Bonjour Serge, bonjour à tou(te)s,

Merci, Serge, pour ce diagnostic qui écarte une hypothèse plus que douteuse.
L'historien Vanwelkenhuyzen avance une autre hypothèse qui apparaît plus plausible.
L'explication du changement de la personnalité de Gamelin se situerait quelques années après la Première Guerre mondiale. Jusqu'à l'Armistice de 1918, Gamelin s'était comporté comme un brillant militaire apprécié par ses chefs. La fin des combats le laisse désemparé. Expédié au Brésil, Gamelin ressent cette mission, pourtant prestigieuse, comme une sorte de mise à l'écart. Il rapporte cette disgrâce à celle qui a frappé Joffre dont il était très proche. Le "marché des carrières" est alors dominé par Foch et Pétain qui réservent leurs faveurs à leurs fidèles.
Dans l'esprit de Gamelin germe et se développe un renversement de valeurs. L'essentiel n'est plus, pense-t-il, la perfection dans l'exercice du métier de militaire mais bien l'entretien de bons rapports avec le pouvoir politique.

Dès son retour du Brésil, en 1925, il est sans affectation. Fidèle à sa nouvelle orientation d'esprit, Gamelin hante les couloirs ministériels. Servi par une brillante intelligence, il table sur son habilité à convaincre, ses facultés de séduire, sa souplesse pour se fondre dans le moule politique. A l'opposé de Weygand qui fut son principal adversaire dans la "course aux carrières", Gamelin évite de heurter de front. Lorsqu'un obstacle se dresse devant lui, il préfère le contourner.
Sans entrer dans le détail, le pouvoir civil qui souhaitait se prémunir de l'excès d'autorité des militaires, trouve en Gamelin un général lui causant peu de problèmes.

Comme mentionné en 4e page de couverture de l'ouvrage de Vanwelkenhuyzen (bientôt sur LdG) : "... à Vincennes, le général Gamelin est prêt à tout sauf, justement, à se battre". J'ajouterais que le pouvoir politique ne le lui avait pas demandé de faire la guerre.

Bien cordialement,
Francis.