Toujours par deux ils vont... - Himmler's Secret War - forum "Livres de guerre"
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Himmler's Secret War / Martin Allen

En réponse à -3 -2
-1En fait, il ne reste... de françois delpla

"Toujours par deux ils vont..." de Nicolas Bernard le samedi 09 février 2008 à 19h35

Les théoriciens du complot - en l'occurrence, ici, les défenseurs de la thèse du meurtre de Himmler - souffrent du regrettable travers de couper les cheveux en quatre, de manière à brouiller les pistes. En ce sens, ils recherchent l'affrontement sur un ou deux points techniques sans importance pour mieux négliger le contexte.

Dans le cas du suicide de Himmler, les théoriciens du complot "oublient" qu'il est historiquement prouvé que les Britanniques n'avaient aucun intérêt à faire supprimer Himmler sans procès. Certes, Churchill et son Cabinet de Guerre avaient requis l'exécution sommaire des dirigeants nazis tombés entre leurs mains, mais une telle "solution", outre qu'elle prévoyait un accord avec les Alliés, a finalement été abandonnée par le Premier Ministre britannique le 3 mai 1945. Et à cette date, il n'existait aucune opération visant à faire assassiner le Reichsführer S.S. - les fameuses opérations Foxley, qui visaient surtout à abattre Hitler, avaient été enterrées depuis des mois (réticences de l'état-major et du M.I.-6, ainsi qu'au sein du S.O.E. lui-même). A supposer par la suite que Churchill aurait cherché à conforter le gouvernement Dönitz, il lui suffisait tout simplement de mettre Himmler sous les verrous et de l'empêcher d'avoir accès à la presse. Par ailleurs, le Premier Ministre n'ignorait pas qu'à partir de la mi-mai 1945, la survie dudit gouvernement Dönitz devenait de plus en plus problématique. Le dernier "argument" avancé par les théoriciens du complot pour démontrer l'existence d'un mobile tiendrait à une prétendue volonté de Churchill de démobiliser la ferveur des partisans nazis du Werwolf, mais outre que le Werwolf n'a jamais été qu'un fiasco, et que les Britanniques s'en étaient bel et bien aperçus au cours de leur avancée en Allemagne, il était proprement stupide pour eux de tuer Himmler, au risque de stimuler au contraire l'ardeur combative de ces prétendus guérilléros S.S..

Absence totale de mobile, donc. Mais nos théoriciens du complot ne tiennent pas davantage compte de la chronologie des faits, laquelle exclut catégoriquement qu'un tiers ait pu remettre à Himmler une capsule de poison.

Telle est à présent la dernière ligne de défense des "conspirationnistes", qui insistent sur un point de détail qu'ils estiment central : la prétendue impossibilité, pour Himmler, de conserver dans sa bouche une capsule de cyanure.

Himmler, rappelons-le, est identifié vers 19 heures, ce 23 mai 1945, au camp du capitaine Selvester, et trépassera vers 23 h 15, à Lüneburg. Ces horaires sont établis par des documents d'époque et des témoignages dignes de foi, jamais efficacement contestés. Ce qui signifie que le Reichsführer garde dans sa bouche une petite capsule solide et étanche pendant à peine plus de quatre heures. Si inconfort il y a eu, il faut rappeler que Himmler jouait tout simplement son destin, donc sa peau, et que cette capsule de cyanure représentait sa dernière carte à jouer pour tirer sa révérence.

Sa capsule de cyanure était très petite, et pouvait aisément être dissimulée dans sa bouche. Elle n'empêchera d'ailleurs jamais Himmler de s'exprimer, peu avant de mettre fin à ses jours notamment. Comme l'a reconnu un témoin, le colonel Murphy, qui s'exprimait de mémoire en 1964, cette capsule était "suffisamment solide pour résister à une mastication soigneuse et aux liquides - surtout si c'était l'autre côté de la bouche qui était utilisé - mais pas suffisamment pour résister à une action visant à la briser" (Murphy, vingt ans après les faits, estime que la capsule était en "métal fin", mais on sait que sa mémoire lui a joué un tour et que l'objet était en réalité en verre solide). Une description confirmée par le spécialiste des criminels de guerre, Jacques Delarue : "les chefs nazis portaient une capsule de cyanure, parfaitement étanche, dissimulée dans la bouche. Il fallait la broyer pour que le poison agisse. Si elle était avalée accidentellement, la capsule résistait aux acides de la digestion et ne produisait aucun effet" (Jacques Delarue, Histoire de la Gestapo, Fayard, 1963, p. 443). A noter que contrairement à ce que prétend un de nos "conspirationnistes", Daniel Laurent, Delarue ne pouvait s'être fondé sur le témoignage de Murphy, reproduit... deux ans plus tard dans la biographie de Himmler que publieront les historiens Manvell et Fraenkel. Ce type de sottise en dit décidément très long sur la "richesse" des arguments de nos théoriciens du complot.

