La déclaration attribuée à Lucie Aubrac est non seulement fausse mais stupide, ce que l'émettrice présumée n'est pas, de l'avis général. Elle est d'ailleurs ambiguë : pas de dénonciations entre résistants, ou aux Allemands ? Je ne veux même pas envisager le second cas : Lucie n'aurait tout de même pas oublié la trahison de Multon !
Quant aux dénonciations entre résistants, il y en avait tous les jours, pour des raisons de sécurité élémentaire : quiconque avait été arrêté et relâché devait être mis en quarantaine, quiconque l'avait caché devait être exécuté, point-barre. On est dans une guerre et non dans un jeu scout.
Je n'ai pu encore joindre Lucie à ce sujet mais j'ai eu l'occasion d'en parler à Raymond, qui a démenti toute variation de la conviction de l'un ou de l'autre quant à la culpabilité de "Didot". Baumel et Ravanel la partageaient (partage encore, dans le cas du second, toujours parmi nous), ainsi que Francis Crémieux, pour achever le tour des résistants notoires, bien informés et aux appartenances et évolutions politiques fort diverses avec qui j'en ai longuement causé.
Ce qui, en l'espèce, ne prouve rien sur Hardy, mais en dit long sur Baynac : le constat que la réunion de Caluire a été donnée par Hardy n'a rien à voir avec un besoin mystique d'attribuer une cause sensationnelle à la disparition de Moulin, et tout avec des réflexions de praticiens du terrain. |