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Piotr Grigorenko MEMOIRES / Piotr Grigorenko

En réponse à -2
-1Je flaire le faux ! de françois delpla

Petite netenquête de françois delpla le mardi 17 juin 2008 à 06h28



en tapant sur Google "Staline Allemagne '19 août 1939'", je tombe tout d'abord sur un site suisse qui donne le même texte que Francis, avec cependant des passages en gras, les plus intéressants politiquement pour les Lettons qui ont trouvé le texte "au Centre de sauvegarde des archives historiques, ex-archive speciale de l'URSS 7.f., 1.apr., objet. 1223" : déjà du beau boulot ! Nous ne sommes pas dans un centre d'archives mais dans un lieu où elles ont fait l'objet d'un tri de "sauvegarde" et ont, pour toute cote, des numéros d'"objet".
La découverte n'est pas datée, la traduction française l'est d'avril 1999.

Ensuite, sur un site d'une droite brutale intitulé, on ne le lui fait pas dire, "Bousculade" dans une partie de site qui s'appelle tout simplement "communazisme", il est dit à la fois qu'on connaît maintenant "les détails de cette transaction" Mais c'est dans une citation, extraite des mémoires de Churchill, lequel dit simplement "Le 19 août 1939, Staline annonça au Politburo son intention de signer un pacte avec l'Allemagne". La page, datée du 17 mai 2001, soit ignore le texte dont nous discutons, soit préfère ne pas s'en servir.

Vient ensuite le Memorial de l'Holocauste à Washington et son "Encyclopedie multimedia de la Shoah". Déception : le 19 août n'est mentionné que le traité de commerce bien connu.

Pas de date, mais cette institution dynamique a les moyens de mettre ses pages à jour s'il y a des découvertes importantes.

Même constatation sur hei.broco.li/2eme/Resumes/guerre3941.doc, rendant compte d'un exposé fait au Séminaire d’histoire diplomatique d'A.Fleury en 2003-04.

Le texte de Francis se retrouve, sans soulignements, en avec les précisions suivantes sur sa localisation : Texte découvert par T. S. Bouchtchevoï dans les archives spéciales de l'URSS (Centre de dépôt de la Collection historico-documentaire des anciennes archives spéciales de l'URSS, F7, op 1, d. 1223)

Puis un fameux article de Gorodetsky, dans un Diplo de 1997, passons. Il ne cause pas du discours, soit qu'il ne le connaisse pas, soit qu'il ne le juge pas authentique.

Puis un site à la gloire de Vladimir Rezun alias Suvorov, commentant son livre "La dernière république", paru en 1996. Extrait :

Une preuve d'importance décisive à cet égard est le discours de Staline du 19 août 1939, récemment retrouvé dans les archives soviétiques (cité en partie dans Journal of Historical Review de nov-déc. 1997, p. 32-33). Dans ce discours, l'héritier de Lénine déclare:

L'expérience des vingt dernières années a montré qu'en temps de paix le mouvement communiste n'est jamais suffisamment fort pour prendre le pouvoir. La dictature d'un tel parti deviendra possible seulement en résultat d'une guerre majeure

Plus tard, tous les pays qui avaient accepté la protection de l'Allemagne renaissante deviendront aussi nos alliés. Nous aurons un large champ d'action pour développer la révolution mondiale.

De plus, et comme les théoriciens soviétiques l'ont toujours affirmé, le communisme ne pourrait jamais coexister pacifiquement sur le long terme avec d'autres systèmes socio-politiques. En conséquence, la domination communiste devrait inévitablement être imposée au monde. Ce but de «révolution mondiale» était tellement consubstantiel à la nature et au développement du «premier Etat des travailleurs» qu'il fut un trait cardinal du programme soviétique, même avant que Hitler et son mouvement national-socialiste arrive au pouvoir en Allemagne en 1933.

Staline voulait frapper au moment et à l'endroit de son choix. A cette fin, le développement soviétique des systèmes d'armes offensives les plus avancées, principalement les blindés, les avions, et les forces aéroportées, avait déjà commencé au début des années 30. Pour assurer le succès de son audacieuse entreprise, Staline ordonna à la fin de 1939 de construire une puissante machine de guerre qui serait supérieure en quantité et en qualité à toutes les forces d'opposition possibles. Son premier ordre secret pour la mobilisation militaro-industrielle totale du pays fut émis en août 1939. Un second ordre de mobilisation totale, cette fois-ci pour la mobilisation militaire, devait être émis le jour où la guerre commencerait.

