Mais là c'est pendant la WW2 - Internés en Suisse 1939 - 1945 - forum "Livres de guerre"
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Internés en Suisse 1939 - 1945 / Olivier Grivat

En réponse à -4 -3 -2
-1Des choix individuels: Délit d'humanité... de René CLAUDE

Mais là c'est pendant la WW2 de Jacques Ghémard le dimanche 17 août 2008 à 13h26

Ca se passe en septembre 1943

Il y avait une centaine de personnes, surtout des juifs; quelques jeunes gens qui devaient partir en Allemagne et un Norvégien nommé Nordman, garçon de vingt deux ans, mesurant deux mètres sept, mitrailleur dans la RAF. Il avait été descendu mi-août au-dessus de Salon. Pendant le bombardement, bien que ne sachant pas un seul mot de français ni d'anglais, ayant le pied foulé à la suite du parachutage et étant le seul survivant, il était arrivé en Suisse.

Mardi 7 : Ce mardi sept à dix heures, arriva l'inspecteur chargé de faire le tri: une véritable brute. Il s'en tient au règlement et ne s'occupe absolument de rien d'autre. Nous passions devant lui séparément. Quand ce fut mon tour, il m'interrogea distraitement sans même lire les interrogatoires précédents, étant trop pressé (il avait expédié cent personnes en une heure). Il m'a demandé pourquoi j'étais passé. Je lui ai dit que j'étais poursuivi par la Gestapo comme gaulliste, qu'il y avait eu une perquisition chez moi et que j'étais juif. Il y eut un coup de téléphone. L'interrogatoire s'arrêta cinq minutes. Quand il revint il me demanda :

- Avez-vous des parents en Suisse ?
- Non, mais des répondants.
- Où habitent-ils?
- Mr Bernheim, je ne connais pas l'adresse et Melle Küng à Shaffhouse.
- Oh là-bas. Avez-vous fait une demande à un consulat?
- Non.
- Bon. Chambre trois.

Or presque tous étaient pour la chambre 1. Dès ce moment, j'eus de fortes craintes. Ils ne gardaient que les juifs étrangers, vieillards ou ayant un enfant de moins de six ans, et les Français ayant une feuille de route pour l'Allemagne.

A midi, un lot partit en camion pour les Charmilles. Mais Claude resta. Le camp était archi-comble.

Aussi passais-je la journée avec lui, sans beaucoup d'espoir.

Mercredi 8 on se coucha à vingt et une heure et la nuit, à quatre heures, réveil. On appela six personnes dont moi, trois femmes, un juif étranger de Megève et un type qui voulait être refoulé. Claude alla voir l'inspecteur pour lui parler de Van Zeeland, directeur de la Banque des Règlements Internationaux qui répondait de moi. il se fit renvoyer avec une menace de "coup de pied au cul".

Nous partîmes en pleine nuit en camionnette, sous une pluie battante. On roula vingt kilomètres et le type nous expliqua qu'on allait être refoulés près de Vallery à cinq heures. Nous avions un quart d'heure sans patrouille. Il pleuvait des seaux.

On quitta la route et la voiture s'engagea dans un petit chemin en contrebas, qui, en fin de compte, disparut. On était devant les barbelés suisses. Il pleuvait averse et faisait nuit noire. On ne distinguait rien à deux mètres.

Ils nous ouvrirent la porte puis nous devions faire cinquante mètres sur le chemin, traverser un ruisseau, monter deux cents mètres de colline jusqu'aux barbelés français, puis quatre kilomètres à parcourir. Le type nous dit de rester ensembles jusqu'aux fils français.

Nous partîmes tant bien que mal; arrivâmes au ruisseau en crue, nous en avions jusqu'aux genoux. Je remarquais une des femmes qui criait comme une malheureuse et manquait de
tomber. Enfin nous passâmes et commençâmes à monter. On ne voyait rien: ni le sol, ni les barbelés, ni le ciel. Les femmes n'avançaient pas, pleuraient, criaient. L'homme aussi. Avec l'autre type, nous les quittâmes. A quoi cela aurait-il servi de se faire prendre avec eux.

Nous grimpâmes en nous cassant la figure tous les trois mètres à quatre pattes. Enfin nous fûmes au pied des barbelés. Ils avaient deux mètres de haut, étaient très tendus et même en diagonale. Impossible de passer entre.
Nous fûmes obligés de grimper dessus ce qui provoqua le deuxième accroc à mon costume. Puis nous nous dirigeâmes tout droit, d'abord à travers champs, puis, après une ferme, nous trouvâmes un sentier, nous traversâmes un bois.
Il ne pleuvait plus mais nous étions trempés et crottés.

Juste à la sortie du bois, nous tombâmes nez à nez avec deux douaniers français et leur chien. Impossible de se cacher, ils nous avaient vus.

- D'où venez-vous? Vous avez été refoulés de Suisse?
Une idée me vint. Au camp, il y avait deux prisonniers français évadés d'Allemagne qui demandaient depuis quinze jours à être rapatriés ou refoulés. En vain. Ils étaient venus de Brème en wagon plombé jusqu'à Bâle. Immédiatement je leur montrais mon bracelet d'identité et leur dis:
- Oh! non, de bien plus loin!
- Ah! bon, et bien, bonne chance, on ne vous a pas vus.

Et poignée de main.

Nous sommes arrivés à Vallery sans encombre. Nous nous sommes un peu séchés et nettoyés. Puis nous fîmes deux kilomètres jusqu'à Annemasse jusqu'à un carrefour nommé La Boutique. Nous nous y arrêtames pour prendre le car qui passait à neuf heures. Le long de cette route, nous avons croisé au moins dix voitures boches de police ou de douane.

*** / ***

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