François Delpla écrivait - sans répondre à ce message

:
"Il me semble qu'on peut parfaitement le réfuter sans mettre en doute son honnêteté (c'est-à-dire en supposant que ses errements procèdent d'une auto-persuasion) ; si tu me répondais que tu en doutes, je serais un peu inquiet sur la solidité de tes convictions anti-négationnistes !"
Reconnaissons-le, l'aveu est stupéfiant. Il témoigne d'une ignorance flagrante du phénomène négationniste.
Un négationniste, rappelons-le donc, est un escroc intellectuel, dont la méthode de travail est la suivante : falsification des sources, mépris de l'honnêteté, incompétence historique totale, le tout au service d'un objectif raciste.
Réfuter le discours négationniste ne signifie pas seulement rappeler les faits -
auquel cas, l'on accepte implicitement le principe du débat avec des faussaires.
"Je me suis donc fixé cette règle, écrit Pierre Vidal-Naquet.
On peut, et on doit, discuter sur
les "révisionnistes" ; on peut analyser leurs textes comme on fait l'anatomie d'un mensonge ; on peut et on doit analyser leur place spécifique dans la configuration des idéologies, se demander le pourquoi et le comment de leur apparition, on ne discute pas avec
les "révisionnistes. Il m'importe peu que les "révisionnistes" soient de la variété néo-nazie, ou la variété d'ultra-gauche ; qu'ils appartiennent sur le plan psychologique à la variété perfide, à la variété perverse, à la variété paranoïaque ou tout simplement à la variété imbécile, je n'ai rien à leur répondre et je ne leur répondrai pas. La cohérence intellectuelle est à ce prix." (
Les assassins de la mémoire, La Découverte, 1987, p. 10)
Et comme l'écrit un spécialiste de la question, Gilles Karmasyn,
"nous appelons « réponse » le fait de démonter la mécanique, de démasquer la falsification, d'exhiber la méthode de manipulation des faits par les négationnistes. Il s'agit toujours de réfuter le fond du discours et d'exhiber la perversion de la forme."
En d'autres termes : réfuter une ineptie négationniste suppose nécessairement de mettre à jour la manipulation à l'origine de ladite ineptie. A défaut, si l'on se contente de rappeler les faits, on s'arrête au milieu du gué et on oublie à "qui" on a affaire. Un négationniste, ce n'est pas un imbécile qui commet des erreurs historiques flagrantes : c'est un type qui, au contraire, sait parfaitement ce qu'il fait et cherche à intoxiquer son lectorat.
Mais François Delpla - qui, après tout, a déjà recyclé sans le savoir un mensonge négationniste de Roger Garaudy - n'en tient pas compte. Selon lui, on peut réfuter le discours négationniste sans en établir la mahonnêteté - d'un strict point de vue cérébral, je ne vois pas comment.
Ce faisant, il se contredit. On rappellera en effet qu'un certain ouvrage de sa composition s'en prend - et de belle manière - à la malhonnêteté intellectuelle d'un "historien" ayant insinué que les Aubrac avaient trahi au profit de l'Allemagne nazie. M. Delpla ne s'y contente pas de rappeler les faits : il qualifie également ledit "historien" de
"calomniateur" - le mot revient souvent. De fait, il établit que Chauvy se trompe
trompe, et que ses affirmations relèvent de la
"calomnie".
Si Chauvy débarquait sur votre forum, François, et qu'il repostait ses insinuations, vous abstiendriez-vous de mettre en doute son honnêteté intellectuelle ? Si vous le traitiez de
"calomniateur", il pourrait vous répliquer qu'un tel terme porte atteinte à votre Charte...