Déception

L'attaque allemande «Barbarossa» anéantit le plan bien établi de Staline pour «libérer» toute l'Europe. Dans ce sens, affirme Suvorov, Staline «perdit» la 2ème Guerre Mondiale. Le dirigeant soviétique ne pouvait considérer que comme une déception d'avoir «seulement» vaincu l'Allemagne et conquis l'Europe de l'Est et du Centre.

14 jours qui sauvèrent l'Occident

«Nombre d'indices tendent à prouver que la date fixée par Staline pour l'opération «Orage» était le 6 juillet 1941.» (Viktor Suvorov, Le Brise-glace)

«Le commandement fasciste allemand réussit, deux semaines avant la guerre, à devancer nos troupes.» (Général S.P. Ivanov)

«Hitler ne savait pas tout, mais il en savait assez: s'il n'attaquait pas, l'autre attaquerait. (...) Hitler reniflait ce danger. (...) C'était une question de vie ou de mort.» (Léon Degrelle, Persiste et signe)

«Ma conviction profonde est que si le Führer ne nous avait pas donné l'ordre d'attaquer à ce moment-là, les Etats européens et la plupart des sociétés humaines seraient à présent bolchevisés.» (Otto Skorzeny, La guerre inconnue)

«... la puissance russe menaçante, ayant ses têtes de pont préparées sur la Baltique et sur la mer Noire, n'attendait qu'une occasion, c'est-à-dire le moment où l'armée allemande serait suffisament occupée par les puissances occidentales, pour que le front oriental soit ouvert à une attaque massive à laquelle l'Allemagne ne serait pas en mesure de résister.» (Sven Hedin, L'Amérique dans la lutte des continents)

«Staline préparait la guerre dans tous les domaines, en partant de délais qu'il avait fixé lui-même. Hitler déjoua ses calculs.» (Amiral N.G. Kouznetsov)


Et soudain, l'antidote : un papier du sorbonnien Georges-Henri Soutou, anticommuniste et atlantiste devant l'Eternel, mais tenu à une certaine tenue. Il s'agit d'une critique de Stalin’s War. From World War to Cold War, 1939-1953, un livre de Geoffrey Roberts paru en 2006 (Yale University Press). Admirons avec quelle prudence Soutou, tout en critiquant Roberts comme trop favorable à la thèse d'un Staline plus réaliste qu'idéologue, écarte d'un revers de main le "prétendu discours" du 19 août :

Certes il ne faut pas tomber dans les pièges d'une analyse sommaire à coloration idéologique. Roberts rappelle fort justement que le prétendu discours de Staline devant le Politburo le 19 août 1939 justifiant le prochain pacte avec Hitler, et qui pousse à fond l'argumentation idéologique de la guerre entre pays capitalistes comme étant dans l'intérêt de l'URSS et du communisme, était une fabrication (provenant probablement des services secrets français, comme le montre fort bien Sergueï Sloutch). (6) Il analyse d'autre part très bien la position complexe de Staline en 1939-1940, qui prône le retour de la paix (déclaration germano-soviétique du 28 septembre 1939, demandant aux Franco-Anglais d'accepter la disparition de la Pologne) sans probablement véritablement souhaiter la fin de la guerre, mais sans savoir si elle prendrait une tournure favorable à l'URSS. Il est cependant légitime de penser que cette analyse résolument "réaliste" est limitée et ne doit pas dispenser d'étudier avec le plus grand soin l'interaction de la géopolitique et de l'idéologie chez Staline, interaction qui est en quelque sorte sa "marque de fabrique". Maintenir l'équilibre entre les deux approches, et leur cohérence, alors que l'on ne dispose pratiquement pas de textes écrits de la main de Staline développant cet aspect, est évidemment difficile.

Diantre ! Voici la référence de Sloutch : Sergej Slutsch, "Stalins "Kriegsszenario 1939": Eine Rede, die es nie gab [un discours qui n'eut pas lieu]", Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, 2004/4.

J'aurai l'occasion demain de voir cette revue et compte bien suivre la piste de cette intoxication... française !

*** / ***

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