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Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 / François Delpla

En réponse à -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Merci, mais pas convaincu de Emmanuel de Chambost

Sur le fond de françois delpla le vendredi 07 juin 2013 à 13h05



L’explication diplomatique de l’arrêt devant Dunkerque est, parmi les aspects du nazisme que mon travail contribue à éclairer, une cible assez logique pour des tirs croisés.

Il s’agit en effet, de la part de ceux qui tournent le dos à l’explication militaire encore dominante (quoique toujours formulée d’une façon vague et sans le moindre document démonstratif), d’un effort pour dégager la logique des succès hitlériens, alors à leur zénith : car ils entament leur courbe descendante au moment précis où Hitler ordonne, via Rundstedt, le redémarrage de l’offensive.

Vainqueur, au mois de mai, de la France à la surprise du monde entier, Hitler va au mois de juin sembler continuer d’avancer en occupant le pays et en le contraignant à un armistice, mais dès lors le ver est dans le fruit, même s’il est le seul à le savoir : en arrivant au pouvoir le 10 mai quelques heures après le début de l’offensive, et en s’y maintenant malgré la faillite immédiate de sa politique francophile, Churchill a introduit le doute dans cet esprit dérangé dont la "Providence" avait honoré tous les rendez-vous à partir de 1924.

Les détracteurs de cette idée, quand ils raisonnent au lieu de récriminer, déroulent une série de considérations classiques sur l’incompétence du dictateur, son impulsivité, sa cyclothymie, le désordre de sa gestion et les luttes de clans de son entourage... : autant de considérations qui rendent son parcours sans faute, depuis 1929 et jusqu’à ce matin du 27 mai 1940 qui voit la levée de l’ordre d’arrêt, incompréhensible sinon totalement invisible.

Au contraire, si l’on remarque qu’il y a là un plan longuement ourdi et mis en oeuvre avec constance, tout en s’arrangeant pour le dissimuler, on voit se dégager une solution très simple, et, elle, garantie par des documents. Hitler est en guerre avec la France pour l’écraser, mais avec l’Angleterre pour la ménager. Il n’est pas vrai qu’il ait espéré s’allier avec elle dans les années trente, pour la bonne raison qu’alors il aurait dû renoncer à guerroyer contre la France. Or toutes ses menées entre 1933 et 1939, sur le plan économique, diplomatique et militaire, indiquent qu’il n’a perdu de vue à aucun moment cet objectif, affirmé en 1927 dans le tome 2 de Mein Kampf.

En mettant son poids dans la balance au moment opportun (février 1940) pour orienter les plans offensifs dans le sens d’un pari sur une percée blindée dans les Ardennes, il crée, en cas de réussite militaire, les conditions d’une paix immédiate. Il prend grand soin, par le truchement des suédois Dahlerus et Nordling, d’avertir Paris et Londres que, quelle que soit l’ampleur de son succès sur le champ de bataille, ses conditions de paix seront clémentes. Il a toutes raisons de penser que le gouvernement de Paris signera au plus vite et que celui de Londres, dirigé par Chamberlain, ne trouvera ensuite rien de mieux à faire.

C’est ce plan que dérange Churchill, et tout d’abord en maintenant ses troupes au contact des françaises, globalement assommées et incapables de contre-attaque. En sorte que, le 24 mai, la rupture de accès terrestres de Dunkerque signifierait le bouclage d’une nasse dans laquelle serait prise la quasi-totalité des troupes terrestres britanniques. Ce serait, pour Hitler, une véritable catastrophe et pour Churchill un paradoxal triomphe... s’il ne signait toujours pas la paix et s’il n’était pas renversé par une majorité qui souhaiterait la signer. Winston doit en effet, entre autres montagnes à soulever, nettoyer l’image que la politique anglaise a donnée sous Chamberlain : celle d’un pays complaisant envers Hitler et peu pressé de s’engager sur le continent pour contrarier ses progrès. Perdre son armée dans l’aventure laverait tout d’un coup les péchés de l’appeasement. Le reste dépendant en grande partie des Etats-Unis, eux-mêmes bien passifs devant le nazisme et mis en demeure, par la situation, de s’engager beaucoup plus contre lui.

Si Hitler arrête ses troupes, c’est donc avant tout parce qu’elles vont trop vite : une petite pause ne pourrait-elle permettre qu’on fasse les comptes à Londres et qu’on prenne conscience qu’une paix "généreuse" vaut infiniment mieux qu’une aventure très mal partie ? C’est aussi parce qu’il ne veut pas de prisonniers anglais, dont la capture serait de surcroît une occasion, pour Churchill, de fouetter l’orgueil national... en supposant, toujours, qu’il ne soit pas renversé.

Je terminerai en rappelant qu’une explication diplomatique minoritaire était sur le marché avant celle-ci : Hitler freinerait pour permettre l’embarquement britannique, afin de négocier avec Londres après avoir contraint Paris à l’armistice. C’est inconcevable le 24 mai car les Anglais ne manifestent aucune velléité de s’embarquer : c’est le 26 qu’ils commenceront une fuite éperdue vers Dunkerque ; et de cela, Hitler n’était pas maître : c’est donc bien une paix immédiate et générale que cette suspension de l’offensive pouvait favoriser et c’est donc cela qu’il avait, très vraisemblablement, en tête.

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