Bonsoir Francis, bonsoir à tous,
Ph. Masson s'est penché sur l'attitude de la population de Dieppes durant le raid, dans un article paru dans "Le Journal de la France - Les années quarante" :
"Mais les Allemands entendent aller plus loin. Par un geste magnanime, ils veulent prouver que la population de Dieppe n'a accueilli qu'avec réticence et même hostilité les forces alliées et n'a pas hésité à apporter son concours aux troupes allemandes. Le 21 août, le chef de la Kreiskommandantur remet au maire de Dieppe une somme de 10 millions de francs en faveur des sinisÂtrés. Mais, comme celui-ci observe le silence, l'officier allemand demande :
— Vous n'êtes pas satisfait?
— L'argent, c'est quelque chose... mais les prisonniers!...
— Combien?
— Un millier...
Trois jours plus tard, Hitler donne son accord, et, le 31 août, le commandement allemand fait paraître un communiqué :
L'attitude de la population française a été plus que correcte; malgré les pertes qu'elle a subies, elle a assisté les troupes allemandes dans
leur combat en leur rendant des services de toute nature. Elle a éteint les incendies, soigné les blessés, pourvu les formations combattantes de vivres et de boissons. En reconnaissance de cette attitude, les prisonniers de guerre domiciliés dans les localités du secteur de combat de Dieppe seront libérés.
Qu'en était-il exactement?
Un rapport très, nuancé de la 302e diviÂsion permet de répondre en partie et siÂgnale, en effet, quelques cas de coopéraÂtion isolés : renseignements apportés par des civils, offre de bicyclettes à des renforts montant en ligne, distribution de rafraîchisÂsements ou de cigarettes, blessés relevés par une ambulance... que l'on dit française.
En fait, le rapport conclut à une parfaite indifférence de la population qui n'a pas dissimulé sa satisfaction de la rapide conÂclusion de la lutte. Probablement, mais il faut bien admettre que la majorité des habitants de Dieppe n'eurent la révélation de ce qui s'était passé qu'après la fin des combats, quand ils ne respectèrent pas tout simplement les consignes données par les tracts ou la B. B. C. *
Toutefois le rapport de la 302e ne cache pas les réactions de la «fraction angloÂphile de la population » et les manifestaÂtions de sympathie à l'égard des prisonÂniers alliés, accompagnées de distributions de vêtements, de boissons, de vivres.
Au camp de Saint-Nicolas, il a fallu toute l'énergie de la garde pour enrayer ces maniÂfestations. Les tombes des soldats canaÂdiens ou des aviateurs abattus ont été abondamment fleuries et le rapport constate que la population s'est dépensée pour le relevage ou l'inhumation des Anglais tomÂbés.
Enfin, le 20 août, près de 200 personnes s'étaient retrouvées près de la chapelle de Berneval et assistèrent à un office pour le repos de l'âme des commandos canadiens.
Quoi qu'il en soit, près de 1 200 prisonÂniers sont libérés et le premier convoi arrive le 12 septembre. Bénéficient de cette faveur intéressée les hommes originaires de Dieppe, d'Arques-la-Bataille, de Neuville et d'Hautot-sur-Mer.
En sont exclus ceux de Varengeville et de Berneval. les secteurs où les Allemands ont essuyé les mécomptes et où la populaÂtion a manifesté la plus chaude sympathie à l'égard des envahisseurs...
Cordialement
Laurent
* Tracts et émission émis au début de l'opération |