1956: la vision de Benoist-Méchin - Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 - forum "Livres de guerre"
Pour profiter de
tous les avantages
de ces pages, vous
devez accepter
les cookies


www.delpla.org, le site de l'historien François Delpla
 
 
 
 Le débat sur ce livre
 
 L'accueil
 Le menu
 Le forum
 Les livres
 Ajouter un livre, ...
 Rechercher
 Où trouver les livres ?
 Le Glossaire
 Les points
 Les pages LdG
 L'équipe
 Les objectifs
 La charte
 Droit de réponse
 L'aide
 
 
 

 


La description du livre


Et les autres livres cités


La description de ce livre


Edition du 03 juin 2013 à 12h28

Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 / François Delpla

En réponse à
-1L’arrêt hitlérien devant Dunkerque : le débat s’anime ! de françois delpla

1956: la vision de Benoist-Méchin de Emmanuel de Chambost le lundi 03 juin 2013 à 12h05

Jacques Benoist-Méchin, 60 jours qui ébranlèrent l'Occident, 1956, écrit ceci, aux pages 169-172 de la collection Bouquins.

« J'envoyai un message de protestation, mais reçus en réponse un télégramme très sec, disant : « Les divisions blindées doivent rester à portée moyenne de canon de Dunkerque (13 à 15 kilomètres). Les mouvements de reconnaissance et de protection sont seuls autorisés. (Note: Les premiers ordres enjoignant aux Panzers de stopper leur avance avaient été envoyés aux troupes la veille au soir, 23 mai)»

« Cet ordre me sembla incohérent. Je décidai de l'ignorer et de traverser le canal. Mes autos blindées entrèrent même à Hazebrouck, coupant les voies de la retraite britannique. J'appris plus tard que le Commandant en chef anglais, Lord Gort, se trouvait justement à Hazebrouck à ce moment-là. Je reçus un ordre, plus impératif encore me sommant de me retirer de l'autre côté du canal. Mes chars furent stoppés là pendant trois jours. »

« J'étais tout à fait à l'avant, avec les premiers chars, près de Bergues, raconte de son côté le général Thoma. De là, je pouvais voir tout ce qui se passait dans Dunkerque. Je communiquai directement par radio avec l'O.K.H., suppliant qu'on me laissât avancer. Ce fut en vain (Note: Le général Thoma, parlant à Liddell Hart, commet ici une erreur. Le 24, aucun Allemand n'était encore arrivé à Bergues et, de Bergues, il est impossible de voir ce qui se passe à Dunkerque. Mais la valeur psychologique de sa déclaration reste entière). »

Tous les généraux allemands se demandaient ce qui avait bien pu motiver cet ordre du Führer.
Von Kleist interrogea Hitler à ce sujet quelques jours plus tard, en lui faisant remarquer que la Wehrmacht avait perdu une occasion unique en n'occupant pas Dunkerque avant que les Anglais s'échappassent.

- C'est possible, répondit Hitler, mais je ne voulais pas que nos chars aillent s'enliser dans les marais des Flandres.

A d'autres interlocuteurs, Hitler expliqua que le nombre de chars immobilisés pour cause d'avarie était si grand qu'il voulait connaître la situation exacte avant de pousser plus loin. Il affirma également qu'il voulait conserver assez de chars pour l'offensive future contre le reste de l'armée française.

Le général Busch, non convaincu par ces arguments, estime que le Chancelier « avait quelque chose d'autre en tête ».
On a discuté à perte de vue sur cette question : quels ont été les motifs réels d'Hitler ? Or, après avoir lu et confronté l'ensemble des témoignages, publiés jusqu'à ce jour sur ce point controversé, il est impossible d'en tirer une conclusion définitive.

- Le Führer, assure le général von Rundstedt, comptait sur une conclusion rapide des opérations à l'ouest. Il n'a pas voulu créer l'irréparable entre le Reich et l'Angleterre, espérant qu'un arrangement surviendrait entre ces deux pays. C'est volontairement qu'il a laissé échapper le gros du Corps Expéditionnaire britannique, afin de faciliter les pourparlers de paix.

- Cette thèse est absurde, rétorque Guderian. C'était en capturant la totalité des forces de Lord Gort que l'on pouvait espérer amener les Anglais à composition. Leur laisser les éléments grâce auxquels ils pourraient lever - encadrer de nouvelles armées, c'était les inciter au contraire à poursuivre la guerre et les ancrer plus fermement que jamais dans leur résolution.

- Goering s'était engagé à régler le sort de Dunkerque avec la seule aviation, déclare le général von Kleist. Il avait supplié Hitler de ne pas accorder cet honneur à l'armée de terre, mais à la Luftwaffe, faisant ainsi de la bataille de Dunkerque une victoire du régime.

- Hypothèse sans fondement, rétorque le général Blumentrit. La Luftwaffe était largement dotée de bombes à shrapnells, qui formaient en explosant une gerbe de petits éclats, propres aux combats contre les troupes de terre ; elle ne possédait pas, à cette époque, les bombes perforantes à explosion retardée, seules capables de percer le blindage des bateaux de guerre. Hitler devait être au courant de ce fait, puisque le colonel Köller, le Chef des opérations de la III, Flotte aérienne, en avait informé lui-même le Groupe d'armées. Il ne faut donc pas s'étonner si l'opinion se répandit rapidement, dans l'État-Major de Rundstedt, que l'ordre d'Hitler ne fut pas uniquement dicté par des considérations militaires, mais aussi par quelque secret dessein politique.

Un seul fait est certain : Hitler arrêta les chars et chargea l'aviation de terminer la bataille. Ce faisant, Goering et lui surestimèrent grandement le pouvoir d'interception de la Luftwaffe.

Cette décision devait avoir des conséquences incalculables. Elle fut la première faute stratégique grave commise par le Haut Commandement allemand depuis le début des hostilités, car elle permit le réembarquement d'une partie des effectifs franco-anglais pris dans la souricière de Dunkerque. et qui, normalement, n'auraient pas dû en réchapper.


Fin de citation Benoist-Méchin

Emmanuel

*** / ***

lue 3739 fois et validée par LDG
 
décrypter

 



Pour contacter les modérateurs : cliquez !

 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes