<i>Obtenir des réparations financières</i> ? - Ce que savaient les Alliés - forum "Livres de guerre"
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Edition du 02 décembre 2009 à 16h04

Ce que savaient les Alliés / Christian Destremau

En réponse à
-1Le statut des Juifs de Boisbouvier

"Obtenir des réparations financières" ? de Nicolas Bernard le mercredi 02 décembre 2009 à 15h38

De l'un de mes (longs, désolé) articles, vous ne retenez que le point suivant :

"Quant aux lois et aux décrets du Gouvernement de Vichy, écrit Serge Klarsfeld (Vichy-Auschwitz. La Solution finale de la Question juive en France, Fayard, 2001, p. 16) ils sont valables non seulement pour la zone libre, mais aussi pour la zone occupée, à condition toutefois qu'ils ne contredisent pas les ordonnances allemandes. L'existence du Gouvernement de Vichy, institué pour toute la France à titre de pouvoir souverain, confère aux services officiels français en zone occupée la qualité d'émanations du Gouvernement de l'Etat français, sous l'égide duquel ils travaillent. Les ministères de Vichy ont, en effet, leurs représentants en zone occupée auprès du Commandant militaire allemand. Ainsi, chaque acte des services français en zone occupée est un acte de l'Etat français." A noter que les délégués de Vichy étaient dirigés par le général La Laurencie.


Ce qui vous permet de prétendre avec un bel aplomb : "Merci de confirmer si bien mon dire. Vous dites vous-même que l'application des lois de Vichy en zone occupée n'allait pas de soi à partir du moment où Dannecker, venant à Paris pour y faire autre chose que fréquenter les "cholies mademoiselles", posait à Vichy le problème d'assurer sa "souveraineté" sur cette zone."

La Charte m'interdit malheureusement de qualifier ce genre de procédé. En tout état de cause, non seulement votre citation est tronquée, mais vous déformez mes propos. J'ai au contraire rappelé que les Allemands avaient pris la décision, s'agissant des affaires intérieures françaises, et notamment de la "question juive", de "laisser aux Français le soin de régler la suite, afin d'éviter dans ce domaine la réaction du peuple français contre tout ce qui vient des Allemands. Aussi bien les services allemands s'en tiendront-ils à faire des suggestions" (conférence R.S.H.A. - Armée du 30 janvier 1941). Dès le 22 août 1940, l'armée avait donné le ton : "Toute l'activité de l'administration militaire sera guidée par ce principe que seules les mesures destinées à l'occupation militaire du pays devront être prises. Par contre, il n'est pas du ressort de l'administration militaire de s'immiscer dans les affaires de politique intérieure française, pour l'améliorer. Pour prendre toutes les mesures administratives qu'elle sera appelée à prendre, l'administration militaire devra emprunter, par principe, le canal des autorités françaises."

"Le gouvernement de Vichy, rappelait à ce propos Jacques Delarue ("La police et l'administration", contribution à C.D.J.C. : La France et la Question juive, Sylvie Messinger, 1981, p. 58), légiférait en principe pour la France entière, toutes zones confondues, mais il lui fallait soumettre préalablement ses textes s'appliquant en zone occupée à l'approbation du M.B.H.). Il aurait pu aisément jouer sur les différences sensibles qui existaient dans la pratique sur ces quatre zones, s'appuyer sur le fait que la convention d'armistice et la convention de La Haye n'autorisaient pas la puissance occupante à légiférer, enfin utiliser la résolution des militaires de ne pas se mêler des affaires intérieures de la France ainsi que les différends graves qui existaient entre l'administration militaire, détentrice de tous les pouvoirs, la S.S. et la Sipo-S.D., qui n'en avaient théoriquement aucun, et l'Ambassade, qui n'en avait pas davantage, ou presque.

Or, Vichy ne tenta rien.




> Toute la politique d'esquive de Vichy a consisté à jouer
> des rivalités et surtout des obscurités dans les
> compétences existant entre les différents services de
> l'occupant allemand. Avec un art consommé, Vichy a su
> jouer de l'opposition entre les SS et le MBF et, au sein
> de la SS, entre Dannecker et Oberg-Knochen.

