"Outre que vous ne gardez d'un message que ce qui vous arrange..."
Je n'en garde pas ce qui m'arrange, j'en garde l'essentiel, à savoir la description d'un Hitler dément, se jetant sur le sol pour bouffer le tapis.
"...il est de toute façon rare (euphémisme) quelle que soit la matière qu'un "ouvrage de référence" soit daté de 50 ans sans avoir terriblement souffert de l'usure du temps."
Ce qui permet de tout justifier... Le problème est que c'est faux. Je connais d'excellents ouvrages datant des années 60 comme le livre de Peter Hoffmann sur l'opposition allemande ou celui de Stein sur les Waffen-SS qui restent les ouvrages de référence. Les productions ultérieures sur les mêmes thèmes leur sont souvent très largement inférieures.
Quoi qu'il en soit, avec Shirer, nous ne sommes pas dans "l'usure du temps" puisque l'ouvrage en question a fait l'objet de très sévères critiques dès sa sortie, critiques lui reprochant entre autres choses sa partialité, les procédés utilisés, son absence de rigueur et pointant le peu de valeur scientifique de son ouvrage.
Par ailleurs, si Shirer comme vous l'indiquez a travaillé à partir d'une montagne d'archives, cela devrait le prémunir, au moins en partie, de "l'usure du temps".
"Ce qui intéressera notamment l'historien au délà de l'anecdote c'est que ce type de discussion ait eu lieu entre un journaliste allemand et un journaliste américain à Berlin en septembre 1939 (pas de raisons d'en douter)..."
Passionnant !
"..., et qu'Hitler ait eu cette image de "bouffeur de tapis" dans certains milieux, comme de "petit caporal de Bohème" dans d'autres."
Là encore, quel scoop ! Hitler avait des opposants qui disaient du mal de lui et le qualifiaient de "caporal de Bohême" (Hindenburg) et non pas de "bohème" (Aznavour). Les bons livres, comme les bonnes chansons, échappent à l'usure du temps.
"C'est à l'historien de prendre du recul face aux sources qu'il exploite et confronte entre elles."
Et, surtout, de faire la différence entre les sources fiables et celles qui ne le sont pas. |