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Edition du 01 octobre 2009 à 17h53

A livre ouvert ... / les contributeurs de "Livres de Guerre"

 

Humeur de d.zambon le jeudi 01 octobre 2009 à 17h44

Bonjour à tous,

Je quitte quelques instants mes copies avant de casser quelque chose ou de voir ma tension nerveuse grimper dangereusement. Francis ne m'en voudra pas de ce post hors-LDG. D'ailleurs il me semblait -sauf erreur de ma part-, que LDG avait récemment ouvert une rubrique destinée à faire office de "soupape", pour des contributeurs désirant écrire sur autre chose que des "livres de guerre". Mais je ne la retrouve pas.... .

Je suis en train de corriger un évaluation de niveau 3ème. Il s'agit d'un petit ensemble documentaire sur le thème "La vie au front et à l'arrière. 1914-18". Les documents sont composés d'une photo de soldats français dans les tranchées, d'un témoignage de quatre lignes, d'un tableau sur l'évolution et la diversification des activités des usines Renault durant cette période (avec le % des effectifs féminins) et enfin d'une affiche de propagande. Les élèves sont évalués au moyen d'un exercice type "brevet des collèges", c'est-à-dire une petite série de questions et un paragraphe argumenté d'une vingtaine de lignes à rédiger. Je précise que cette première évaluation de l'année a été effectuée à la maison par les élèves: ils disposaient des consignes, de leur cours et bien sûr de l'aide des adultes (au moins pour une petite relecture, afin d'éviter les fautes de syntaxe). Ils avaient une semaine (dont le week-end) pour mener à bien l'exercice. Cet exercice devait faire office d'entraînement avant un prochain, du même type, à faire en classe.
Le résultat global n'est pas bon. Je vous passe la présentation des copies: écriture illisible, ratures, j'en passe et des meilleures. L'expression française, à de rares exceptions près, est épouvantable. Le plus désolant, c'est la syntaxe. Le plus souvent, on ne comprend rien de ce qui est écrit. Leur vocabulaire est pauvre, voire très pauvre. On a beau insister en cours sur la nature d'un document (texte, photographie, gravure, peinture, affiche, etc.), tout leur échappe. Quatre poilus dans un boyau étroit (le but étant de leur faire écrire "guerre de position"), et ils voient des "monsieurs cachés derrière de gros rochers" (sic). Le témoin dit que les "hommes cherchent à se préserver de l'eau et de la terre": je leur demande pourquoi (cela a été évoqué en cours, notamment lors du travail sur une courte séquence vidéo prise dans "paroles de poilus"). Eh bien certains répondent que c'est parce qu'ils ont "faim et soif", alors ils "se gardent de l'eau et de la terre". Certes, "se préserver" est proche de "se réserver". Certes ils sont jeunes (quoique... 14 ans en moyenne). Mais je leur avais vivement conseillé d'utiliser un dictionnaire puisqu'ils travaillaient à la maison.
Le paragraphe argumenté ("terreur des élèves"... dès qu'on leur demande de rédiger, ils blêmissent), justement, ne l'est pas. La consigne est de réinvestir le vocabulaire spécifique (poilus, tranchées, mutineries, propagande, censure, bourrage de crâne, munitionnettes, guerre totale, etc.). Mais les consignes ne sont pas lues, ou pas assez, ou encore, totalement incomprises. Pour évoquer l'arrière, un gamin écrit que les soldats s'y reposent et y jouissent de quelque distraction, comme les prostituées (sic).
