Effectivement et c'est bien dommage pour les historiens et tous ceux que passionne l'histoire des services secrets durant la WW2, Roger Masson n'a pas écrit de Mémoires* ou le récit précis de sa relation avec Walter Schellenberg. Cette relation resta très secrète jusqu'à la chute du IIIe Reich. Elle fut établie pour obtenir au plus haut niveau nazi des renseignements politico-militaires urgents : Hitler allait-il envahir la Suisse et quand ? Elle prit par la suite une tournure plus amicale entre Masson et son homologue du SD. Dans un premier temps, elle a permis d'obtenir la libération d'un agent, un lieutenant du SR suisse, emprisonné par le SD en Allemagne et la cessation pour un temps de la propagande pro-nazie en Suisse en échange de la garantie donnée de vive voix et par écrit à deux reprises par le gén. Guisan à Walter Schellenberg que la Suisse défendrait sa neutralité quoiqu'il advint contre toute armée qui viendrait à pénétrer sur son territoire, qu'elle fut une armée alliée ou qu'elle appartint aux forces de l'Axe.** Ce lien avec un des "gangsters intellectuels" du IIIe Reich, le redoutable car très séduisant Schellenberg, chef du SR du SD à l'étranger et proche collaborateur de Himmler, a-t-il fait outrepasser à Roger Masson son rôle de chef du SR helvétique ? Certains l'ont affirmé et son entreprise frôla à plusieurs reprises la ligne rouge. Mais c'était son job et il fut officieusement soutenu et encouragé par Guisan contre l'avis de certains de ses plus proches collaborateurs comme le très lucide B. Barbey, par ex. et par-dessus le conseil fédéral. Après la fin de la WW2, Guisan étant intouchable, on fit sauter le fusible Masson.
Bien cordialement.
RC
* Des rapports obligatoires, mais pas de texte plus personnels.
** On sait que le Guisan et ses proches collaborateurs étaient tous discrètement pro-Alliés, mais il sembla nécessaire au commandant en chef suisse de faire oublier les projets d'accords secrets passés avant guerre entre l'armée suisse et Gamelin en redonnant des gages de neutralité aux nazis. |