Faux, à plusieurs titres :

1) L'armée ne s'est pas opposée à la politique antisémite des S.S..

2) Si des dirigeants vichystes ont essayé de miser, qui sur Dannecker, qui sur Oberg, c'est afin de prendre le contrôle de la politique antisémite de Vichy au nom de la logique selon laquelle la lutte contre les Juifs devait être spécifiquement française, et non d'importation allemande.

A cet égard, Dannecker avait marqué un point en obtenant la nomination du délirant Darquier de Pellepoix à la tête du Commissariat général aux Questions juives, le 6 mai 1942. Son prédécesseur, Xavier Vallat ne plaisait pas aux Allemands, car trop attaché à coordonner lui-même une politique antisémite que l'occupant ne désapprouvait pas sur le principe. Il avait osé déclarer à Dannecker : "Je suis un plus vieil antisémite que vous, je pourrais même être votre père, à cet égard". En d'autres termes Vallat se considérait comme un singulier patriote : à ses yeux, exclure les Juifs de la nation devait rester l'apanage de Vichy. Cette indépendance française en la matière devait se traduire par des mesures infiniment plus graves envers les Juifs que celles prévues par l'occupant.

A cet égard, la loi du 2 juin 1941, oeuvre de Vallat, s'est révélée plus sévère encore que le Statut des juifs du 3 octobre 1940, comme l'admettra Dannecker lui-même : "La définition française [de la notion de "Juif"] étant plus large [que la notion précisée dans l'Ordonnance allemande du 26 avril 1941], elle devra servir de base aux cas douteux." Il parlait des déportations de masse qui allaient frapper la France dès le mois de juillet 1942. (cf. Claude Lévy/Paul Tillard, La grande rafle du Vel d'Hiv, Robert Laffont, 1967, rééd. 1992, p. 21). Cette curieuse conception de l'orgueil national a causé la perte de Vallat, et son remplacement par Darquier.

Mais de son côté, René Bousquet ne l'entendait pas de cette oreille et s'efforçait de lutter contre l'émergence d'une politique politique anti-juive qui lui échapperait car confiée à Darquier. C'est pourquoi il négocierait avec Oberg et Knochen le court-circuitage de Darquier et de Dannecker en supprimant la Police aux Questions juives, remplacée par la Section d'Enquête et de Contrôle, la S.E.C. Knochen déclarera, à ce titre, que "nous nous sommes alors appuyés sur la police française, c'est à dire que nous avons accepté les propositions de Laval et Bousquet pour supprimer la police anti-juive. Dannecker, en tous cas, n'a plus eu la possibilité de traiter directement la question juive avec Darquier de Pellepoix. Dannecker ne parvint pas à agir comme il l'aurait voulu. Il a donc dû faire agir par nous sur Laval." (Klarsfeld, op. cit., p. 65)

Mais Bousquet ne cherchait pas à contrer Darquier par volonté de s'opposer aux volontés allemandes intéressant la déportation des Juifs Comme l'indique un document allemand, "le Reichsführer S.S. a été impressionné par la personnalité de Bousquet. Il partage maintenant manifestement la conception représentée jusqu'ici par Oberg, à savoir que Bousquet est un collaborateur précieux dans le cadre de la collaboration policière et qu'il serait un adversaire dangereux s'il était poussé dans un autre camp. Bousquet est une personnalité si forte et si active qu'il jouera certainement à l'avenir dans la politique française un rôle qui dépassera le cadre de son autorité actuelle en tant que secrétaire général à la Police." (rapport du conseil général allemand Schleier, A.N.-WIII-89, cité par Klarsfeld, op. cit., p. 53)

