Tout d'abord merci pour vos compliments. Je ne suis pas en quête de reconnaissance mais cela fait toujours plaisir et surtout cela motive pour le tome 2...

Je vais apporter quelques réponses qui n'ont pas vocation à contredire vos avis et remarques (ils vous appartiennent) mais seulement à éclairer certains "choix rédactoriaux".

-Non, la manière délirante témoignait des circonstances dans lesquelles j'ai lu le hors-série, pas du hors-série lui-même.

Vous me rassurez. Il est vrai que le ton, le style et le volume assez "lourd" du texte laisse peu de place au "délire"... ;-)))

-A titre personnel, j'ai beaucoup apprécié. Dans la forme : clarté du style, riche iconographie, bonne idée également dans la mise en page sur fond noir des éventuelles controverses soulevées par la première année du D.A.K. en Afrique du Nord (je me demande si je ne devrais pas reprendre le concept à mon compte dans mon prochain hors-série).

C'est gentil, même si la première impression que j'en ai retiré en l'ayant en main est celle d'un album de photos riche (c'est une partie de ma collection personnelle) accompagné d'un texte monolythique aussi léger qu'un gros pudding de panse de brebis farcie au lard à la marmelade défraîchie...

Pour ce qui est des "questions", c'est une idée personnelle (dont je suis assez fier), mais qu'il convient de bien manipuler. L'intérêt selon moi n'est pas d'offrir un "prêt à penser" en imposant une vision aux lecteurs, mais plutôt de lui donner des pistes de réflexions, chacun pouvant ensuite se faire son propre avis... C'est comme cela que j'ai voulu les concevoir et la formule est appelée à se renouveler car elle a, à priori, beaucoup plu.

- Sur le fond : analyse aussi précise que convaincante, beaucoup de détails qui n'altèrent pas la compréhension de l'événement. Fait important, vous ne suscitez pas l'intérêt du lecteur à partir de l'anecdote, mais à partir de l'analyse elle-même.

Le texte initial faisait quasiment le double. Ma culture et mon parcours personnel m'on amené à essayer d'apporter des éléments d'analyse différents de ceux que l'on ressasse un peu partout, tout en offrant de la matière brute aux maquettistes et au wargameurs (ordres de bataille détaillés pour des scénarii...).

En creusant la question, on se rend compte que la réalité est très différente de la vision "classique" d'un Rommel survolant de son génie des britanniques armées de "pistolets tir-bouchons" avec les "boulets" italiens au pied...

- Petit étonnement de ma part, au passage, j'aurais pensé que vous seriez bien plus critique à l'égard du Renard du Désert.

Je le suis déjà, mais mon objectif était avant tout de laisser à chacun la possibilité de se faire sa propre opinion. Maintenant, que je ne suis pas d'accord avec certaines critiques habituellement adressées à Rommel, alors qu'il y a d'autres points sur lesquels il est à mon humble avis plus criticable. Et attendez-vous dans le tome 2 à d'autres exemples de cela (les prétendues "incompétence stratégique" et "méconnaissance des considérations logistiques".. tarte à la crême des critiques du Renard du désert sont-elles réellement justifiées ? vous le saurez en lisant le tome 2 HS B&B sur l'Afrikakorps en 1942... ;-))))

- Je n'aurais, pour ma part, qu'une seule réserve : le contexte global est insuffisamment pris en compte. Autant le lecteur deviendra absolument incollable sur le D.A.K., autant la mise en perspective de la campagne africaine de 1941 est assez lacunaire. Il y manque une description de la stratégie globale des Germano-Italiens en Méditerranée, du rôle de Malte à la campagne de Syrie, de l'invasion des Balkans aux manipulations hitlériennes relatives à la France (qui est prête à négocier avec Berlin son guerre au printemps 1941 contre la Grande-Bretagne, sans oublier le rôle de Weygand). Les origines du D.A.K. sont trop vite expédiées. Or, il ne s'agissait pas uniquement de sortir l'armée italienne du pétrin : Hitler comptait simplement pousser la Grande-Bretagne à se rendre, tout en étendant sa zone d'influence à la Méditerranée, aux dépends de l'Italie. Le politique, ici, prime sur le militaire, mais ce point ne ressort pas de votre étude (encore une fois excellente, faut pas croire que j'ai détesté).

Du coup, la vision de la campagne est bien trop "africano-centrée". Or, votre analyse y aurait indéniablement gagné. Vous écrivez, mais sans véritablement développer (sauf erreur de ma part), que les difficultés britanniques sont aussi liées à la nécessité de se battre sur d'autres fronts - le point aurait mérité de plus amples considérations. Autre exemple : lorsque vous mentionnez notamment que l'offensive anticipée de Rommel s'est heurtée à des unités britanniques en instance de départ pour la Grèce (créant une petite controverse chez les historiens militaires, controverse que vous rappelez brillamment), vous auriez pu préciser que c'était autant de troupes que les Allemands n'ont pas eu à affronter pour s'emparer d'Athènes et surtout de la Crète, facilitant ainsi leur conquête. Bref, à ruer dans les brancards, Rommel a en définitive rendu un éminent service à la stratégie allemande.

C'est tout le problème de la définition du sujet. L'histoire militaire de l'Afrikakorps n'est pas à mon avis l'analyse géostratégique des évènements en Méditerranée.

Croyez bien que ces questions me passionnent, mais ce n'était pas le sujet de ce modeste travail.

Ce sera pareil pour le tome 2 : il est évident que l'entrée en guerre du Japon a bouleversé les rapports de forces au point de permettre aux italo-allemands un retour en Cyrénaïque inespéré. De même, l'offensive en Russie méridionale a aussi impacté les choix stratégiques d'Auchinleck, mais ce serait sortir du cadre limité du hors-série.

Pour reprendre votre exemple du printemps 1941 : la critique du choix de laisser "the minimum force possible" en défense de la Cyrénaïque est facile aujourd'hui, mais il s'agissait à l'époque d'un choix rationnel et logique de Wavell. Je ne suis pas sûr que les forces du second échelon du corps expéditionnaire en Grève auraient suffit à mettre en difficulté Marita, mais pour analyser cela (c'est une question intéressante) il faudrait aller trop loin dans le détail d'opérations hors du cadre de ce HS).

La place est limité, étant entendu que des pans entiers de la bataille de Sidi Rezgeh ou des combats quotidiens autour de Tobrouk sont "passés" à la trappe...

Pour finir, sachez que j'ai analysé en détail (grâce aux journaux de marche de la 3. Panzer-division (commandée par un certain Walther Model) de l'été, automne 1940 et hiver 40-41, la constitution et la préparation du DAK. De même, le planniung détaillé des envois en Afrique, et d'autres éléments venant de sources primaires (premiers rapports des échelons techniques du Panzer-regiment 5....).

Mais faute de place... Le problème est que je ne suis pas sûr que cela intéresse le "lecteur moyen" (pas de combat...).

Ma seule ambition en proposant ce Hors-série à Yannis était d'essayer de renouveler un peu les analyses sur cette campagne en apportant une iconographie nouvelle qui nous changerait des sempiternelles photos de l'AWM ou du TM de Bovington...

Après si vous ou d'autres souhaitent intégrer les éléments donnés dans ce HS dans des analyses ou des études plus larges, y compris de manière critique, je ne pourrait qu'être satisfait et j'aurai comme l'on dit "gagné mon salaire"...

Cordialement,

CM