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Les secrets d'une reddition / Allen Dulles

 

Un résumé de cette histoire de Christian Favre le lundi 25 août 2008 à 08h12

Ce résumé provient des livres de l'Anglais Jon Kimche et de l'Américain Allen Dulles


Allen Dulles, chef de l'OSS (ancienne CIA) en Europe

L'agent sans doute le plus important qui s'est établit en Suisse est l'Américain Allen Dulles. Il avait été chargé par Donovan, le chef des renseignements américains en Europe, de monter un bureau OSS (Office Services Stratégiques, ancienne CIA). Sa première mission était d'appuyer les divers mouvements de résistance financièrement et par des renseignements ainsi que par tout moyen secret, exploitation des points faibles dans les empires de Hitler et Mussolini. Dulles connaissait déjà la Suisse en tant que diplomate pour y avoir séjourné lors de la première guerre mondiale, il réussit donc facilement à persuader son chef de s'installer plutôt en Suisse qu'en Grande-Bretagne. Le 2 novembre 1942 Dulles s'envola pour Lisbonne et de là il prit le train. Mais c'est juste à ce moment que les Américains débarquèrent en Algérie, rendant ainsi des plus dangereuses la traversée de la France. Arrivé en Espagne Dulles aurait pu renoncer mais il prit le risque de continuer en espérant ne pas être découvert, par chance c'est ce qui arriva. Mais à Annemasse il fallait encore passer la frontière, tous les voyageurs devaient descendre du train. A Washington on l'avait averti qu'un agent de la Gestapo vérifiait les papiers. Selon ses déclarations un gendarme français intervint et lui déclara que selon de nouvelles directives il devait en référer au maréchal Pétain. Dulles alors lui tint un discours patriotique enflammé qui finalement eut pour effet qu'il réussit à prendre le train pour Genève, quant à l'agent de la Gestapo il n'était plus à son poste, c'était le moment où il avait l'habitude de prendre une bière. Son arrivée en Suisse fût loin d'être discrète, en effet un journaliste publia un article à son sujet ce qui alerta de nombreux agents et autres espions qui cherchèrent son contact. En fait cet événement entrait parfaitement dans la stratégie de son chef selon laquelle il était préférable d'entrer officiellement dans ce genre d'action. Ainsi Dulles s'installa à Berne et commença son activité, comme elle prit de l'ampleur il engagea du personnel parmi les Américains établis plus ou moins volontairement dans notre pays, ce qui était le cas pour certains d'entre eux qui ne parvinrent plus à sortir de Suisse lors de la fermeture des frontières.
Des adversaires d'Hitler en Suisse collaborèrent avec Dulles, citons Gaevernitz, Allemand de naissance, naturalisé américain, il avait de nombreux contacts avec les opposants au nazisme, Hoegner qui avait été le procureur lors du procès à l'encontre d'Hitler en 1923, ainsi que Givesius vice consul d'Allemagne à Zurich. Dulles cite les informations qui lui sont parvenues d'Allemagne au sujet des fusées V1 et V2 à Peenemünde dans la Baltique. Mais tous ces renseignements devaient parvenir aux Alliés, pour ce faire Dulles mentionne l'aimable collaboration de la radio commerciale suisse. La guerre secrète a ceci de particulier qu'elle met en avant des astuces, Dulles sachant que toutes ses conversations étaient écoutées par les SR suisses, s'arrangeait quelquefois au cours d'une conversation téléphonique pour y faire une réflexion à l'intention des SR.
Après l'échec de l'attentat contre Hitler, le 20 juillet 1944, la pression à l'encontre des hauts officiers allemands augmenta considérablement. La plupart de ceux-ci savaient pourtant que la défaite était inéluctable mais Hitler, dans sa démence, avait ordonné que l'armée devait pratiquer la"terre brûlée" en cas de retrait. La terre brûlée signifiait détruire et tuer. Hitler espérait entraîner toute l'Europe dans sa chute. Pourtant Dulles et Gaevernitz étaient convaincus que nombreux étaient les Allemands qui désiraient en finir avec le nazisme. Les Alliés exigeaient des Allemands une "reddition sans condition" ce qui ne facilita pas la fin de la guerre mais cette exigence avait une raison qu'il faut aller chercher à la fin de la première guerre mondiale. En 1918 les Allemands s'étaient rendus alors que leur armée n'était pas détruite et l'acceptation des exigences de la reddition par les responsables allemands avait été qualifiée de "coup de poignard dans le dos".Ainsi les Alliés ne voulaient pas répéter l'histoire en laissant la moindre chance de survie à l'armée et à l'idéologie nazie. Remarquons tout de même en passant qu'il n'y a aucune commune mesure entre l'Allemagne de 1918 et le nazisme. Dés lors on comprend toute les difficultés que purent avoir certains hauts officiers allemands dans de telles conditions, pris entre le rêve et la suspicion d'en finir. Il ne faut pas négliger non plus le poids qu'avait pour ces officiers le serment qui les liait à Hitler même si cela rappelait des faits d'un autre âge. En plus ils étaient continuellement surveillés par les SS qui étaient amenés à prendre leur pouvoir. Si Hitler pouvait sans pitié abattre un Rommel, un Witzleben et un Canaris, qui donc pouvait se sentir à l'abri ?
Dulles avait aussi comme mission d'établir des contacts directs ou indirects avec les armées allemandes en vue de leur reddition. De tels contacts eurent lieu par exemple avec des industriels ou des hommes d'églises italiens, certains envoyés en Suisse par un chef SS. C'est de ce genre de contact que nous allons parler et des heureuses conséquences.


