Dans un ouvrage collectif au demeurant discutable, l'une des meilleures contributions, signée Martin Thomas (
« L’Empire français en 1940 : un atout vital ? ») souligne à quel point l’Empire colonial n’a pas été considéré comme fondamental dans la stratégie française.
Cette dernière, en effet, était axée sur un conflit en Europe. C'est sur ce théâtre que les efforts du réarmement ont été déployés. Dans la mesure où nos dirigeants, tant politiques que militaires, n'ont pas imaginé la catastrophe du printemps 1940, ils n'ont pas envisagé de faire de l'Empire un point d'appui.
De fait, ce mode de pensée explique, bien mieux que les faiblesses structurelles ou le choc psychologique de la défaite, pourquoi nos généraux, en juin 1940, considèreront la lutte à partir de l’Afrique du Nord comme une plaisanterie. C'est là encore illustrer la faillite intellectuelle du Haut-Commandement français, incapable de faire preuve d'une vision à long terme qui sortirait des plans tracés au cours des années précédentes.