Bonsoir,
L'histoire des BMC [*], sujet délicat s'il en est, n'est guère abordée par les historiens. Mais comme un élève de David, plus déluré que les autres (l'élève pas David), a lancé le sujet, pourquoi LdG ne poursuivrait-il pas le débat.
Pendant la Première Guerre, la longue séparation des sexes et la continence forcée des hommes au front, fut un réel problème. L'Armée n'avait rien prévu. La guerre devait être courte et les Etats-Majors ne s'étaient pas interrogés sur les frustrations des soldats. Le conflit s'éternise et les services de santé commencent à s'inquiéter des conséquences des amours frelatées. Dans une société où la moralité et le patriotisme sont des vertus cardinales, la prostitution est tout naturellement prohibée. Les prostituées sont arrêtées et expulsées loin à l'arrière du front. Mais rien n'y fit ! Un inspecteur de la prévôté militaire se désole "Plus j'en fait partir, plus il en revient".
Devant l'ampleur du phénomène, l'armée organise des conférences dites "hygiéniques" ... en réalité de véritables leçons de morale. "Pour ne pas contracter de maladies, il n'est vraiment qu'un moyen efficace: ne pas s'y exposer. La chasteté ne fait rire que les imbéciles" écrit une brochure officielle distribuée aux poilus sans pour autant les émouvoir. Ils continuent à se précipiter vers les maisons de tolérance ne fut-ce que pour se prouver qu'ils sont encore vivants.
L'armée décidera finalement à encadrer et à contrôler le phénomène. Elle encourage l'ouverture des maisons de tolérance près du front et délivrera aux prostituées des laissez-passer.
Finalement, début 1918, l'armée réglementera l'ensemble de la prostitution militaire en créant des bordels réservés aux militaires "dans toutes le localités où existent des rassemblements de troupe". L'armée se chargera de fournir les locaux et au besoin de les construire. L'armée engagera les tenanciers, recrutera les filles après examen sanguin, édictera les règlements internes, fournira la lingerie (serviettes, draps...)
Et c'est ainsi que l'armée deviendra proxénète. ! Un malheureux officier désabusé confiera "Je ne pensais pas finir ma carrière comme sergent recruteur de bordel"
[*] BMC : Banalité Militaire Controversée sinon clic sur la loupe à décrypter.
Bien cordialement,
Francis.
PS. "On" raconte que lorsqu'on avait besoin de Pétain pour une réunion ou une décision urgente, les estafettes avaient pour consigne de le rechercher dans les maisons de tolérance assidûment fréquentées par Pétain.
PPS. David a-t-il retrouvé le moral ? |