Quant à Oberg, le fait d'avoir apparemment lâché Dannecker (qui n'en continuerait pas moins à procéder aux déportations) lui permettait de passer pour un interlocuteur modéré auprès de Vichy. Les nazis souhaitaient en effet procéder à la déportation par étapes, au nom de du souci de ne pas mécontenter l'opinion publique française. Dannecker, le 22 février 1942, reconnaissait lui-même que "quoiqu'une partie de la France soit occupée, il ne serait pas possible d'y agir avec les mêmes procédés et à la même allure qu'en Allemagne". Comme l'a fait remarquer Klarsfeld (op. cit., p. 42), Dannecker "néglige surtout le fait que son action a des implications importantes tant sur le Gouvernement de Vichy que sur l'opinion publique française. Les supérieurs de Dannecker, surtout Knochen et Hagen, pour lesquels la Question juive est moins prioritaire que le bon déroulement de la politique de collaboration profitable à l'effort de guerre hitlérien, ainsi que le maintien de l'ordre en France et de la sécurité des forces d'occupation, trouveront gênant et maladroit l'extrêmisme anti-juif de Dannecker, d'où son élimination en juillet 1942. Ils chercheront pour leur part à atteindre des objectifs plus réalistes dans la Question juive en évitant, tant qu'ils le pourront, l'affrontement avec Vichy, tout en s'appuyant sur l'engagement de la police fraçaise." Présenter au départ des revendications modérées pour, une fois la chose acceptée, passer à l'étape supérieure, est l'essence même de la manipulation.

Il fallait également tenir compte de la position de l'armée allemande. Vous écrivez que celle-ci "n'étant pas antisémite, la persécution des Juifs fut le fait de Dannecker qui résidait non avenue Kléber comme le MBF mais à l'ambassade d'Allemagne, rue de Lille." L'armée s'est pourtant faite progressivement l'un des instruments de la "Solution finale" en France. Dès le 27 septembre 1940, elle interdisait le retour en zone occupée des réfugiés juifs. L'armée allait également accepter les premières rafles antisémites de 1941 sous le fallacieux prétexte (utilisé également en Allemagne, en Serbie, en future ex-U.R.S.S.) que les Juifs étaient le vivier de la guérilla communiste.

Le chef de l'armée d'occupation en France, le général Otto Von Stülpnagel, était certes peu favorable à la politique de réprésailles, comme l'indique son rapport du 15 janvier 1942 : "Quant aux représailles massives, je ne puis plus, du moins pour l'instant, et dans les circonstances présentes, m'y résoudre en conscience, ni en accepter la responsabilité directe devant l'Histoire en considération de la situation générale et des répercussions de mesures si rigoureuses sur l'ensemble de la population et sur nos rapports avec la France." Stülpnagel poursuivait ainsi : "A l'heure actuelle et jusqu'en février ou mars 1942, des difficultés de transport s'opposent aux déportations de communistes et de Juifs vers l'Est qui ont déjà été décidées... Dans cette situation, je ne peux plus procéder à d'autres arrestations et internements en nombre important."

Mais c'était pour mieux approuver les déportations de Juifs. Car le général allemand achevait ainsi sa missive : "A titre de mesures de représailles, j'estime opportun le transfert éventuel à destination de l'Allemagne ou des territoires de l'Est d'un certain nombre de communistes et de Juifs déjà internés, dans la mesure où ce transfert est pratiquement réalisable et où il est conforme aux exigences de la Sicherheitspolizei. Une telle mesure serait certainement d'une grande efficacité générale."

Ainsi, petit à petit, l'armée elle-même allait se rendre complice des déportations. Hitler avait parfaitement réussi à faire en sorte, non seulement qu'elle y participe, mais encore qu'elle les réclame !

Pour finir, vous écrivez que "Klarsfeld est l'avocat de l'AFFDJF et il a besoin de la culpabilité de l'Etat français pour obtenir des réparations financières." C'est bien connu, dès qu'il est question d'argent, les Juifs ne sont jamais bien loin, nicht wahr ?

P.S. Vous me demandez : "Lisez mon livre. Mais il n'existe aucun livre d'un certain M. Anonymé portant sur le sujet considéré.

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