***il désamorça la vindicte allemande en lâchant dans un communiqué ce mot assez vague de collaboration qui se trouvait déjà dans l'armistice***
là il y a à peu près un mensonge par mot :
-Vichy est à l'initiative de la collaboration, du moins publiquement (en fait, Abetz manipule force interlocuteurs pour les inciter à courber l'échine de plus en plus), et elle est proposée par Pétain dès son allocution du 10 octobre;
-le communiqué d'après Montoire est franco-allemand;
-dans l'armistice, la collaboration n'est évoquée qu'entre l'administration française de zone occupée et les autorités allemandes sur place -nullement au niveau des gouvernements;
En revanche, ce membre de phrase
***et dont on allait chercher pendant quatre ans à définir le contenu***
est on ne peut plus exact et, si on le lit bien, terriblement auto-accusateur; cependant, il y a une césure au milieu de ces quatre ans, au début de 1942 : pendant tout son ministère mais surtout au second semestre de 1941, Darlan recherche avec frénésie la signature d'un traité qui mette fin au statut d'occupation, moyennant une certaine participation de la France à la guerre du côté de l'Axe. L'espoir s'envole lorsque Hitler fait la sourde oreille à des offres vichystes très précises, auxquelles Pétain a donné son consentement le 11 janvier 42.
J'ai récemment perçu ce tournant plus clairement, en travaillant sur Mandel... dont l'exécution après un bref procès à Riom, ainsi que celle de Reynaud, eût été dans la corbeille de mariage.
L'affaire tourne en eau de boudin, Riom ne voit comparaître que Daladier, Blum et quelques autres pour avoir mal préparé la guerre et non pour "bellicisme", et le retour de Laval au pouvoir en avril marque, contrairement à la légende, l'émergence d'une conception beaucoup plus restrictive de la collaboration... mais qui, elle, va être mise en oeuvre, notamment aux dépens des Juifs. |