Reddition de l'armée allemande en Italie

Le 2 mai 1945 Churchill annonça à la Chambre des Communes la reddition sans conditions de l'armée allemande d'Italie comportant près d'un million d'hommes. Cette reddition était le prélude à la fin de la guerre.

"Dans l'histoire de la guerre cette capitulation est un fait unique en ce sens qu'elle a pour effet de mettre hors de combat une immense armée et de libérer un territoire extraordinairement vaste et important. Cette capitulation exercera, à n'en pas douter, une influence favorable sur le cours des événements."

En janvier 1945 le directeur du collège de garçons du Zugerberg (canton de Zoug), le Dr Max Husmann, fut avisé que le baron italien, Luigi Parrilli l'avait cité comme référence pour une demande de visa pour la Suisse. Parrilli désirait le rencontrer pour une affaire importante. Après les vérifications qui durèrent six semaines le baron finit par arriver au Zugerberg. Parrilli exposa tout de suite le motif de sa venue. Il expliqua à Husmann que les Allemands en se retirant avaient l'ordre et l'intention de pratiquer la terre brûlée en détruisant villes et infrastructures et en tuant le maximum de partisans (résistants italiens). Cependant certains officiers allemands s'opposaient en secret à ces ordres et c'est au nom de ces officiers qu'il était venu en Suisse dans l'espoir de trouver un représentant allié a qui parler reddition. L'espoir de ces officiers était d'établir un front commun avec les Alliés contre Staline mais Husmann, bien au courant des intentions des Alliés, avertit Parrilli que cette option serait catégoriquement rejetée. Husmann contacta son ami Max Waibel, le responsable du bureau italien des SR suisses, en vue d'une rencontre avec Parrilli. La neutralité n'autorise pas un diplomate étranger à rencontrer un ennemi sur sol Suisse, et pourtant dans le cas de ces négociations cette règle fut loin d'être appliquée en ce qui concerna Dulles, mais l'armée n'était pas neutre. Celui-ci était intéressé par la demande de Parrilli mais il lui fallait en savoir plus pour ne pas tomber dans un piège, quant à Waibel il savait que les règles de la neutralité ne l'autorisaient également pas à agir à découvert. Guisan le savait aussi mais il ne pouvait en tout cas pas contrecarrer une démarche qui pouvait, en cas de réussite, épargner des vies et des villes en Italie et sécuriser la frontière sud. Waibel pouvait agir mais il se rendait compte que cela ne lui sera pas facile, il devait le faire aussi discrètement que possible. Waibel et Husmann expliquèrent à Parrilli qu'il fallait absolument connaître les officiers demandeurs, une première rencontre eut lieu avec deux officiers SS et un représentant de Dulles, à Lugano. Au début des discussions les officiers SS tentèrent, sur un ton dominateur, d'expliquer ce que Parrilli avait dit mais Waibel et Husmann leur expliquèrent qu'ils n'avaient aucune chance à persister dans cette voie et que seule la reddition sans condition pouvait aboutir. Lorsque l'émissaire américain arriva, il avait du retard, les officiers SS étaient d'accords sur les points suivants: L'Allemagne avait perdu la guerre, les Alliés resteraient unis et ne discuteraient ni avec Himmler ni avec Hitler. On peut dire que ce fut le tout premier round d'une négociation qui allait s'avérer pour le moins ardue. L'émissaire américain tendit un papier à Husmann où était inscrit deux noms: Parri et Usmiani, il s'agissait de deux chefs résistants italiens, non communistes, prisonniers des Allemands. Les Américains demandaient à ces derniers leur libération qui serait un gage favorable aux négociations. Sur ce, l'un des officiers SS se rendit immédiatement à Fasano où se trouvait le général SS Wolff, ex adjoint de Himmler et chef de la police. L'officier SS lui expliqua la rencontre mais sans mentionner la condition sans équivoque de reddition qui