellement servir. L'opinion publique française est réticente. L'armée allemande elle-même y trouve à redire. Le chef de l'armée d'occupation en France, le général Otto Von Stülpnagel, écrivait ainsi le 15 janvier 1942 : "Quant aux représailles massives, je ne puis plus, du moins pour l'instant, et dans les circonstances présentes, m'y résoudre en conscience, ni en accepter la responsabilité directe devant l'Histoire en considération de la situation générale et des répercussions de mesures si rigoureuses sur l'ensemble de la population et sur nos rapports avec la France." Stülpnagel poursuivait : "A l'heure actuelle et jusqu'en février ou mars 1942, des difficultés de transport s'opposent aux déportations de communistes et de Juifs vers l'Est qui ont déjà été décidées... Dans cette situation, je ne peux plus procéder à d'autres arrestations et internements en nombre important." Le général allemand n'en précisait pas moins : "A titre de mesures de représailles, j'estime opportun le transfert éventuel à destination de l'Allemagne ou des territoires de l'Est d'un certain nombre de communistes et de Juifs déjà internés, dans la mesure où ce transfert est pratiquement réalisable et où il est conforme aux exigences de la Sicherheitspolizei. Une telle mesure serait certainement d'une grande efficacité générale."

De sorte que, Dannecker lui-même, le 22 février 1942, constate que "quoiqu'une partie de la France soit occupée, il ne serait pas possible d'y agir avec les mêmes procédés et à la même allure qu'en Allemagne".

Bref, réquisitionner la police française pour procéder à des rafles antisémites constituait une violation caractérisée de la convention de La Haye de 1907 et de la convention d'armistice, outre de heurter l'opinion publique française, et, à la longue, d'irriter l'administration militaire. Pris dans leur globalité, ces éléments militaient contre une réquisition directe de la police française. Il fallait donc, plus que jamais, obtenir l'accord de Vichy pour effectuer ces opérations, ce qui ne poserait pas de difficulté, Vichy ayant approuvé et organisé la première rafle de mai 1941, outre d'avoir déjà manifesté sa volonté affirmée de collaborer en matière d'action antijuive, au point qu'il ne s'était pas opposé aux rafles d'août et décembre 1941.

L'ex-anonyme n'en tient pas compte, et s'efforce au contraire de nier l'évidente culpabilité vichyste.

Ce qui l'amène à revenir sur ces trois rafles de l'an 41.

Et ce en modifiant imperceptiblement les termes de l'échange.



2) Les changements de version de l'ex-anonyme

Le 5 décembre 2009, l'ex-anonyme écrivait qu'"entre juin 40 et juin 42, en zone occupée, les Allemands du MBF ne perdirent pas leur temps à négocier; ils commandaient ceci et cela à la police française et celle-ci exécutait leurs ordres sans barguigner. D'où les trois déportations de 41 et aussi celle de mars 42, dans lesquelles Vichy n'eut aucune part. Lisez Klarsfeld."

Ce faisant, l'ex-anonyme commettait, d'emblée, une première falsification des écrits de Serge Klarsfeld, comme je l'ai démontré dans cet article : la première rafle de zone occupée, en date du 14 mai 1941, résulte d'une coopération de l'Etat français avec la section antijuive de Dannecker, cet accord prévoyant que la police française arrêterait et internerait les Juifs étrangers, tandis que les rafles des 20-23 août 1941 et du 12 décembre 1941, effectuées par les Allemands réquisitionnant la police française avant d'en informer Vichy, n'ont suscité aucune protestation de l'Etat français, qui a, au contraire, interné les Juifs arrêtés sans rechigner - voir Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz. La Solution finale de la Question juive en France, Fayard, 2001, p. 19-38.

Bref, il était faux d'écrire que "Vichy n'eut aucune part dans les rafles de 1941", et mensonger d'attribuer une telle inexactitude à Serge Klarsfeld, qui démontre catégoriquement le contraire - voir mon article.

Pris la main dans le sac, l'ex-anonyme a donc modifié les termes de l'équation, écrivant le 6 décembre 2009 : "Or, pour ce qui concerne 1941, les trois déportations de Juifs eurent lieu sans que Vichy en ait même été informé avant leur exécution. Seulement après."

Apprécions le changement de version. L'ex-anonyme, en effet, est passé de l'absence totale d'implication de l'Etat français dans ces rafles à une autre théorie supposant que ce même Etat français n'aurait été informé qu'après leur exécution, ce qui, comme on sait, était faux pour la première rafle et très incomplet pour les deux suivantes, ce que j'ai rappelé à l'ex-anonyme à cette occasion.

Pris au piège, l'ex-anonyme a de nouveau changé de version, inventant une controverse imaginaire sur l'initiative de ces rafles , alors que personne n'en nie, précisément, l'origine allemande, tout le problème étant que, pour citer la réponse de Jacques Ghémard, "Vichy est responsable d'y avoir collaboré activement".

L'ex-anonyme va ainsi persister dans cette stratégie, m'écrivant le 9 décembre 2009 que "je pensais vous avoir suffisamment réfuté en vous obligeant à reconnaitre que l'initiative des déportations revenait aux allemands, d'une part, et que les policiers français n'avaient pas le pouvoir de s'y opposer, de l'autre. Auriez-vous la comprenette difficilette ?" Il reproduira cette phrase le même jour, avant de surenchérir : "Mais vous vous réfutez vous-même : l'initiative est allemande et la police ne peut que régler la suite".

Ce faisant, je n'avais, s'agissant de cette initiative allemande, jamais écrit le contraire - voir mon article, ainsi que celui-ci. Sommé à plusieurs reprises, de produire une citation de mes propos, l'ex-anonyme s'est, bien évidemment, dérobé.

Insistons sur ce point : il n'a jamais été question de nier l'initiative allemande de ces opérations, et tel n'a d'ailleurs jamais été le problème, ni même le sujet en débat. Il s'agissait au contraire de réfuter les allégations de l'ex-anonyme selon lesquelles Vichy n'aurait eu aucune part dans ces rafles. Démasqué, l'ex-anonyme s'est efforcé, on le voit, de travestir les termes de l'échange, d'abord en prétendant que Vichy n'aurait été informé que postérieurement à ces arrestations massives, ensuite en inventant une pseudo-controverse sur leur initiative.

Et voici que l'ex-anonyme prétend que "ni en ce qui concerne les trois arrestations de 1941 en zone occupée, ni en ce qui concerne la déportation du 27 mars 1942, l'Etat français n'eut l'initiative. Parfois, Vichy ne fut même pas informé !"

Ce faisant, s'agissant de l'initiative allemande, il se borne à enfoncer une porte ouverte, ce point n'ayant jamais été discuté. Et en ce qui concerne l'information de Vichy, il se borne à recycler, de manière davantage atténuée, la même inexactitude grossière déjà réfutée - cf. supra.

Ce magistral coup d'épée... dans l'eau se révèle néanmoins intéressant, dans la mesure où l'ex-anonyme, qui a déjà eu à falsifier les écrits de Serge Klarsfeld, se livre en l'occurrence à une véritable manipulation d'un livre de cet historien, de manière à nier ou atténuer la colossale implication de Vichy dans les arrestations de Juifs de 1941. La totalité des citations reproduites, on le verra dans un autre article à paraître bientôt, ont été extraites de leur contexte, voire tronquées, de manière à en déformer le sens.

Merci donc à l'ex-anonyme de m'offrir l'opportunité de démonter une de ses nouvelles dénaturations de texte.

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