Vous mettez en valeur, à juste titre, l'important et intéressant ouvrage de Edgar Bonjour: Histoire de la neutralité suisse pendant la seconde guerre en VI volumes.
Les lecteurs avec qui nous échangeons des informations devraient aussi connaître le point de vue différent exprimé dans l'ouvrage d'Adam LeBor : Hitler's secret bankers : the myth of Swiss neutrality during the holocaust; publié chez Birch Lane en 1997
Tous ces livres toutefois tournent tous autour des même informations révélées dans l'immédiat après guerre. Or les enquêtes menées sur les aspects économiques le furent dans les procès, selon moi bâclés à la demande des Américains, de 1949.
De plus de nombreux documents comme celui que j'ai reproduit sur ce site, démentent un certain nombre de témoignages clefs.
Ainsi dans le témoignage du Brigadier Masson (que 'ai reproduit dans un autre "post"), Il exprime bien qu'il était en relation avec Schellenberg depuis 1941. Nous savons de fait qu'Eggen avait, comme le général Guisan, des relations avec Han Eggen, un des représentants de Schellenberg en Suisse (mais il serait naïf de croire que c'était le seul).
Le document que vous rapportez avec pertinence sur Haussaman et Weibel et leur insubordination mérite plus qu'une simple lecture et justifie une analyse. Pour que des officiers en arrivent à un point de projet de rebellion, il fallait bien que leurs inquiétudes aient quelque fondement. L'armée suisse n'est pas connue pour son laisser aller et son insubordination. Il est donc légitime d'en conclure que la ligne Guisan Masson était pro-nazie, ou à tout le moins, déstabilisée par les nazis.
Pour se forger une opinion sur ce sujet, on peut étudier le comportement après guerre des ces personnages. Alors qu'il témoigne sous serment qu'il n'a pas revu Schellenberg après 1943, le brigadier Masson, nous le savons l'a fait rentrer secrètement en Suisse et l'y a fait soigner. On peut y voire de la naïveté ou une arrogance de certitude d'impunité. De fait lorsqu'il demande à Guisan de soutenir son effort de soutien, ce dernier, plus politique, se dérobe.
En mettant en relation les évènements durant la guerre et après la guerre, on peut affiner les interprétations possibles. Je ne prétend pas qu'il n'y en ait qu'une mais je soutiens que celle que vous présentez en vous appuyant sur les déclarations d'Alan Dulles n'est pas soutenable au regard des faits.
Nous reviendrons surement sur Alan et John Foster Dulles et leurs implications démontrées aux côtés des nazis (certes diplomatiques) mais ces considérations rendraient ce "post" trop long. |