A F. Delpla :

De toute évidence, vous m'avez mal lu.

- Je n'invente aucun bloc. Je constate simplement que, comme Arcole et F. Deleu, vous n'avez que peu d'arguments à faire valoir. Si les responsabilités de Pétain étaient si lourdes, il ne devrait pas être si compliqué d'en faire la démonstration.

- Je ne m'en suis jamais pris à "la classe ouvrière" mais aux mesures pour le moins inopportunes décidées par un gouvernement. Quant au Parti du déserteur Thorez, ma critique portait sur sa ligne politique. Vous réduisez les sabotages de la drôle de guerre à des "comportements marginaux". Doit-on comprendre que ces sabotages seraient le fait de militants agissant en violation des consignes du parti ? Même chose, j'imagine, s'agissant de la demande adressée aux autorités allemandes visant à faire reparaître la presse communiste ? L'initiative malheureuse d'un cadre égaré ? Cela dit, je ne considère pas tous les communistes comme des traîtres. Je sais que certains sont tombés face aux pelotons d'exécution en criant "Vive la France". Et je sais aussi qu'en mai 45 d'autres Français qui eux portaient l'uniforme allemand sont tombés face à d'autres pelotons en criant leur amour de la Patrie. Je suis beaucoup moins sectaire que vous le pensez.

J'en reviens au sujet pour constater qu'à présent vous dites sensiblement la même chose que moi : Pétain a bon dos. Vous lui reprochez tout de même d'avoir fait preuve d' "une grande inconscience du danger hitlérien". Mouais. Mais encore...


A F. Deleu :

J'ai lu votre contribution et celle de Serge Desbois avec intérêt. Au delà des reproches, à mon sens injustifiés, adressés par vous à Pétain se dessine le portrait d'une faillite collective.

Deux extraits :

"L'incohérence est partagée effectivement entre civils et militaires mais elle découle à mon avis pour beaucoup, des conséquences de cette mauvaise constitution de la 3ème république avec ses députés élus « à la proportionnelle » d’où ne se dégage aucun bloc majoritaire et qui aboutit à cette cascade de ministères éphémères et irresponsables Ceci à tel point que plus d’un demi-siècle après, pour les historiens et vous, mes chers co-internautes et moi, il est presque impossible de trouver des responsables au désastre de 40 tellement d’hommes avec ou sans uniforme y ont trempé."

"Et puis les responsables sont aussi nos pères et grands pères qui, pour un grand pourcentage d’entre eux n’avaient pas envie de se battre. (...) Tout cela pour rappeler la mentalité de l’époque, la passivité, le laisser-aller, l’aveuglement des Français, la petite vie tranquille dans un monde qui allait commencé la plus grande mutation de tous les temps..."

Je n'ai pas lu le livre de Philippe Masson auquel vous faites référence mais je dispose d'un article de cet auteur publié dans le numéro 28 de la revue Enquête sur l'histoire (aujourd'hui Nouvelle Revue d'Histoire) consacré au rapport des forces entre l'Allemagne et la France en 1938.
Masson y relate la visite du général Vuillemin, chef de l'EM de l'armée de l'air française, en Allemagne au moment de la crise des Sudètes. "De retour à Paris, écrit Masson, Vuillemin affirme sa conviction que l'aviation française ne pourra résister quinze jours à une offensive aérienne allemande". Le général a inspecté des bureaux d'études, des usines et, sur des terrains d'aviation différents, la même formation aérienne...
Doit-on en conclure que la France n'a pas de services de renseignement ? Aucune source au sein de l'appareil militaro-industriel allemand ? Pas la moindre idée de la puissance réelle de l'ennemi ? La faute à Pétain ?