Bonjour à tous :
Les portraits de Alphonse Juin sont rares. Celui dressé par Louis Joxe est des plus instructifs :
….Juin, ce soldat fidèle au maréchal et à sa gloire passé. Juin n’est en rien un politique. Il garde un dégoût profond des tractations avec les Allemands auxquelles Vichy l’a mêlé. Il éprouve, certes, peu de considération pour les aventuriers qui ont monté le putsch du 8 novembre, qui l’ont berné et dont il fut la première victime. De faux ordres ont laissé ouvert et sans surveillance le secteur de Sidi-Ferruch, bloqué le central téléphonique « Mogador », suprême ressource de l’état-major…, et c’est en plein sommeil qu’il s’est vu paralysé par la conjuration.
Ceci dit, Juin ne se fait d’illusion sur les capacité de Giraud ; il poussera, plus tard, la simplicité jusqu’à conseiller à Darlan d’entrer en rapport avec Charles de Gaulle. L’amiral, qui laissa tirer sur les Américains, se demande, dans son palais provisoire, à quel prix il arrivera à vendre ses tapis, cependant qu’il écrit à Churchill une lettre qui reste le chef-d’œuvre du double jeu. Juin accomplit alors un geste qui le révèle et le libère lui-même. Il saisit l’instant où Darlan est seul et, de sa voix brève, l’adjure de mettre fin à cette lutte fratricide. Il désigne l’ennemi, c’est-à-dire l’envahisseur de la Tunisie. Quand à demander des instructions au Maréchal, prisonnier de ces mêmes Allemands, il faudrait avoir perdu tout bon sens. L’armée francaise doit aller au combat avec les Anglo-saxons.
-Cessez le feu ! Cessez le feu !…
Il finit par se faire entendre
Plus tard, lors d’un de nos premiers entretiens, le général de Gaulle me parlera de son vieux camarade de Saint-Cyr, du major de sa promotion.
-Vous tous l’avez empêché d’agir la nuit du débarquement. Quel service vous lui avez rendu ! quel service vous nous avez rendu ! Nous aurons besoin de Juin, c’est notre grand soldat.
Bonnes lectures
Laurent |