Il y a 3 personnages sur la fameuse photo de la couverture du livre de Péan rappelée ci-contre. La notoriété de deux d’entre eux, Pétain et Mitterrand éclipse complètement le 3ème que personne ne voit. Or le sort de celui-ci mérite d’être rapporté.
Il occupait un emploi à Vichy dans le service de reclassement des prisonniers libérés qui étaient peu nombreux mais dont le nombre allait être grossi des prisonniers évadés. Il était responsable de cet organisme avant novembre 1942 pour la région centre de la zone non-occupée, capitale Vichy.
Tout naturellement après novembre 1942 cet organisme se doubla d’un réseau clandestin destiné à soutenir les évadés et à les soustraire aux recherches de la police allemande et ses sbires français.
Il avait des activités très larges puisqu’il faisait parvenir aux prisonniers candidats à l’évasion, dissimulés dans des colis, des fausses pièces d’identité, copies falsifiées de pièces allemandes.
Dissimuler un document dans un colis aux prisonniers était une pratique courante. Rappelons que le général Giraud avait reçu ainsi dans la forteresse de Königstein à titre de pièce d’identité, en vue de son évasion, un faux permis de conduire allemand au nom d’un homme d’affaire alsacien fictif.
Puis ce réseau de résistance clandestin se développa et s’étendit à toute la France.
Ce 3 ème personnage s’appelait Marcel Barrois.
Dans les semaines qui ont précédé la libération, M. Barrois devait rencontrer à Paris un membre du réseau. Malheureusement il ignorait qu’un autre membre du réseau avait été arrêté dans les jours précédents et la gestapo se présenta au rendez-vous.
M. Barrois fit partie d’un des derniers trains de la mort à quitter la France et mourut pendant l’interminable transport en Wagon à bestiaux.
Je tiens cette histoire d’un ami qui est le gendre de M. Barrois. Mais il paraît que son histoire est rapportée dans un livre écrit par M. Jean Thomas, déporté lui-aussi qui a recueilli dans le wagon les derniers souffles de ce résistant héroïque.
À lire sur cette affaire :
« Jusqu’à un doux petit ruisseau » de Jean Thomas. Imprimerie Lecerf. Édité avec l’appui du Conseil Général de Rouen (1995). Le doux petit ruisseau était la traduction française du lieu-dit en Allemagne où les wagons de ce train déversèrent leurs moribonds. (Vaihingen près de Karlsruhe ?)
« Les mains jointes » de Rémy 1948
« Le train de la mort » de Bernadac |