Dans un "Rebond" du journal Libération, un historien et un réalisateur, tous deux spécialistes des questions liées à la participation des troupes de l'empire dans la Seconde guerre mondiale, ont signé un article sur l'utilisation partisane actuelle de ces soldats.
Un extrait :
Un service exigeant de la repentance et du devoir de mémoire, l'Histoire semble de plus en plus s'écrire sur les plateaux de télévision, à la barre des tribunaux et au Parlement. Ce faisant, elle obéit implacablement aux lois de la médiatisation de masse, celle qui exige de scénariser chaque cause pour la rendre plus populaire, plus universelle, plus assimilable, plus payante. Un manichéisme de feuilleton qui n'admet que des bourreaux et des victimes, des bons et des méchants. Une criminalisation et une victimisation à l'emporte-pièce qui ne laissent aucune place à la complexité des faits et des acteurs pourtant souvent seule capable de rendre compte des comportements respectifs et de trouver quelques éléments de réponse aux traumatismes générés.
L'histoire coloniale française nous offre actuellement une parfaite illustration de ces mécanismes. Parmi d'autres, un fait revient sans cesse : les autorités auraient volontairement exclu ces héros des défilés de la victoire à Paris, en 1944 et en 1945. Des dizaines de photographies, autant de films d'actualités conservés dans les archives de l'armée au fort d'Ivry ou dans celles de Pathé-Gaumont prouvent abondamment le contraire. Ils sont sur les Champs-Elysées le 11 novembre 1944, le 8 mai et le 14 juillet 1945 ; autant de moments où la France, qu'incarne alors le général de Gaulle, entend montrer sa grandeur retrouvée en alignant tous les «fils» de son empire colonial. Depuis, on mélange deux faits : la libération militaire de Paris au cours de l'été 1944 et les différentes commémorations de la victoire qui suivirent.
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RC |