C'est en corrigeant ces inepties, rédigées dans ce qui est et restera longtemps, je le crains, leur première langue étrangère, que je repense aux discussions radiophoniques saisies au vol la semaine dernière: cours de français (remise à niveau) dans de grandes écoles ou de grandes entreprises, la "trop grande difficulté" que représente notre langue "qui n'a pas su évoluer" (sic). Puis des joutes verbales au sujet de notre très mauvais système scolaire, impossible à réformer par la faute des profs (vrai, en partie), cette caste de branleurs (il y en a, comme partout) qui ne travaillent que 15 ou 18 heures par semaine (ça, c'est devant les élèves et sans heures sup; et moi, j'aime les heures sup, et j'ai la chance d'en avoir 4! Sans ça, je ne pourrais pas vivre correctement). C'est bien trop difficile ce qu'on demande à nos chères têtes blondes (zut, c'est vrai qu'on est dans une société multiculturelle... désolé, l'expression est bien désuète). Vive la Finlande! Il y a plus de rennes que de Finlandais dans ce grand et beau pays, où les élèves font leur programme, viennent quand ils veulent, tutoient les profs, n'ont pas de notes, ne passent pas le bac. Le Paradis (bémol: il y a des adeptes du "tir aux pigeons" dans les établissements scolaires). Bref. Ecrire (surtout en français), c'est nul. D'ailleurs, c'est tellement nul que certains, ont écrit "histoire" sur leur cahier... en arabe. Réfléchir? Ultra nul!! Argumenter? Ben pourquoi? Faire son exercice en autonomie pendant 5 minutes? Pfffff.... vaut mieux en profiter pour rédiger (non, ce verbe est inadapté) un petit mot sur un bout de papier froissé afin de savoir si X a "sucé la bite" (sic... c'est du vécu, ça, mes seigneurs!) d'Y, ou le faire par SMS. Apporter ses affaires (cahier, manuel, trousse, quelques crayons)? Ca va pas non!! C'est lourd m'sieur! Ou bien "mais ça ne rentre pas dans mon sac Longchamp" (sic. Une élève de 2nde, l'année dernière). J'ajouterai que j'ai aussi des 1ères et des terminales, et que ça ne vole pas beaucoup plus haut, tant dans l'attitude que dans le domaine des connaissances de base (impossible, il y a quelques jours, en Terminale ES (histoire-géo: coeff. 5 au bac), de savoir si la guerre était terminée en Europe au moment de la conférence de Yalta). Explication logique: ils s'en foutent!
Et nous, nous devons faire un programme, très lourd (dans toutes les matières d'ailleurs), concocté par des rats de ministère, déconnectés depuis des siècles de la réalité scolaire, de l'indigence intellectuelle et culturelle des gamins et de leurs parents (qui vous menacent si vous confisquez le portable, ce prolongement naturel de la dextre de nos futurs prix Nobel), dont la diarrhéique démission (des parents) noircit un tableau déjà bien terne, surtout en matière de respect (pourquoi respecter un "branleur de prof" qui "gagne beaucoup moins que moi". Dixit un parent). Même chose pour les inspecteurs, dont les "conseils" sont parfois contradictoires: les uns veulent que vous colliez aux instructions officielles, les autres non! Ils vont supprimer les IUFM (moi, j'avais trouvé ça bien, et mes formateurs étaient excellents, peut-être parce qu'ils étaient des profs en activité, qui avaient le même quotidien que nous)? Ils feraient mieux de supprimer les inspecteurs, dont le jugement est naturellement faussé (le cours n'est JAMAIS pareil avec un "corps étranger" dans la classe... ). Il faut faire ci, il faut faire ça... ben qu'ils le fassent! La seule chose qui fasse qu'on ne baisse pas les bras et qu'on ne se contente plus que du médiocre et de la routine (en se disant que même si l'inspection est mauvaise, on ne risque rien), ce sont les 10 à 20% d'élèves qui font des efforts, participent, font vivre positivement la classe, s'investissent, sont heureux d'apprendre. Certains sont brillants. C'est ce qui maintient, en partie, la flamme.

AAHHHHH... ça fait du bien. Bon j'y retourne (en apnée).
Amicalement
David Z.

PS: j'en entendu à la radio que de moins en moins de jeunes ont envie de faire prof. Ca vous étonne? Pas moi.

*** / ***

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