Ces mêmes individus ne seront pas à une "inexactitude" près. Mais leur argumentaire va varier.

Tout d'abord, ils vont prétendre que cette capsule était en fait fragile. L'un des principaux promoteurs de la thèse du complot, M. Delpla, ira jusqu'à déformer le contenu d'un témoignage, outre de tenter de déduire n'importe quoi d'une photographie d'un modèle de la capsule de poison utilisée, et extraire deux mots d'un autre témoignage de leur contexte, pour prouver pareille ineptie. Ce qui est, il est vrai, on ne peut plus sérieux...

A présent, les théoriciens du complot - qui ne sont pas davantage à une contradiction près - semblent admettre la solidité de la capsule de cyanure utilisée, mais sortent de leur chapeau le témoignage d'un officier britannique, le capitaine Selvester (commandant du camp de regroupement en charge de Himmler le 23 mai 1945 de 19 heures environ à 22-23 heures). Selvester affirme avoir fait ingurgiter à Himmler des sandwiches épais (thick bread) au fromage, avec du thé, dans l'espoir d'amener Himmler à extraire de sa bouche une capsule de cyanure.

Il convient de rappeler pourquoi Selvester procède ainsi. Au cours d'une fouille de Himmler, deux minuscules étuis censés renfermer chacun une capsule de cyanure avaient été retrouvés. L'un de ces étuis était vide. Selvester avait aussitôt effectué la déduction qui s'imposait : le Reichsführer avait conservé sur lui la capsule manquante (les théoriciens du complot n'ont jamais apporté la moindre explication crédible à l'absence de cette capsule, allant jusqu'à oser énoncer que cet objet, d'une valeur réelle aux yeux de tout nazi en fuite à l'époque, aurait pu être perdu par son propriétaire !).

Selvester aurait observé Himmler manger, et n'aurait rien remarqué d'anormal, ce qui malheureusement pour nos "conspirationnistes" ne prouve rien. Car le fait est que le capitaine britannique était tout à fait conscient des limites de sa petite ruse, et que le spectacle du chef nazi dégustant un ou plusieurs sandwiches n'a certainement pas dissipé ses inquiétudes, bien au contraire : "Si ma mémoire est bonne, il était vers 19h 30 ou 20h quand le colonel Murphy est arrivé au camp pour interroger le prisonnier, et j'étais présent pendant cet interrogatoire. Mais je n'ai pas connaissance des propos échangés, car j'étais encore obsédé par la pensée de l'ampoule manquante, et j'observais Himmler attentivement."

Ces mots parlent d'eux-mêmes : Selvester était si "obsédé par la pensée de l'ampoule manquante" qu'il n'a rien suivi de l'interrogatoire ! On est au-delà du simple "doute" (expression de M. Delpla) : c'est bel et bien une certitude qui assaille l'esprit de Selvester. Ce simple fait, qui émane non seulement d'un témoin oculaire, mais également du "témoin-vedette" des partisans de la conspiration, réfute catégoriquement leur thèse - d'ailleurs non scientifiquement démontrée - de l'impossibilité pour Himmler d'avaler un sandwich en conservant entre ses gencives une petite capsule de cyanure.

Selvester affirme avoir à nouveau offert à Himmler des sandwiches qu'il aurait mangés devant 5 ou 6 officiers. Mais à l'issue de cette nouvelle expérience, il ne sera toujours pas convaincu de l'efficacité du procédé, et ne fera nullement fouiller la bouche de Himmler. Or, si vraiment la capsule était si fragile, ou si vraiment il était impossible pour Himmler de réaliser ce prétendu "exploit", pourquoi le capitaine Selvester n'effectuera-t-il aucune fouille buccale de l'intéressé après l'avoir vu parler et manger des sandwiches à deux reprises ? Bien au contraire : le capitaine n'avait pas perdu son inquiétude. Une inquiétude qu'il saura communiquer à son supérieur, le colonel Murphy, dont le premier ordre donné par ce dernier à Lüneburg consistera à ordonner une telle fouille.

M. Delpla prétend certes avoir répondu à la question posée. Mais il ne fait que repousser le problème, car Selvester n'a jamais effectué la moindre fouille buccale, de peur de pousser Himmler au suicide. Preuve qu'il ne croyait pas du tout à la pertinence de sa petite ruse (mais après tout qui ne tente rien n'a rien).

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lue 2852 fois et validée par LDG
 
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1 Fragile ? de Auteur anonymé 10 févr. 2008 10h54


 

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