Pour la clarté,je renvoie à un article dans lequel je confronte les versions :
A la base, il y a l'esquisse du 17 (peut-être elle-même esquissée le 16 au soir et tapée à Bordeaux le 17 de grand matin :
À la suite de cet effondrement, deux voies étaient ouvertes :
Ou bien la voie de l’abandon et du désespoir. Cette voie menait à la capitulation. C’est celle qu’a choisie le gouvernement Pétain.
Ou bien celle de l’honneur et de l’espérance. C’est celle qu’ont choisie mes compagnons et moi.
Nous croyons que l’honneur commande aux Français de continuer la guerre aux côtés de leurs alliés et nous sommes résolus à le faire.
Eh bien cette idée des deux voies dont une seule est honorable, de Gaulle arrive à la faire passer dans son allocution... du 2 juillet ! Certes il la distille auparavant par petites touches, ainsi le 22 quand il insiste lourdement sur le fait que sa voie est celle de l'honneur... mais les Anglais le retiennent par le maillot quand il fonce au but pour dire que corollairement Pétain c'est la honte.
Ce sont donc eux en général et Halifax en particulier qui saupoudrent de l'honneur autour du nom du maréchal, notamment le 18 au soir. Puisque nous connaissons (en partie) le dessous des cartes, il n'y a pas à faire assumer cela à de Gaulle.
C'est quand même fabuleux : dans une version que de Gaulle a fini par accepter peut-être vers 21 h et qui est remise à la presse, d'où sa parution dans les journaux français du lendemain, il est dit que Pétain va demander aux Allemands "à quelle conditions" le combat pourrait cesser puis il est dit que si les conditions ne sont pas honorables il n'y aura pas d'armistice. Eh bien ça ne suffit pas au FO qui fait encore ajouter l'adjectif "honorable" dans la première des deux phrases, après "conditions".
Tu ne peux quand même pas nier que l'appel soit, ainsi, cabossé et que de Gaulle ait eu raison de poubelliser ces horreurs, même s'il a eu grand tort de les cacher une fois la bête vaincue.