aurait pu stopper net la volonté de négociation de Wolff. Avec ces premières données positives Wolff alla rencontrer le maréchal Kesselring, commandant des forces allemandes en Italie. Parrilli cependant, ayant appris que Wolff n'avait qu'une version partielle des premières négociations, entreprit d'organiser en Suisse une rencontre directe entre Wolff et Dulles. Rien de moins ! Et cette rencontre eut lieu le 8 mars, mieux, Wolff amenait avec lui les deux prisonniers mentionnés, lesquels croyant qu'on venait les chercher pour les fusilier, se retrouvèrent aux petits soins dans un hôtel à Lucerne. Comprenons bien le risque qu'avait pris Wolff, en dévoilant non seulement à Kesselring, mais aussi à Himmler, ces débuts de négociations, sans mentionner la reddition sans condition. Entre temps Husmann lui avait dit la vérité, mais Wolff comme on le verra, prit encore un plus grand risque. En Suisse la rencontre eut lieu dans l'appartement de Dulles. Le premier contact entre Dulles et Wolff fut bon, Wolff ne manqua pas d'expliquer à Dulles qu'il avait réussi à sauver Rome de la destruction ainsi qu'à épargner la destruction de trésors artistiques à Florence. Sachant l'horreur nazie on comprend fort bien que certains de ses chefs, voyant la fin du règne de mille ans se terminer plus tôt que prévu, avaient à cœur de mettre en avant quelques faits positifs. On se doute que Wolff ne parla pas des faits bien moins reluisants lorsqu'il était l'adjoint de Himmler: pendant cette période il organisait des trains de déportés juifs. Wolff comprit qu'il était inutile de revenir sur la question de la reddition sans condition, il l'accepta et dit qu'il allait la proposer à Kesselring. Waibel le raccompagna jusqu'à la frontière et profita pour lui faire une demande suisse, à savoir que les Allemands renoncent à détruire les installations portuaires de Gênes et Savone, qui étaient les ports pour la Suisse, ainsi que des voies ferrées jusqu'au Gothard. Wolff promit de s'en occuper. Mais Waibel ne s'en tint pas là il demanda également à Wolff que cessent les exactions exercées par des troupes de Mongols, de Turcomans et d'autres asiatiques contre les villages qui abritaient des partisans et là aussi Wolff promit de faire cesser ces massacres. Waibel était satisfait, d'autant plus que l'affaire restait secrète. Wolff tint ses promesses.
Dulles informa Washington ainsi que le quartier général allié à Caserte en Italie, dont le chef était le général Alexander. Il y eut des divergences de vues entre Alexander et Dulles au sujet de l'appréciation qu'ils avaient l'un et l'autre des attitudes des officiers allemands et de l'idée d'un front commun antisoviétique. L'idée d'une quelconque reddition n'entrait même pas dans l'esprit de plus en plus dérangé d'Hitler et pour lui s'il fallait aller à la défaite c'était en détruisant tout ce qui pouvait l'être. On imagine bien que dans cet état d'esprit, Wolff, tout en ayant parfaitement compris que les Alliés seraient intransigeants, ne pouvait pas transmettre un tel message sans précautions. Les choses se compliquèrent sérieusement lorsque les Soviétiques firent part de leur mécontentement au sujet de ces négociations menées à leur insu et en plus en Suisse. Des échanges acerbes se firent entre Roosevelt, Churchill et Staline qui risquaient de donner l'espoir aux Allemands d'une division des Alliés. La crainte de Staline était que la reddition en Italie permette aux Alliés d'atteindre le Danube. Tito de son côté avait conclu un accord avec Staline et manoeuvrait pour convaincre les Allemands d'une action commune pour empêcher les Alliés de débarquer sur l'Adriatique dans la région de Trieste. Il semblait à Wolff que cette nouvelle donne pouvait l'aider dans ses dures négociations, il avait toujours en tête son idée de front commun contre Staline. Il envoya son bras droit le SS Zimmer trouver Dulles en