... est le titre de l'essai que Stefan Keller a consacré à l'affaire Grüninger aux Editions d'en bas (1994).
Paul Grüninger était le commandant de la police du canton (alémanique) de St-Gall au moment de l'Anschluss. En août 1938, quand le gouvernement helvétique imposa le visa obligatoire* pour les émigrants venus d'Autriche, P. Grüninger n'écouta que sa conscience: avec des complices gendarmes, douaniers et paysans, il fit traverser la frontière à 3'000 réfugiés fuyant les lois antijuives et les pogromes. Une année plus tard, il fut démis de ses fonctions par ses supérieurs "pour avoir falsifié des documents et enfreint ses devoirs de fonction", le "crime" ultime pour les fonctionnaires helvétiques.
Un livre à lire pour comprendre que des centaines de citoyens suisses, hommes et femmes, ont choisi de s'engager à titre individuel avant et pendant le conflit. Certains furent poursuivis la l'Etat, bien peu sont réhabilités à ce jour.
Réf: Stefan Keller, Délit d’humanité. L’affaire Grüninger Traduit de l’allemand par Ursula Gaillard. Préface de Ruth Dreifuss. 224 p. Editions d'En-bas, 1994.
RC
* Comme le rappelle Christian Favre, la politique d'accueil de la Suisse ne fut ni meilleure ni pire que celle, très sévère et ultra restrictive, de l'ensemble des pays européens et des USA avant le déclenchement de la WW2. Il y eut réellement une non-assistance étatique internationale à personnes en danger. |