1942 : Vichy et les Juifs de nationalité française - Vichy dans la "Solution finale" - forum "Livres de guerre"
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Vichy dans la "Solution finale" / Laurent Joly

 

1942 : Vichy et les Juifs de nationalité française de Nicolas Bernard le lundi 07 mars 2011 à 15h32

Dans le cadre d'un - long - fil pollué par le troll vichyste Michel Boisbouvier sur le forum du site de François Delpla, ce dernier écrit :

"Ce "pour commencer" est en tout cas, à mon avis, très intéressant. Je n'irai pas jusqu'à dire -comme Léon semble y avoir tendance- que Laval et Bousquet ont à cette minute l'intention de passer plus tard à des rafles de Juifs français.

"C'est, à mon avis, plus subtil -comme le nazisme : ils sont sous la pression des demandes nazies et parent au plus pressé, en essayant de freiner et en ne sachant pas très bien où tout cela va les conduire. A chaque jour suffit sa peine, ils ne maîtrisent en rien l'avenir.

"Mais il me paraît tout à fait faux, simpliste, binaire etc. de prétendre qu'ils avaient l'intention ferme de rafler les Juifs français quelques semaines ou mois plus tard et que les protestations de l'épiscopat et d'autres les ont fait réfléchir.


Cette hypothèse, cependant, me paraît des plus discutables. Les documents que je cite dans cet article attestent, en effet, que l'accord s'était fait entre les nazis et Vichy, au cours de l'été 1942, sur le principe de l'arrestation et de la déportation des Juifs français après la déportation des Juifs étrangers. Vichy estimait en effet que l'opinion publique française "comprendrait" les rafles visant ces derniers et que, quitte à livrer la totalité, autant procéder par étapes.

Il apparaît que, s'agissant du sort des Juifs français, Bousquet et Laval ont été bien plus affirmatifs que Pétain, lequel me semble, davantage que les premiers, correspondre à l'observation de François Delpla, non par humanité mais par souci de ne pas s'aliéner les "bons Français". Après tout, les Juifs français faisaient, depuis deux ans, l'objet de persécutions (ségrégation, exclusion, expropriation, fichage), qui les avaient mis au ban de la société. Toujours est-il que l'on voit mal pourquoi, si l'opinion n'avait pas protesté, Pétain n'aurait pas également cédé sur les Juifs de nationalité française, à l'instar, d'emblée, de Laval et Bousquet... Au-delà de ces preuves documentaires, d'autres éléments militent en ce sens, notamment le fait que Bousquet ira jusqu'à autoriser les premières déportations de Juifs français à la mi-septembre 1942.

Contrairement à ce qu'écrit François Delpla, ce sont bel et bien les protestations de l'opinion publique française qui conduiront Vichy à faire machine arrière. On l'oublie trop souvent, mais la première réaction du régime avait été de tenter de juguler par la force cette campagne de soutien aux victimes de la "Solution finale", ce qui cadre mal avec l'idée que les décideurs français auraient sauté sur l'occasion pour faire comprendre aux Allemands qu'ils ne pouvaient aller plus loin, comme le suggère pourtant François Delpla.

En toute hypothèse, courant septembre 1942, Vichy s'efforce de ménager la chèvre et le chou. Pour éviter de froisser l'opinion tout en complaisant aux Allemands, l'Etat français se lance dans une politique consistant à mener jusqu'au bout les rafles de Juifs étrangers, sans participer à des opérations s'attaquant aux Juifs français - et va jusqu'à livrer des Juifs étrangers pour éviter à des Juifs français d'être expédiés dans les camps de la mort ! Comme je le rappelle dans mes articles précités, Himmler prend acte de ce sinistre marchandage à la suite d'un message (à ma connaissance jamais retrouvé) de l'adjoint du chef S.S. responsable de la sécurité en France, Helmut Knochen, et donne l'ordre de s'emparer d'un maximum de Juifs étrangers, ordre répercuté à Eichmann le 21 septembre 1942.

Vichy se livre à une autre stratégie hypocrite, pour donner le change à l'opinion, dans la mesure où le régime négocie avec les nazis l'ampleur de la dénaturalisation des Juifs français, pour gonfler les quotas de Juifs étrangers à livrer. Mais la bonne volonté initiale s'érode avec l'accumulation des revers de la Wehrmacht :

1) dans sa lettre du 12 février 1943 à son supérieur Heinrich Müller, chef de la Gestapo, reproduite ici (version intégrale en allemand, la version française a été cependant tronquée...), Knochen mentionne que si Pétain manifeste des réticences à faire déporter des Juifs français, Laval, en revanche, est encore prêt à collaborer sur ce point, à condition de recevoir des Allemands un bénéfice politique.

2) en revanche, sitôt connue la chute de Mussolini, six mois plus tard, Laval lui-même finit par abandonner toute idée de participation à de futures rafles, comme en témoigne ce rapport du représentant d'Adolf Eichmann en France, Heinz Röthke, du 15 août 1943. De fait, la promulgation de la loi portant sur la dénaturalisation des Juifs français bénéficiant de la nationalité française depuis 1927, pourtant signée en juin 1943, est reportée sine die, au grand dam des S.S. et du Commissariat général aux Questions juives.

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