Suisse, le 15 avril, soit trois jours après la mort de Roosevelt. Wolff proposait aux Alliés d'occuper la côte yougoslave de l'Adriatique qui était peu défendue. Bien sûr Dulles comprit qu'en agissant ainsi les Occidentaux se seraient retrouvés face à Tito et donc face à son allié soviétique. Tout cela devenait fort compliqué, en résumé Himmler et Staline avaient tous les deux avantage, pour des raisons différentes, que ces négociations échoues, Himmler parce qu'il espérait toujours un front commun contre Staline avec les Occidentaux et Staline pour la raison déjà mentionnée. Wolff avait compris tout de même qu'il était parvenu à semer le doute auprès des Alliés, ce n'était pas rien et cela l'encourageait à persévérer. Mais Himmler voulait connaître les véritables intentions de Wolff et pour cela il le convoqua à son quartier général. Bien que ce déplacement n'était pas sans risque, vu l'état mental d'Hitler, Wolff savait qu'il ne pouvait en aucun cas refuser. Pour Wolff l'entretien avec Himmler se passa bien, ce dernier paraissait convaincu que les négociations entreprises par Wolff allaient dans le bon sens, cependant il envoya Wolff auprès du chef de service de sécurité qui l'interrogea encore plus à fond. Wolff fut surpris de constater à quel point toutes ses actions et déplacements étaient connus. Puis on l'envoya au sommet voir le Führer. Hitler, déjà très affaibli mais toujours aussi résolu, lui expliqua qu'il était hors de question d'une quelconque reddition et qu'il s'entendrait avec la première armée qui arriverait à Berlin. Wolff reçut l'ordre de garder le contact mais de lutter pour chaque mètre de terrain. De retour en Italie Wolff se sentait pris dans un piège, d'un côté l'ordre d'Hitler qui signifiait la continuation de la guerre dans le sang et la destruction et d'un autre côté son espoir d'une reddition engageant les Occidentaux contre Staline. En arrivant à Fasano il avait prit sa décision d'en finir et de désobéir aux ordres d'Hitler, il ne pouvait, il ne devait plus continuer à duper ni ses interlocuteurs, Dulles et Waibel, ni lui-même. Il convoqua les différents chefs qui approuvèrent sa décision, cependant le commandant de la région du Tyrol, le général Hofer, posa des conditions à la reddition. D'abord il voulait rester le maître, rien de moins, il demanda ensuite s'il ne serait pas possible de se rendre plutôt aux Suisses. Wolff coupa court et Vietinghoff ordonna une résistance symbolique de la part des forces allemandes et la cessation des mesures à l'encontre des Partisans. Aussitôt les Alliés et les Partisans, qui avaient très peu progressé, gagnèrent rapidement du terrain. Du côté allemand il était maintenant trop tard pour revenir en arrière, la fin était programmée. Oui mais la reddition n'avait pas été signée et par conséquent pas de cessez-le feu, que s'est-il passé ? Après le déplacement de Wolff auprès d'Himmler et d'Hitler et le remous que tout cela provoquait au sein des Alliés, avec le risque d'un retournement d'alliance, Dulles reçu l'ordre ou prit sur lui de cesser les négociations. Ils ont eu l'impression d'avoir été dupé par Wolff et ce dernier en pensait de même, qui dupe qui ? Quant à Waibel on s'imagine dans quel état d'esprit il se trouvait, surtout en étant aussi près du but. Il alla trouver Guisan qui lui conseilla de poursuivre la négociation. Coup de théâtre ! Parrilli lui transmit un message dans lequel il annonçait la venue de Wolff en Suisse pour négocier l'acte de reddition. Lorsque Wolff et son escorte arrivèrent à Chiasso, Waibel se garda bien de leur décrire les difficultés auprès des Alliés, il les invita dans sa ferme près de Lucerne. Puis il alla trouver Dulles afin de le persuader de continuer mais Dulles avait l'ordre de ne pas rencontrer Wolff. Les Alliés maintenant progressaient rapidement et c'est ce qui comptait mais pour Waibel cela signifiait en