Francis fait une distinction entre ce que disent, après guerre, les tenants de Vichy et "les auteurs complaisants à l'égard de Pétain". En prenant les seconds pour les premiers, j'accommoderais ses déclarations "à ma sauce" pour mieux les réfuter. Il faudrait que je sois malhonnête, ou en difficulté, ou les deux.
Admettons-le un instant. Mais ni les uns ni les autres ne disent ce que Francis dit qu'ils disent et j'attends, vainement pour l'instant, la moindre citation à l'appui. Il en a fait une, de Du Moulin, vichyste défenseur après 45 de Vichy s'il en fut, ou du moins du premier Vichy : tout serait, ensuite, de la faute de Laval. Eh bien du Moulin, d'après Francis et je lui en donne acte volontiers, prétend que le statut des Juifs est né sur le bord de l'Allier, sans aucune interférence allemande. C'est aussi ce que prétendent les avocats de Pétain, puis Peyrouton, puis Robert Aron, puis, plus près de nous, François-Georges Dreyfus (Pétain et sa clique -ou sa claque !-, mais je l'ai déjà dit il y a au moins 10 posts, ont à choisir entre une justification par la pression allemande et une affirmation de "l'indépendance de la zone libre", et ils font le second choix, du moins pour justifier les actes de cette période... Et ce n'est pas du tout là-dessus que Paxton innove, mais bien plutôt en montrant que la collaboration est une demande de Vichy, accueillie en Allemagne, dans l'ensemble, avec une indifférence polie.
Ce en quoi d'ailleurs Paxton a tort : Hitler mène en fait discrètement le jeu. Mais c'est un autre débat. |