En fait, le massacre d'Oradour
s'intègre dans un dispositif de durcissement de l'action anti-partisans menée par les Allemands. En 1942-1943, ces derniers ont tenté de détruire les réseaux et de capturer les chefs : sans succès durable, malgré quelques prises telles que celle de Jean Moulin. La politique des otages a fait long feu. Et au second semestre 1943, la hantise de Hitler porte sur un débarquement allié en France.
Résultat, au printemps 1944, les directives venues du Haut-Commandement recommandent de ne plus faire de prisonniers parmi les "francs-tireurs", les exactions contre la population civile n'étant pratiquement plus passibles de poursuite dans le cadre de telles opérations de maintien de l'ordre. Des maquis sont écrasés, et des campagnes de terreur menées dans le Limousin par la fameuse "division Brehmer" en mars-avril 1944 : plusieurs Résistants arrêtés et exécutés, mais aussi moult civils tués, et un village (Rouffiniac) incendié, une première en France me semble-t-il. Mais là encore, Hitler, Himmler et l'
O.K.W. ne peuvent que constater leur échec : les actes de résistance suivent en effet une courbe exponentielle.
D'où la nécessité de durcir encore le ton. C'est pourquoi Himmler rend-il visite à la
Das Reich en avril 1944. C'est pourquoi le chef de cette unité, Lammerding, propose la veille du Débarquement d'établir des quotas : pour 1 Allemand tué, 10 Français pendus ; pour 1 blessé, 3 exécutés. Décision approuvée le 8 juin 1944 - d'où les 99 pendaisons de Tulle, entre autres. Mais le contexte a évolué : entre-temps, les Alliés ont débarqué. Pour parer toute menace, il faut encore aller plus loin que ce que suggère Lammerding. Frapper la France de terreur en détruisant entièrement un village paisible. Ce sera Oradour, desservi par Limoges par le tramway, ce qui facilitera la circulation de l'épouvantable nouvelle.