même temps des pertes et des destructions inutiles. Finalement Dulles transmit au quartier général à Caserte, l'ordre convenu et le 25 avril le général Alexander répondit qu'il acceptait de recevoir les émissaires allemands. Pendant ce temps les choses allaient de mal en pis au quartier général de Wolff ce qui décida ce dernier à retourner en Italie. En l'accompagnant à la frontière Waibel, une nouvelle fois, lui demanda de lui communiquer les endroits où se trouvaient cachés les trésors artistiques afin de les sauver des bombardements. Wolff lui communiqua la liste des endroits que Waibel s'empressa de communiquer à Dulles. Sur le chemin du retour en Italie Waibel apprit que Wolff sétait fait prendre par les Partisans, voilà qui n'arrangeait rien. Wolff était indispensable pour mettre fin à la guerre en Italie c'est pourquoi il fallait absolument le retrouver. On sait que Waibel connaissait des Partisans, c'est donc avec eux qu'il organisa une expédition afin de libérer Wolff. Ce coup lui réussit mais uniquement grâce à la connivence de chefs partisans, qui sans doute, connaissaient les enjeux.
Dans toute cette affaire se mêlait la question du futur pouvoir en Italie, question qui divisait Occidentaux et Soviétiques. Si Staline ne tenait pas à une reddition rapide des Allemands c'était bien pour laisser le temps aux communistes de s'organiser. En même temps on se souvient que les deux chefs partisans non communistes se la coulaient douce dans leur hôtel lucernois. En fait ils s'ennuyaient et désiraient rejoindre leurs compatriotes en lutte, c'était aussi le désir de Churchill qui demanda leur libération afin de réduire la montée en puissance des communistes. Waibel fit passer Wolff en Autriche par Buchs, d'où il put regagner son nouveau quartier général à Bolzano. A partir de là il était prévu que Waibel accompagne deux officiers allemands à Caserte pour signer la reddition le 2 mai 40. C'était compter sans la résistance du général Hofer chez qui se trouvait maintenant Wolff dans le Tyrol. Hofer maintenait ses prétentions à rester maître alors que pour Wolff et Vietinghoff il fallait céder le pouvoir aux Partisans, ce qu'ils organisèrent d'ailleurs. Les événements s'emballèrent, Hofer dénonça les officiers prêts à se rendre à Kesselring, l'ancien commandant des forces allemandes en Italie qui reprit le commandement en Allemagne contre les Alliés. Hofer fit fusiller sur le champ certains d'entre eux. Après une conversation téléphonique entre les deux hommes, Kesselring ordonna l'arrestation de Wolff mais la mort d'Hitler survenue juste à ce moment sauva la situation et probablement libéra la conscience de Kesselring. On connaît le poids du serment à Hitler, il ordonna alors enfin la reddition. Le même jour un million de soldats allemands déposèrent les armes.
Si Guisan s'est tout de suite montré favorable à ce que Waibel mène ces négociations c'est qu'il connaissait le risque qu'il y aurait eu lors du repli d'une vingtaine de divisions contre la frontière suisse, c'eut été à n'en pas douter une situation des plus dangereuses. On notera aussi que Guisan, malgré l'affaire des documents compromettants de la Charité sur Loire, a dans cette nouvelle affaire prit de nouveau un risque en laissant agir Waibel en toute liberté. Voici ce qu'a dit Dulles dans son livre "Les secrets d'une reddition" à propos de Waibel:

[…] J'accordais ma confiance à Waibel et n'eus jamais à le regretter. Plus tard, quand nous avons commencé à pousser nos relations secrètes et risquées avec des généraux allemands, au début 45, nous aurions été contrecarrés à chaque pas si Waibel ne nous avait pas facilité contacts et moyens de communiquer, ainsi que les passages de frontière qui devaient être entourés du plus grand secret. Chacun des actes de Waibel servait les intérêts de la paix.

CF

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